Printemps de Bourges, l’esprit rock

Printemps de Bourges, l’esprit rock
B.Cantat/Detroit au Printemps de Bourges 2014 © V.Passelègue

La 38ème édition du Printemps de Bourges a débuté mardi 21 avril. Comme d’habitude, cette manifestation lance la saison des festivals en France, en affichant toujours une programmation éclectique essentiellement francophone, mais pas seulement. Ce jeudi 24 avril, la plus grande salle, le W, donnait à entendre et voir la crème du rock européen, des Belges de Girls in Hawaï à Detroit en passant par Fauve et les Britanniques de Metronomy.

Ce n’est pas encore l’affluence des fins de journée que déjà, la ville de Bourges se prépare : les commerçants déploient leurs stands proches du site du festival, quelques fournisseurs amènent les ravitaillements des différents restaurants, bistrots et cantines et les colleurs d’affiches s’en donnent à cœur joie pour annoncer le moindre disque qui va sortir dans l’Hexagone ou le moindre concert qui aura lieu ici et là.

Alors que le Belge Stromae a donné le concert inaugural (et magistral) du festival, le mardi 22 sous le chapiteau du W, son portrait se retrouve à l’horizontale sur une fresque murale peinte par les artistes Sismik et Azot et inaugurée par Daniel Colling, le directeur du festival, quelques jours avant. Finalement, les artistes quels qu’ils soient se retrouvent tous d’une manière ou d’une autre à l’affiche de ce festival qui cultive avec bonheur, l’éclectisme de programmation.

Si d’aucuns disent que Stromae a enflammé le W, la fièvre n’était pas loin lors de la soirée rock donnée dans cette même salle le jeudi 24. Les Belges de Girls in Hawaï ont débuté le concert en produisant un rock aérien, en partance pour le sommet de l’Everest, du nom de leur troisième album paru en 2013.

Mais la sensation de la soirée était bien évidemment, le quintette parisien, Fauve. Commençant le set par ces mots « Nous sommes de ceux qu’on ne remarque pas / Des fantômes des transparents des moyens… », les cinq jeunes gens ne pouvaient convaincre sur ce thème : le public fervent et aussi jeune qu’eux, n’avait de cesse de leur rappeler leur nouveau statut de phénomène musical du moment.

Des vidéos omniprésentes, une mise en scène visuelle qui ne laisse voir leur visage qu’à de rares exceptions et des plongées dans le noir total de la scène révèlent des ombres agitées et bondissantes. Les textes sont empreints d’une certaine rage et malgré leur air de gentils garçons, les membres de Fauve communiquent avec sincérité une certaine fièvre qui les cheville au corps.

Qu’en est-il alors des rockers ayant à priori, dépassé l’âge de la rébellion et de la rage ? C’est un peu la question que l’on pourrait se poser en voyant Detroit, le groupe emmené par Bertrand Cantat, si son histoire personnelle ne venait inévitablement interférer dans la problématique artistique et par conséquent, rendre difficile une réflexion impartiale.

C’est avec quatre autres musiciens dont Pascal Humbert, avec qui l’ex-leader de Noir Désir a écrit Horizons (le disque sorti en 2013), que Bertrand Cantat tente de renouer avec la fièvre du rock. Mais si les riffs de guitare de Tostaky, incursion dans un répertoire passé, rappellent indubitablement quelques souvenirs intenses au public (et manque alors, la présence du guitariste Serge Teyssot-Gay), c’est sur des chemins de traverse que semble se révéler le nouveau Cantat : le passage acoustique, basse et guitare sèche pour Droit dans le soleil ou le trip hop légèrement hypnotique du titre La Majesté interprété avec Sam, la chanteuse féline de Shaka Ponk. Detroit qui démarre une tournée importante, sera à Paris du 1er au 6 juin à la Cigale pour une série de concerts que l’on annonce déjà complets.


3 questions à Fauve
Avec Fauve, impossible de savoir quel sont les prénoms et encore moins les noms de nos interlocuteurs, tant leur désir de mettre en avant le projet collectif est fort. A peine peut-on savoir qu’il s’agit du chanteur et du bassiste du groupe, venus répondre à quelques questions, avant le concert du soir où aucun photographe n’est habilité à prendre des clichés du groupe sur scène.

Vous étiez programmé l’année dernière sur la scène des découvertes du Printemps (Les Inouïs), cette année vous vous produisez avec Girls in Hawaï, Detroit et Metronomy…On peut noter un certain changement de statut, qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est de l’émerveillement, de la stupéfaction ! beaucoup d’adrénaline, de fatigue et de stress…et un peu de terreur aussi ! La taille de la salle est impressionnante : le nombre de gens qui vont nous voir... C’est aussi le fait de jouer avec des types qui pour nous, sont loin devant côté professionnalisme, qui sont bien plus rodés et meilleurs que nous. Le plus petit groupe de la soirée c’est Girls in Hawaï et pour nous, c’est énorme !

Depuis un an, vous rencontrez un certain succès…
Maintenant, on a un tour bus beaucoup plus classe ! Enfin… maintenant on a un tour bus tout court ! (rires) Il ne faut pas sous-estimer le côté fulgurant, inattendu, non calculé, vertigineux de la chose. Ce n’est pas normal ! Rien de nos vies d’avant ne nous a préparés à ça. Les manifestations concrètes de cette notoriété, c’est par exemple, la taille des salles dans lesquelles on joue maintenant. On est contents d’avoir du succès mais ce qui nous importe, c’est de faire des trucs qui nous plaisent.
Quand on a commencé, on avait tellement besoin de mener à bien ce projet, qu’il fallait que ça se fasse. C’était viscéral. Quand on se projetait, on se demandait comment cela allait être accueilli par nos proches seulement. Nous ne pensions pas à des inconnus, mais à nos parents, nos potes. On se disait même que cela allait mettre tout le monde mal à l’aise mais tant pis, il fallait le faire. On avait besoin de dire en musique, en images, des choses qu’on ne pouvait dire réellement. C’est pour ça que ce succès est assez surréaliste pour nous.

On sent une certaine sincérité dans vos propos…
Nous avons l’impression que c’est la seule voie possible, le seul chemin. On n’est pas là pour faire carrière. Si ça doit s’arrêter, ça s’arrêtera.

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