Fancy, le retour d'un groupe à facettes

Cultivant les références à toute cette période mais aussi au "glam", ce rock maquillé jouant à fond sur l'ambigüité sexuelle, Fancy est depuis son apparition voici dix ans, une curiosité dans le paysage rock français. Mélange de rock et de disco, sa musique barrée évoque plutôt les rock stars à paillettes anglo-saxonnes – de David Bowie jusqu'à Kiss - qu'un rock hexagonal n'ayant finalement jamais beaucoup aimé les outrances visuelles.

 

 

Avec sa coupe afro, ses tenues moulantes à rayures et sa voix haut perchée, le chanteur Jessie Chaton pourrait donc facilement passer pour un rigolo. Sauf que ce garçon extravagant est un musicien tout ce qu'il y a de plus sérieux, qui a coécrit le tube électro D.A.N.C.E. de Justice et tissé en coulisses des liens solides avec une famille musicale passant notamment par le clavier de General Elektriks et les musiciens de -M-.

 

Très accompagné sur disque et en live, où il est parfois rejoint par la chanteuse d'AS Dragon, Natacha Lejeune, et les membres du groupe électro-pop Gush, Fancy a quelque peu changé de visage. Gravitant toujours autour de son leader, il a perdu son guitariste et s'est recomposé à quatre. En huit années durant lesquelles il aura perdu sa maison de disque et publié deux EP, Fancy a travaillé à l'élaboration d'un nouveau son : moins brut de décoffrage que par le passé, il est devenu plus disco.

 

L'album Fancy Machine et sa bonne trentaine de minutes est donc une nouvelle vision de ce groupe qui parle, en anglais dans le texte, de sexe, de rock'n'roll et de rêves de célébrité. Les claviers et les chœurs très série B donnent une touche kitsch, la guitare passe de sons saturés à des rythmiques claires et syncopées et la basse "slappée" renvoie au funk déclinant. Dans ses meilleurs moments, Fancy rappelle les Sparks et invite au déhanché, dans d'autres, moins réussis, il en fait clairement trop.

 

Mais n'est-ce pas le propos de ce groupe que d'être toujours à la limite du mauvais goût ? Ou de sauter à pieds joints dedans ? On mentionnera ici les bruitages qui font de cette machine fantaisie un bon pendant sonore aux films américains qui ont accompagné une enfance dans la France de François Mitterrand.