Benjamin Schoos, poids lourd de la scène belge

Benjamin Schoos, poids lourd de la scène belge
© P. Schyns - Sofam

Mieux connu sous le nom de Miam Monster Miam, l’hyperactif producteur belge Benjamin Schoos livre aujourd’hui sa première œuvre en solo, China Girl vs China Man. Un album de pop synthétique et orchestrale centré autour d’une improbable histoire d’amour, et de catch, dans une veine très gainsbourienne. Retour sur la nouvelle fantaisie du patron de Freaksville.

Tour à tour artiste pop protéiforme dès la fin des années 90, chroniqueur radio et télé à la RTBF, producteur sur son label Freaksville ou, plus récemment, partenaire de Lio et Jacques Duvall au sein du groupe Phantom, Benjamin Schoos, alias Miam Monster Miam, a l’une des trajectoires les plus originales et marquantes de la scène belge.

Le parcours de ce musicien excentrique, et quasi inconnu du public français, a démarré comme beaucoup en 1997, dans le sillage du groupe anversois dEUS. "Lorsqu’ils ont débarqué, tout s’est mis à bouger en Belgique. Je me suis mis, comme d’autres, à monter mon propre groupe et à faire du rock belge, en anglais." Sous l’étiquette Miam Monster Miam, le natif de Liège signe ensuite une dizaine d’albums, dont l’étonnant Cum at the liquid Fancy Fair, sorte de réponse européenne au génial Beck, tout en produisant quantité d’artistes (Juan d’Outremont, Lio, Marie France…) pour son label Freaksville, qu’il fonde en 2006.
 
Amour et catch
 
Une suractivité qui le conduit à composer, seul et enfin sous son véritable patronyme, China Girl vs China Man. "Ce disque, j’ai mis un an à le réaliser dans mon studio, replié sur moi-même. Je produisais beaucoup pour d’autres la journée. Le soir était le seul moment où je pouvais travailler dans le calme. J’apprenais le piano et je composais en même temps, en tâtonnant. La couleur très atmosphérique de l’album s’est décidée, comme cela, un peu par hasard."
 
C’est grâce à son partenaire et parolier fétiche, Jacques Duvall, que le catch devient contre toute attente le thème fondateur de l’album. "Le déclic est venu en allant voir un combat de lucha libre avec Jacques ! J’ai besoin d’être un peu excité par une idée, un concept pour démarrer un nouveau projet musical. Là, on pouvait tout mélanger l’amour, le combat, la sueur, les relations sentimentales…"
 
Le duo envisage un temps une musique de combat, puis se rétracte : l’ambiance moite et suave des claviers suffira, par goût et par dérision, à accompagner l’histoire de ce China Man, catcheur anti-héro épris de sa concurrente, la redoutable China Girl. Ultime pied de nez, la conclusion de cette histoire est révélée... en Italien ! "À la fin, l’homme meurt trucidé par la Chinoise. Pourquoi le dire en Italien ? Parce qu’il y a beaucoup d’immigrés italiens dans la ville d’où je viens, entre Bruxelles et Liège. C’était un hommage."
 
L’entente entre le compositeur et l’auteur belge, plume réputée pour de très nombreux artistes comme Lio (Banana Split) ou Alain Chamfort, est l’un des points forts du disque. Humour et bons mots ludiques ("Profession catcheur/J’ai pas vraiment le physique de l’emploi/Poids Weight Watcher") s’échangent ici avec légèreté, sans alourdir le fil mélodique. "Avec Jacques, nous sommes un vrai binôme musical. Il a une vraie écriture pop, à l’anglo-saxonne. Une qualité assez sous-exploitée en France."
 
Des featurings de choix
 
La référence à Serge Gainsbourg et ses deux albums narratifs des 70’s, L’Histoire de Melody Nelson et L’Homme à tête de chou, semble évidente. Pour Benjamin Schoos, les vraies sources d’inspiration se trouvent pourtant ailleurs. "Je citerais plus volontiers Paolo Conte, Jarre ou Moroder aussi pour les plages instrumentales. Plus récemment, Baxter Dury ou Alister m’ont assez marqué."
 
Œuvre solitaire, China Man vs China Girl vaut aussi pour ses nombreux et étonnants featurings, dont l’ex-Ride Mark Gardener, Laetitia Sadier de Stereolab, et les deux icônes pop Chrissie Hynde (The Pretenders) et Marie France (déjà présente sur l’album de Phantom), en duo sur le bonus track Un garçon qui pleure. "Marie France, c’est une vieille connaissance. Elle est pour moi la quintessence du rock français, avec ce côté cabaret décadent période Palace. Étonnant qu’elle ne soit pas plus mise en avant. Quant à Chrissie Hynde, elle était venue en studio, pendant une session avec Marie France. C’est une vraie francophile…"
 
Jamais à court de nouveaux projets, Benjamin Schoos a déjà repris ses habits de producteur dans la foulée de cet album. L’artiste s’appelle Mademoiselle Nineteen, chanteuse de 17 ans dont l’album devrait voir le voir en juin prochain. L’aventure Freaksville continue…
 
Benjamin Schoos, China Man vs China Girl (Freaksville) 2012
Bientôt en tournée en France et en Europe