The Dø ou les chemins de l'électro-pop

The Dø ou les chemins de l'électro-pop
The Dø © A. Moitié

Comme il semble loin le temps où The Dø portait le poids d'un tube sur ses épaules. Dansant, épique et percussif, Shake Shook Shaken, leur troisième album, explore les contrées de l'électronique, permettant au duo de gagner encore en intensité. Olivia Merilahti et Dan Levy nous racontent leur meilleur disque, ni plus, ni moins.

RFI Musique : Plus ça va, plus vous laissez une grande place à l'électronique. Sur cet album, il y a beaucoup de claviers, de machines, mais très peu de guitares...
Olivia Merilahti : À chaque disque, on aime bien faire table rase du passé et cette fois-ci, on est parti à la découverte de nouvelles sonorités dont ne savait pas trop quoi faire auparavant. Ça fait longtemps que des groupes utilisent l'électronique, mais pas nous : ce disque a été entièrement fait sur ordinateur. On a dû apprendre à se servir des plug-in instruments, de certaines machines, tout un nouveau langage.

 
Les chansons de Shake, Shook, Shaken ont vu le jour à la campagne (dans le studio de The Dø, un ancien château d'eau du XVIIIe siècle) et elles ont été peu travaillées, je crois.
Dan Levy : Oui et non ! On a simplement essayé d'avoir une autre méthode de travail, c'est-à-dire d'aller droit au but. Nous avons voulu que les chansons nous amènent d'elles-mêmes vers les arrangements. Il fallait arriver à un résultat satisfaisant le premier jour de travail, et qu'à 17 heures, on ait des chansons qui tiennent debout sans faire cinquante essais différents.
 
À quel moment sont venues les paroles ?
OM :
À la fin d'une tournée, j'ai beaucoup de textes parsemés dans des carnets, de choses que je mets sur mon iphone. J'écris beaucoup sur la route, j'ai énormément de matière. Après, la musique vient assez facilement. Mais pour les mots, il y a une maturation, une sédimentation. Les premiers textes arrivent donc avant la musique et plus l’album avance, plus je prends du retard, et plus Dan s’impatiente.
DL :
Mais je ne m’impatiente pas, je travaille !
OM : Oui, on avance en parallèle, chacun dans notre studio, on échange, et tout ça se mélange. Sur ce disque, c'est la première fois que j'accepte de faire des boucles de texte. C'est comme des mantras, avec des questions qui reviennent sans cesse. J’ai beaucoup utilisé un langage très courant. Mes textes parlent souvent de thématiques bibliques : la culpabilité, le courage, le sacrifice et des grandes questions philosophiques qui me tiennent à corps, enfin, à cœur.
 
Tiennent à cœur/ tiennent à corps, c'est un joli lapsus. La musique a-t-elle quelque chose de physique chez vous ? Est-ce qu’elle relève d'une impulsion ?
OM :
Plus j’avance, plus je m’aperçois que ce n'est que ça ! Je suis obsédée par la "physicalité" de la musique. Quand on a commencé avec Dan, on composait pour des spectacles de danse contemporaine, le corps est extrêmement inspirant. D’ailleurs, j’en parle tout le temps dans mes textes : les lèvres, des mains, les pieds... C’est fou de voir à quel point un cœur brisé peut, par exemple, tordre un corps de douleur, le plier en deux, provoquer des nausées et le faire vibrer différemment. On vient juste de faire deux concerts avant la sortie de l’album, les gens ne connaissaient pas les chansons, mais ils bougeaient d’avant en arrière. Je suis fière de cela, car on peut aller facilement vers cette transe même si on ne recherche pas forcément ce côté hypnotique.
 

Y avait-il cette volonté de faire quelque chose de très dansant sur
Shake, Shook, Shaken ?   Chacune des chansons est potentiellement un tube !
DL : C'est vous qui le dîtes, pas nous... (rires) On n'avait pas forcément envie de faire quelque chose de dansant. Mais oui, on voulait une musique qui fasse bouger la tête.
OM : Il y avait une volonté de mouvement, ce qui rejoint le titre Shake, shook, shaken mais ce n'était pas une priorité ou une direction. Nous, en tout cas, quand on a fini un morceau et qu'on danse à la fin, c'est déjà une belle récompense, on garde la chanson. Cela dit, faire danser, d'autres musiciens le font très bien et on n'a pas cette prétention-là. Il y a juste un balancement qu'on voulait garder du début à la fin des morceaux. 
 
Vous apparaissez menottés sur la pochette. Être un duo, ça vous attache l'un à l'autre ?
OM :
C’est une métaphore, évidemment. Le duo, le couple, c’est pour le meilleur et pour le pire, il y a des moments où on va être super contents de se retrouver et d’autres, au contraire, où ça va être plus difficile. On est deux personnes qui se connaissent trop bien et qui font de la musique, ce lien est irremplaçable.
DL : On a toujours eu envie de nous mettre ensemble, mais nous ne sommes pas un couple. Nous sommes juste un garçon et une fille qui font de la musique ensemble, c'est tout.
 
Le succès est arrivé avant même votre premier disque grâce au titre On my shoulders. Est-ce que le succès vous a obligé à un renouvellement permanent ?
OM :
Non, pas vraiment. Ce succès nous a simplement permis de prendre plus le temps de faire les choses.
DL : Et puis, jene sais pas si on a vécu ce succès comme les gens le pensaient. À cette époque, notre album n'était pas spécialement taillé pour passer sur les ondes, nous n'étions pas non plus placés dans un schéma de tube.
OM : En tout cas, maintenant, les gens ne s’attendent pas à ce qu’ils vont voir. Ils savent qu’avec The Dø, ils seront toujours surpris...
DL  : … ce qui estnotre plus grande réussite musicale.
OM : Bon, ça reste quand même de la pop, ce n'est pas de la musique savante. Au départ, The Dø était un projet de studio, ce n’était pas du tout un groupe pensé pour faire des concerts et aujourd’hui encore, ces explorations en studio nous permettent de rester libres.
 
The Dø Shake, Shook, Shaken (Cinq 7/ Wagram) 2014
Site officiel de The
Dø
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