Daby Touré, seul et multiple
Par petites touches, comme un peintre, Daby Touré sait déplacer le curseur pour que ses chansons ne soient pas seulement considérées à travers le prisme de ses racines africaines. Celui qui a fait ses débuts sous son nom en 2004, sous le patronage de Peter Gabriel, sort son cinquième album, Amonafi.
Il est assez tentant, alors que Woyoyoye vient de nous prendre par la main pour nous entrainer dans les paysages de ce nouvel album, d'établir un lien de cousinage entre le quadragénaire Daby Touré et son aîné Habib Koite. Pas seulement parce que leurs albums respectifs sont portés par le même label américain, Cumbancha, qui défend la world music lorsqu'elle a passé le seuil du traditionnel. Pas seulement non plus parce que tous deux ont une façon de communiquer et une forme d'énergie –- appelons ça du charisme – qui ont raison de tous les publics et leur ont permis, avec une discrétion presqu'inexplicable, de mener des carrières internationales largement sous-évaluées. Ni parce que ces artistes du continent africain, né en Mauritanie pour l'un et au Sénégal pour l'autre, mais originaires de la même région du Mali, se sont illustrés par leur propension à élargir le périmètre de leur musique par toutes sortes de projets, bien que le plus jeune se soit davantage aventuré en terrain afropop (un héritage de Touré Kunda, dont son père fut membre ?).