Nemir, nouvelle génération de rappeur

Nemir, nouvelle génération de rappeur
Nemir © B. Brun

Ce rappeur venu du sud de la France creuse un sillon inspiré par le son de la East Coast des États-Unis. Repéré voici quelques temps sur la scène rap, Nemir a gagné le chemin des grands festivals français en s’inscrivant dans cette nouvelle génération qui connaît ses classiques et manie les références sans trop de pose.

Ce jour-là, il fait une chaleur pas possible, mais Nemir a gardé son bonnet dans lequel il glisse toujours une cigarette. A l’ombre de la terrasse du Casino de La Rochelle, le petit rappeur originaire du sud de la France - pas beaucoup plus d’un mètre soixante sous la toise - fait le spectacle, sautant dans les bras de vieilles connaissances, "checkant" les journalistes comme il le ferait avec les gens de son quartier. "Je m’appelle Nemir, Perpignanais, passionné de musique, rappeur, moyen chanteur, et en tournée ce soir...voilà", dit-il pour se présenter. Les mots résonnent déjà comme une punchline.

Sur scène comme en dehors, Nemir est un garçon sans chichis qui parle fort et jure à tout va qu’il doit faire ceci et cela. Hamé, l’un des membres de La Rumeur, qui l’a vu pousser depuis l’adolescence, observe : "Il a une bonne énergie. Maintenant, il doit prendre le temps de poser chaque album patiemment, parce que c’est ce qu’on demande. Dans le rap, les déclarations d’intentions et les professions de foi comptent peu." Suivant les conseils de son aîné, originaire comme lui de la ville de Perpignan, Nemir a déjà creusé son propre sillon.

Le disque de dix titres (un long EP) qu’il a sorti en fin d’année dernière s’appelle Ailleurs et ce titre situe déjà le jeune rappeur inspiré par toute la scène new-yorkaise et le son de la East Coast. "Mes premières influences, c’est Michael Jackson, Stevie Wonder, précise-t-il. Chez moi, on écoutait de la musique orientale, des choses très rythmées. Et puis dans mon quartier, dans la rue, c’était le rap. Tous ces croisements auxquels il faut ajouter la curiosité personnelle donnent un grand melting pot musical."

Le rap qui enfonce le micro dans les plaies ou celui qui clashe à tout va, n’est pas pour lui. Nemir décrit les jeunes qui passent le temps comme ils peuvent et font du son ; il fait dans l’egotrip, mais ne verse pas dans la démesure verbale. Le nouveau "sheriff" du rap français possède un flow bien à lui, jamais aussi à l’aise que lorsqu’il tend vers le ragga. Il peut donner une grosse claque en pleine figure, mais se révèle mieux sur des instrumentaux jazzy ou carrément soul.  

Bien entouré, Nemir est intarissable sur ses copains comme Alpha Wann du groupe 1995, venu poser quelques phrases sur Wake up. Plus près de la trentaine que de ses vingt ans, le grand gamin se rapproche néanmoins de cette nouvelle scène qui connaît parfaitement ses classiques et peuple son rap de ces références. "Je ne me considère pas comme un chroniqueur, je suis avant tout un passionné de musique et je ne fais qu’exprimer cette passion" appuie-t-il.

A La Rochelle, dans les lumières blanches et bleues de la petite salle du Casino, Nemir avait chaussé ses baskets de sept lieues. Avec son acolyte Gros Mo et son DJ, ils ont bien chauffé la salle, bras en l’air. Aux Francofolies, où le rap donnait lieu, au temps des pionniers, à des concerts "animals" où la violence physique affleurait sous les mots, le style est définitivement entré dans le giron de la chanson. Hédoniste, cool, Nemir peut désormais dire sans haine que "le plus dur, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage"

 
Nemir Ailleurs (Next Level) 2012
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