Joe Kyzi, l'éveil des consciences
L’artiste congolais Joe Kyzi doit sortir en ce mois d'août son troisième album, Fire, pour faire bouger et éveiller les consciences. Sur des sonorités brassant r'n'b, salsa et rumba, il prône la persévérance, la patience, le courage… Découverte.
Persévérance, patience, courage. Trois valeurs que célèbre le nouvel album de Joe Kyzi, intitulé Fire (feu, en anglais), et dont la sortie est prévue en août en République démocratique du Congo (RDC). Ses inspirations ? Le r'n'b, la musique congolaise, ainsi que des sonorités venues de Zambie, de Tanzanie ou d’Afrique du Sud. Un mélange qu’il a déjà fait découvrir au Zimbabwe, au Gabon, en Zambie, en Tanzanie et en Belgique avec ses précédents disques.
Il y a des gens qu’on met sur nos chemins pour que nous puissions arriver à atteindre certains de nos objectifs, ou à réaliser nos rêves. J’ai croisé le chemin de Papa Wemba, j’ai croisé le chemin de Mbilia Bel, j’ai croisé le chemin de Jean Goubald. Papa Wemba, la chanson que j'ai chantée avec lui, m’a propulsé sur le plan national, et peut-être quelques pays autour du Congo.
Je chante beaucoup la femme. Dans mon premier album, avec Mbilia Bel, il y a le titre La valeur d’une femme, le deuxième album porte le titre Parfums de femmes. Dans notre culture africaine, les femmes sont beaucoup, beaucoup méprisées. On a tendance à ne pas leur donner les mêmes droits que les hommes, alors qu’elles sont humaines, comme nous tous. Déjà à l’époque en 2007, quand j’ai chanté la chanson La Valeur d’une femme, j’ai été primé par le concours de la Monuc (Mission de l’ONU en RDC). Il y a même une loi sur la parité qui a été votée cette année-là, qui a donné certains droits aux femmes, aussi. C’est bien pour nous quand on voit qu'aujourd’hui, il y a des femmes docteurs, des femmes journalistes, des femmes avocates… parce qu’en Afrique, on a beaucoup plus tendance à amener les garçons à l’école, et les femmes, les filles restent à la maison pour le ménage … Moi, je dis que la valeur d’une femme n’est pas seulement le ménage, pas seulement le mariage : elle peut aussi apporter une bonne contribution pour le développement d’une société ou d’un pays.
Dans La valeur d’une femme, il y a des paragraphes qui en parlent. Le viol des femmes dans l’histoire de l’Afrique, ça n’a pas commencé seulement à l’Est, ça se fait aussi en dehors de la guerre : il y a des femmes qui sont violées sur la route, il y en a qui sont peut-être même violées dans leur foyer… C’est un cri d’alarme qu’on lance à la communauté internationale, ou à toutes les personnes qui peuvent faire quelque chose. La réalité est que nos femmes sont vraiment violées, et à cause de ces viols, il y a des enfants qui restent comme ça, qui ne connaissent même pas leur père. Il y a aussi le risque des contaminations de maladies.
Militant, peut-être pas. Mais j’apporte toujours aussi ma contribution en ce qui concerne certaines réalités du pays, surtout dans des chansons d’ensemble avec plusieurs artistes. Moi, je suis un lover, je suis un romantique, je suis dans le social, dans les réalités de ce qui se passe dans nos vies chaque jour. Sur place, quand on est au pays, c’est parfois difficile de dénoncer certaines choses. Ceux qui peuvent le faire sont peut-être beaucoup plus les artistes militants résidant à l’étranger.