Jabberwocky, de l’autre côté du miroir

Jabberwocky, de l’autre côté du miroir
Jabberwocky © Ojoz

En 2013, trois étudiants en médecine, Camille, Manu et Simon créaient l’événement avec la sortie, sur le net, de Photomaton, leur première création : un tube imparable. Jabberwocky était né. Inspiré par les aspects fantastiques et ubuesques de Lewis Carroll, empreint d’un univers nocturne et groovy, le trio a, depuis, mis entre parenthèses, les bancs de l’université, pour se consacrer aux nombreuses étapes de leur fulgurante success-story. Rencontre, à l’occasion de la sortie de leur premier disque, Lunar Lane, ce chemin vers la lune…

Depuis deux ans, ses boucles lancinantes à haute teneur en groove, son chant sensuel porté par la voix d’Élodie Wildstars, son refrain redoutablement efficace, squattent ondes radio et réseaux sociaux, et glissent sur les images d’une pub pour voiture : tel un virus imparable, inoculé via le web, le tube Photomaton, instantané de notes en couleurs vives, images mouvantes d’une époque, se propage, addictif. 

Derrière l’alchimie de sa construction, se dévoile le groupe Jabberwocky. Un band anglo-saxon à la pointe de la hype, comme l’imaginent, à l’origine, certains internautes non avisés ? Raté. Sous cette signature, tirée d’un poème ubuesque de Lewis Carroll, se révèlent en fait trois étudiants en médecine à Poitiers.
 
Nés du web
 
L’histoire pourrait commencer au collège lorsque se rencontrent Manu et Camille. A la fac, s’adjoint à leur amitié tenace, le troisième larron : Simon. Le premier gratte la guitare ; les doigts du second courent sur des pianos ; le dernier tricote des samples en autodidacte…
 
Des murs de l’Université, tous trois s’échappent parfois à dos de musique : un exutoire. Entre deux cours, deux formules de chimie, le trio invente des mélodies, lance des rythmes. "Au début, on faisait ça pour rigoler, se souvient Simon. On écoutait des trucs, on fabriquait des sons, on gribouillait des mots, on laissait sourdre l’inspiration. Sans autre prétention."

Au fil de ces échappées belles émerge ce titre : Photomaton. Poussé par leurs copains, ils balancent la création sur des blogs, les soumettent aux "sacrés" clics, qui se multiplient. Dénicheuse de pépites, Radio Nova diffuse leur chanson : première magie, première hallucination. Puis, tout s’emballe : le titre caracole plusieurs semaines dans le Top 10 des ventes iTunes, le clip atteint les 4,5 millions de vues sur Youtube…

 
Plongée dans le fantastique
 
Sous une bonne (é)toile, naît donc Jabberwocky. Aux trois garçons, le nom s’impose, en souvenir d’une soirée embrumée d’alcool et de halos de fumées, où ils récitent, en pleins délires, morts de rires, avec un copain apprenti philosophe, les vers hallucinés et tordants, de Carroll.
 
Aux rigolades, se mêlent aussi des discours métaphysico-poétiques. Tout un symbole ! Simon précise : "Ce poème en particulier, avec ses mots-valises, ses sonorités-choc, et l’œuvre de Carroll en général, correspondaient à notre univers : les côtés absurdes, loufoques, fantastiques, oniriques, inattendus… Nous aimons les labyrinthes, les interprétations aux multiples facettes, qui laissent libre court aux interprétations de chacun, les traversées du miroir…"
 
Incantations chamaniques
 
Car Jabberwocky – le groupe – aime brouiller les pistes. Sur chacune de leur chanson, ils invitent ainsi une voix féminine différente, un timbre soigneusement choisi, parmi les rencontres qui émaillent leur route.
 
Questions de karma, aussi : leur label, Pains Surprises, fut croisé au hasard des pérégrinations sur la toile – coup de cœur ! Petit à petit, les trois garçons construisent piste à piste, leur Lunar Lane, leur "chemin vers la lune", titre de leur premier disque : "Ça décrivait bien notre univers mélancolique, nocturne, aux horizons beaucoup plus larges que la seule étiquette 'électropop'".
 
Et puis, pas à pas aussi, ils sortent de leurs chambres, se créent des paysages visuels, des clips avec des artistes aux halos proches des leurs, comptent déjà à leur actif une centaine de concerts… "Totalement néophytes, on a tout appris très vite, sur le tas : la gestion de la scène, des contrats, les rouages d’une carrière que nous n’avions jamais envisagée", dit Simon.
 
Dans cette voie professionnelle, ils conservent pourtant toujours leurs côtés fantastiques : avant chaque show, ils invoquent l’esprit du "monstre Jabberwocky" par des incantations chamaniques. Le quatrième membre ?
 
Pour l’instant, les trois garçons dans le vent, en cinquième année de médecine, ont mis leurs études en suspens, avec l’accord du doyen de l’Université. En pleine success-story, leurs chansons possèdent déjà des vertus thérapeutiques !
 
Jabberwocky (Pains Surprises/Polydor) 2015

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