Le reggae psychanalytique de Païaka
Païaka
© DR
Nouveau venu sur la planète reggae, le groupe français Païaka se laisse découvrir à travers un premier album dont le titre résume l'état d'esprit défendu par ces huit musiciens généreux : Alive Anyway, vivant, quoi qu'il en soit.
Ce 6 février, Bob Marley aurait eu 70 ans. Désormais, c'est donc la génération de ses petits-enfants qui reprend le flambeau, avec ce que cela implique comme distance prise par rapport aux principes de base de ce style, tant sur la forme que sur le fond. L'évolution n'est en rien nouvelle, mais, le temps passant, le phénomène s'accentue.
Le positionnement choisi par Païaka est assumé, revendiqué, pour son premier album qui fait la somme de ce que le groupe français a appris au cours de ses cinq années d’existence, après un premier mini-album en 2012 qu’ils voient aujourd’hui plus comme "un essai qu’un aboutissement". Parmi les artistes reggae qui comptent pour eux, le chanteur Martin, cadet de la formation avec ses 25 ans, cite Clinton Fearon, l’ancien bassiste des Gladiators, mais aussi le Germano-Indonésien Sebastian Sturm ou encore les Américains iconoclastes de Groundation.
L’influence de ces derniers s’entend rapidement, dans la voix dès Like a Candle en ouverture du CD, et dans la musique sur Tomorrow People qui lui succède. "On peut très bien faire un reggae qui tape sur tous les temps et fait bouger la tête, comme un reggae plus lent qui fait bouger les hanches. Pour moi, c'est une base à laquelle on peut ajouter d'autres éléments en allant dans plein d'univers différents : dans le jazz, dans l'acoustique...", explique Martin.
Le décalage avec la matrice jamaïcaine passe aussi par le contenu : tout en conservant l’attitude "rebelle" de cette musique, Païaka rejette les "solutions préfabriquées" qu’ils ont l’impression d’entendre çà et là, et préfèrent "pousser les gens à se poser des questions pour qu’ils trouvent eux-mêmes les réponses". En anglais, et non en français, car la bande de Clermontois reconnait avoir en général peu écouté ses compatriotes qui s'expriment dans la langue de Molière.
Et sans référence au "dogme rasta" car "la dimension spirituelle du reggae" n’est pas la leur, ajoutent-ils. Les puristes crieront au blasphème quand d'autres verront dans cette diversité d’approches une source d'enrichissement qui solidifie un peu plus l'œuvre des premiers représentants jamaïcains.
Par : Bertrand Lavaine
Sur le même sujet