Dave, la soul et les yéyés

Dave. © M6 interactions

Tout à fait remis d'une opération de double pontage coronarien subie au mois de juin dernier, Dave revient, le cœur neuf, décrypter la carrière des autres dans ses nouvelles fonctions à la télévision, mais surtout promener son regard d’éternel jeune homme qui revisite ses plus grands tubes dans l’original Blue-eyed soul.

Ces dernières années, Dave n’a jamais vraiment quitté la scène, à moins d’y être forcé pour raison de santé. Et depuis deux ans, on lui découvre un autre visage à la télévision : celui d’un homme à l’humour parfois acéré mais souvent drôle.

En 2009, il choisissait de reprendre, pour le programme d’Arte Nighting Eighties, Take on me de A-Ha et Sweet Dreams d’Eurythmics, dans des versions décalées, sous la direction musicale de Sarah Murcia et Albin de la Simone. Puis on l’a vu récemment animer sur la chaîne française M6 des émissions retraçant les grands succès des années 80, 90 puis 2000, en s’adressant à ses invités de manière surprenante, et participer au jury de La France a un incroyable talent.

Mais Vanina ne le quitte jamais bien longtemps. Dave reste fidèle aux chansons qui ont fait son succès, et a choisi de reprendre ses plus grands titres en version soul et rythm‘n blues, en modifiant les orchestrations, tout en restant fidèle aux rythmes que son public connaît bien.

Costume mi-smoking, mi-bleu canard, micro rétro… Claquant des doigts sur la pochette Motown (et orange moutarde), de son nouveau disque, Dave ne fait pas les choses à moitié ! De la soul par un blanc… Plus pop et tellement spécifique que les Anglo-Saxons y ont consacré une expression : Blue-eyed soul. Un titre tout trouvé donc pour cet album, et doublé d’un clin d’œil, puisque emprunté à celui d’un 33T que les Righteous Brothers ont sorti en 1965 (Some blue-eyed soul).

Couleur sixties

Et les années 1960, on est en plein dedans ! La section rythmique est mise en avant, trompettes et saxophones sonnent à tue-tête. Une évidence presque pour le chanteur, qui depuis ces dernières années est accompagné, lors de ses concerts, d’un orchestre avec des cuivres, qui donne sa place au jazz, comme avec Dansez maintenant, une adaptation de Moonlight Serenade de Glenn Miller, et à la musique soul (Trop beau).

Alors que sa maison de disque pensait à l’origine sortir un album de duos, le chanteur était plus emballé à l’idée de faire réarranger ses chansons par Guillaume Poncelet, connu pour avoir travaillé entre autres, avec Ben l’Oncle Soul et Michel Jonasz. C'est lui qui a finalement  réalisé l’album. Dave a souhaité néanmoins interpréter trois de ses titres avec d’anciens "collègues".

Premier invité, Daniel Auteuil, complice de toujours depuis leur rencontre en 1971 lors des auditions de la comédie musicale Godspell, dans laquelle ils joueront ensemble deux ans. Ici, dans Du côté de chez Swann, Dave laisse au comédien le soin de dire les couplets sur un ton nostalgique tandis que lui-même en entonne énergiquement les refrains.
 

Mais les sixties ne sont pas loin. On retrouve également les deux icones faites femmes des yéyés en France : la piquante Sylvie Vartan, pour une version franco-anglaise d’Est-ce par hasard, l’adaptation de Let’s Fall in Love (popularisé par Nat King Cole et Frank Sinatra, reprise il y a peu par Diana Krall), et la douce Françoise Hardy, dans l’apaisant Il n’y a pas de honte à être heureux qui clôt le disque.

Nostalgique, piquant et attaché à la douceur de vivre… Trois invités, trois traits de caractères qui semblent dessiner la personnalité du chanteur. Il y a des disques où le hasard n’a peut-être pas sa place.
 

Dave, Blue-eyed Soul (M6 Interactions) 2011
En concert du 16 au 19 février 2012 au Théâtre de la Tête d’Or à Lyon.