Natasha St-Pier, l'hommage désincarné

Natasha St-Pier, l'hommage désincarné
Natasha St-Pier, Mon Acadie, 2015. © DR

Natasha St-Pier a ressenti le besoin d'un retour aux sources, démarche qui n'aura rien de surprenant tant les albums de reprises continuent d'inonder le marché. Mais sur son nouvel opus, Mon Acadie, ses versions de folklores amérindiens et de chansons acadiennes laissent la plupart du temps de marbre. Revue de détail.

Drôle de trajectoire que celle entreprise par Natasha St-Pier ces deux dernières années : presque de manière concomitante, on l'aura aperçue à la présentation d'une émission de variété sur France 3 (Les chansons d'abord) - programme qui n'aura pas duré longtemps - et interprétant spirituellement des poèmes de Thérèse de Lisieux mis en musique par Grégoire (L'album Thérèse, vivre d'amoura rencontré par ailleurs un grand succès). Décomplexée par la folle échappée bretonne de son amie Nolwenn Leroy, là voilà désormais qui effectue à son tour, une plongée dans ses racines. À croire que c'est la formule de secours idéale pour une carrière qui s'essouffle.

Difficile de réprimer un sourire initial à la vision de la pochette du disque. Arborant une coiffe avec des plumes d'oiseaux exotiques, la chanteuse la joue regard songeur. Peut-être anticipait-elle déjà la controverse qui allait s'abattre sur elle à la suite de son clip de Tous les Acadiens, chanson popularisée par Michel Fugain. Qu'est-il reproché à la miss dans son pays d'origine, le Canada ? D'avoir un regard erroné sur sa région natale et d'en véhiculer moult clichés. Dans le dit clip, on la voit toujours avec cette fameuse coiffe, pagayer dans un canot et recourir aux capteurs de rêves. Ces symboles autochtones ont donc déclenché l'ire des Acadiens et des Premières Nations.
 
Il faudrait commencer pas les deux dernières pistes pour ne pas rester totalement à quai du disque ; le tribal en langue mic-mac - un dialecte amérindien - Moweome Aiomkoai et l'émotionnel Évangéline dans lequel Natasha St-Pier se retrouve en terrain conquis. Un écrin parfait pour envolées vocales. Là-dessus, elle est redoutable.
 
Il est fort regrettable que le reste souffre d'un manque d'incarnation criant. Malgré une instrumentation originale à base de violon fiddle, de banjo, de cuillères en bois ou de claquettes, c'est trop propret pour susciter l'adhésion. Pourquoi ce besoin de minauder au rythme des percussions dans Ani Couni, berceuse de son enfance ? Pourquoi ce parfum de chloroforme injecté à ce classique de Zachary Richard (Travailler c'est trop dur). Pourquoi le choix de ce folklore totalement indigeste (La bastringue avec Michel Fugain) ? Certaines chansons (Cap enragé, Le mal de pays) ne brillent pas, non plus, à cause d'un propos excessivement naïf. Il faudra donc aborder cet album dans son ordre décroissant...
 

Natasha St-Pier Mon Acadie (Smart/Sony Music) 2015
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