Printemps de Bourges, entre têtes d'affiche et découvertes

Printemps de Bourges, entre têtes d'affiche et découvertes
La Seconde Méthode - Printemps de Bourges 2012 © J.Perriault

Pour sa 36e édition, le Printemps de Bourges aura eu droit à la pluie et à un entre-deux tours des élections présidentielles qui a laissé quelques traces sur la fréquentation. Le festival qui donne le ton pour l’été des festivals réussit malgré tout son pari : mélanger têtes d’affiches francophones, véritables découvertes et spectacles intimistes et exigeants.

L’après-midi court vers la nuit et en ce samedi de pluie, la Grande Sophie tape sur ses cuisses et dans ses mains. La grande fille n’en est pas à son premier Printemps puisqu’elle a commencé ici "dans le off, avec Louise Attaque" mais samedi, pour la dernière soirée du 36e Printemps de Bourges qui s’est achevé dimanche 29 avril dans la journée, c’est dans l’auditorium, une petite salle où l’on doit s’asseoir par terre, qu’elle reprend Du courage. La chanson complètement retravaillée autour de cette percussion artisanale illustre bien le virage pris par la chanteuse qui, avec son dernier disque La place du fantôme, ose enfin montrer sa part d’ombre. Elle en dit long aussi sur tout un pan de ce Printemps.

Un hommage à la chanteuse Lhasa orchestré durant trois soirs par les Canadiens de Barr Brothers (l’une des révélations internationales de cette édition) et Arthur H, Dominique A jouant son premier album La Fossette en milieu d’après-midi dans le salon d’honneur dans l’ancienne mairie, Barbara Carlotti, émue, qui réserve le premier concert de sa nouvelle tournée à l’Auditorium samedi…

A l’ombre de la grande scène du Phénix et des découvertes, le festival a confirmé son "évolution" vers d’autres formats qui laissent toute leur place à l’intime. "Le 22 est notre laboratoire", a insisté Daniel Colling, le directeur du Printemps de Bourges en conclusion de cette 36e édition. La salle qui accueille les découvertes est plus que jamais l’endroit où tout se fait en coulisses. Côté public, c’est toujours sous le grand chapiteau du Phénix, plein pour la soirée électro rock de samedi soir - 11 000 personnes- que tout s’est joué.

La fréquentation baisse, la sérénité reste

Le Printemps de Bourges glisse doucement vers ses quarante ans d’existence et avec une fréquentation globale estimée à 170.000 personnes (contre 245.000 l’an dernier) toutes scènes comprises, il affiche désormais une force tranquille. "On s’attendait à cette baisse de fréquentation, a expliqué Daniel Colling. La pluie, la crise et le contexte politique actuel expliquent cette baisse. Le remplissage des salles est passé de plus de 100% l’an dernier à 90 % cette année."

La visite du candidat socialiste à l’élection présidentielle François Hollande au groupe Zebda vendredi après-midi entre les deux tours de l’élection présidentielle aura été le prélude à l’un des beaux moments de ce festival, quand le groupe de Toulouse de retour sur la route des festivals a mis le Phénix sur les genoux dans une soirée "reggae" pourtant loin de recueillir tous les suffrages.

Question image, on retiendra celle du groupe Nantais Von Pariahs, qui a remporté le premier Prix des découvertes de l’histoire du Printemps de Bourges. Les six garçons de Nantes, compacts autour d’un chanteur à la voix proche de celle d’un Ian Curtis (Joy Division) ont ranimé dans une demi-heure implacable le temps du punk new-yorkais et la cold wave. Les bêtes de scène Shaka Ponk et les monstrueux Dionysos dans leur programme commun ou encore, le rappeur Orelsan ont eux confirmé leur bonne forme.
Le changement, c’est maintenant ? Les claviers en clair/obscur, les machines et la vidéo ont en tout cas marqué ce 36e Printemps. Samedi soir, même la Grande Sophie s’y était mise. Dans un concert à la bonne distance entre l’introspection et la dérision, elle a su faire oublier la pluie et elle a donné une bonne définition du Printemps : pointu mais toujours populaire.