William Sheller, fidèle à lui-même
Sept ans qu'il n'avait pas sorti de chansons originales. William Sheller s'est adjoint pour ce nouvel album, Stylus, les services du Quatuor Stevens, formation à cordes belge avec laquelle il s'était produit en 2007. Un disque élégant, mélancolique, bref dans sa durée. Une promenade tranquille, en univers connu, sans réelle surprise.
Il aurait certainement aspiré à un lancement plus serein. Mais son cœur s'est emballé. Pas pour de bonnes raisons. Cette arythmie cardiaque si tenace a donc récemment contraint William Sheller à annuler un concert à la Maison de la radio et à reporter la promotion du disque de plusieurs semaines.
Pour quelqu'un qui n'avait pas donné de ses nouvelles discographiques depuis sept ans, ce n'est pas le timing idéal. Antistar par excellence, retranché derrière une discrétion naturelle, perfectionniste jusqu'au bout des ongles, fuyant les plateaux de télévision, William Sheller est réfractaire au devoir de médiocrité de l'époque. C'est une figure libre.
Le chanteur au visage rond de professeur de mathématiques passe la plupart de son temps reclus dans sa propriété de la campagne solognote. Quand il en sort, c'est pour se produire en concert. Et ces dernières années, il a compensé sa rareté de nouveaux courriers par des tournées à rallonge, seul au piano ou en compagnie d'un quatuor à cordes. Dans les deux cas, un enchantement.
Sheller revient aujourd'hui dans une formule qu'il affectionne par-dessus tout. Celle du piano-quatuor. Pas d’afféteries. Juste une envie d'épuration, un terme qui pourrait s'appliquer aussi au nombre de chansons. Dix sur le papier, auxquelles on peut ajouter un surprenant blues langoureux, caché en fin de parcours derrière la piste Walpurgis.
Mais quand on s'y penche de plus de près, c'est seulement six nouveaux titres chantés à se mettre sous la dent. Fidèle à ses habitudes, William Sheller pioche dans son catalogue (Comme je m'ennuie de toi, sorti en 1975). Il glisse une chanson passée inaperçue sur un EP live de 2010 (Les enfants du week-end). Et il injecte deux instrumentaux qui nous rappellent qu'il est incontestablement un compositeur à la fois racé et précieux.
Pour le reste, hormis Youpylong où il s'imagine habiter une maison sur la lune via une rythmique légèrement britpop, on s'attardera sur cette lettre écrite par un jeune homme en temps de guerre (Les souris noires). Comme souvent chez Sheller, un savant alliage entre pop, chanson et classique. Il n'y a pas ici de tubes obsédants ni de chansons vraiment marquantes. Sans surprise, ce disque reste néanmoins attachant. Comme son auteur.
William Sheller Stylus (Mercury) 2015
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