Bienvenue au Paris Musique Club

Bienvenue au Paris Musique Club
Performance de DJ Zaltan au festival Paris Musique Club, 2015. © Teddy Morellec

À Paris, la Gaîté Lyrique accueille jusqu'au 31 janvier 2016, Paris Musique Club, une exposition interactive et des cartes blanches données à des collectifs qui font bouger la capitale. Visite avec Vincent Cavaroc et Guillaume Sorge, commissaire et programmateur associé.

RFI Musique : Qu'est-ce que Paris Musique Club ? Une exposition ? Un club ?
Vincent Cavaroc : C'est une exposition qui montre comment les arts visuels s'invitent dans la musique avec toutes les nouvelles technologies à notre disposition : mapping, led mapping, immersion… Le collectif Scale a créé six installations autour de compositions originales (de Bambounou, Chloé, Arnaud Rebotini…) et du Boléro de Ravel. D'une certaine façon, ils rendent visible l'invisible, c'est-à-dire la musique, par leurs installations. Ces œuvres ne sont pas sacralisées, mais interactives.

Le visiteur pénètre dans l'exposition par une entrée en sous-sol…
Vincent Cavaroc : C'est l'idée du club, à la fois lieu où danser, communauté de membres et ambiance intimiste. Chaque semaine pendant 3 mois, une carte blanche est confiée à un collectif parisien (Born Bad Records, ClekClekBoom, la Souterraine…). Le jeudi, le collectif se raconte en mots, en musique et en images. Le vendredi, un concert ou une soirée est proposé dans une salle de 150 places. Le samedi, les enfants sont, par exemple, invités à créer un instrument ou à dessiner une pochette de disque. Et le dimanche, le bar éphémère accueille projections, performances et DJs.
 
Pourquoi ce focus sur la scène parisienne ?
Vincent Cavaroc : Cette exposition n'aurait pas vu le jour il y a 5 ans, à une époque où les scènes musicale et clubbing montraient des signes défaitistes. Aujourd'hui, Paris vit un nouvel élan. On compare régulièrement la capitale à Berlin.
Guillaume Sorge: Red Bull Music Academy a choisi Paris, car la ville connaît actuellement une effervescence musicale démente. Un DJ roumain qui a publié trois maxis vinyles attire 1000 gamins dans une soirée parisienne. Une nouvelle génération est apparue avec la précarisation des ventes de disques. Elle a été obligée de tout faire elle-même, mais c'est un phénomène naturel pour cette scène. Le home-studio ou le statut d'auto-entrepreneur permettent à un individu de se lancer parfois seul.
Vincent Cavaroc : Je n'aime pas ce mot, mais il y a un vrai écosystème qui réunit des structures qui produisent de la musique, d'autres qui la diffusent… Beaucoup de collectifs cumulent les activités : édition de musique et de webzine, agence de communication, organisation de soirées…
 
Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est la RBMA ?
Guillaume Sorge: Pour faire court, "Red Bull Music Academy" est le programme musique de la société Red Bull depuis 1998. Chaque année, une soixantaine de musiciens est sélectionnée sur dossier pour participer à l'une des deux sessions de 15 jours de travail et de rencontres. En 2015, RBMA a choisi Paris, après Tokyo, Melbourne ou Londres. Nous avons construit huit studios à la Gaîté Lyrique. Des tuteurs comme Mad Mike, Just Blaze ou Pépé Bradock encadrent les jeunes musiciens qui peuvent créer de la musique 24 heures sur 24. Même si la finalité est de vendre des boissons énergisantes, la façon de faire et le sérieux du projet font sens. Beaucoup de concerts et de soirées sont organisés pendant la RBMA dans Paris.
 
RBMA et Paris Musique Club, n'y a t-il pas risque de confusion ?
Vincent Cavaroc : La RBMA s'installant durant un mois à la Gaîté Lyrique, c'était le contexte idéal pour une grande proposition sur la musique. Nous avons donc travaillé main dans la main, il y a une vraie complémentarité. Pour Paris Musique Club, nous avons lancé une invitation au collectif Scale, qui s'est créé la même année que la Gaîté Lyrique, en 2011. Ils y ont conçu le dispositif image et lumière des concerts de Christine & the Queens ou d'Agoria.
 
Que peut-on voir dans cette exposition ?
Vincent Cavaroc : Par exemple, une sorte de juke-box géant où le visiteur est immergé dans un cube dont les quatre murs sont couverts de vidéos. Une transcription visuelle du Boléro de Ravel par du mapping qui permet de visualiser la musique par des projections sur des formes géométriques. Ou encore Playground, 32 éléments de batteries activés par les mouvements de jambes des visiteurs.
 
Parlez-nous de quelques collectifs comme Brut Pop, SNTWN ou Mawimbi
Guillaume Sorge : Sonotown (SNTWN) est un organisateur de soirées techno. Il avait organisé les 75021, un 21e arrondissement parisien fictif, des fêtes dans des lieux atypiques hors du centre de Paris. Mawimbi est un collectif de DJ musiciens qui s'intéresse à la musique africaine. Ce sont des gamins qui l'ont découverte sur le Net et l'ont vite assimilée. Ils préparent un premier live aux TransMusicales, éditent et rééditent de la musique d'Afrique et organisent des soirées. Personne ne connaît Brut Pop, ce collectif promeut la musique et les arts plastiques à destination d'un public autiste ou en situation de handicap mental ou physique. Par des concerts, des ateliers, des rencontres… Ce sont les outsiders de Paris Musique Club !
 
Paris Musique Club à la Gaîté Lyrique, jusqu'au 31 janvier 2016.