Johann Berby, ouvert sur le monde

Johann Berby, ouvert sur le monde
Johann Berby © Tofudesigns

Avant de signer un premier album sous son nom, Johann Berby a collaboré avec de nombreux musiciens, dont Trilok Gurtu, Oumou Sangaré, Marcus Miller ou Vincent Segal… Comme un prolongement naturel à ces années d’apprentissage, il livre Métisse Maloya, un opus fraternel aux frontières estompées et au son soigné.

Métisse Maloya s’ouvre sur un fou rire, franc et massif, un fou rire qui s’offre en partage. A l’évocation de cette plage introductive, Johann, natif de la Réunion, aux origines indiennes, malgaches et mozambicaines sourit encore, reprenant à son compte le célèbre adage : faire les choses sérieusement sans jamais se prendre au sérieux.

Johann n’a que quelques mois, quand avec sa famille, il quitte la Réunion, direction Maubeuge. Nouvel éclat de rire quand le musicien et chanteur évoque sa vie chez les Ch’tis : "Je sais très bien faire l’accent" dit-il joignant la parole à la parole. Dans "le ch’nord", il conserve une attache avec son île en dansant au sein d’une association déclarée en préfecture sous le nom de Métis’Maloya. "C’est un pléonasme qui me va bien, un pléonasme que j’ai gardé en français comme un clin d’œil en guise de titre à mon album."
 
Majoritairement chanté en créole, Métisse Maloya est à l’image de la vie de ce musicien qui a démarré la basse adolescent, au sein d’un groupe de metal. Plus tard, il intègre un double cursus (musiques classique et actuelles), rejoint même un collectif de musiciens en devenir, encadré par le violoncelliste Vincent Segal.
 
Viendront ensuite les années parisiennes. Le jeune bassiste fréquente alors les clubs de jazz de la capitale et rencontre quelques-uns des noms qui le font rêver (Mokhtar Samba, Paco Sery …).
 
Son goût du voyage et sa curiosité l’entrainent en Afrique, puis en Inde. C’est là dans ce pays continent qu’il rencontre Florence Comment, une musicienne française avec qui il travaille, avant d’accompagner plusieurs années durant Trilok Gurtu, un tabliste à la renommée mondiale. "En France, tu as de très bons batteurs, mais aucun ne joue des rythmes complexes comme lui. De plus, il est très exigeant sur la qualité du son de ton instrument. J’ai beaucoup appris à son contact."
 
Un héritage involontaire
 
"Comme moi, ma musique est bâtarde" assène-t-il. "Bien sûr, le maloya (la musique qui parle aux ancêtres à la Réunion – N.D.R) est une des composantes de ma musique, j’en ai hérité presque involontairement" précise celui qui n’a pas remis les pieds sur ce bout de terre française en plein océan Indien. "Ma musique se nourrit avant tout, de toutes mes rencontres, des musiques indiennes, du funk, du jazz. Je compose tout. Même les solos sont écrits."
 
Pour ce qui est des textes, Johann Berby a fait appel Bastien Picot. "Il parle le créole réunionnais bien mieux que moi. Je lui fais écouter la mélodie, lui parle du thème de la chanson et les mots glissent de sa bouche à sa plume. "
 
Délicieusement arrangées, ces musiques savent créer le trouble, l’émoi, se placer dans l’interstice qui à côté de chaque note, de chaque souffle, laisse la part belle à l’interprétation. Il y a du Bobby McFerrin et du Caetano Veloso chez ce bassiste ouvert au monde.
 
 
Johann Berby Métisse Maloya (Veevcom/Musicast) 2014.
Page Facebook de Johann Berby      

A écouter : rencontre avec Johann Berby dans La Bande Passante (01/09/2014)