Touche française : les Rita Mitsouko à la fête

Touche française : les Rita Mitsouko à la fête
Izia et Cyril Atef de CongopunQ au festival Touche française 2016 © B. Brun

Avec la deuxième édition de son festival, Touche française, le théâtre du Rond-Point met à l'honneur la chanson française jusqu'en fin de semaine. CongopunQ dans une fête déjantée aux Rita Mitsouko, Miossec, Thomas Fersen et des toutes jeunes pousses ouvrent les portes de l'institution théâtrale située au bas des Champs-Elysées, à Paris.

Attention à ne pas voir des références où il n'y en a pas. Il ne s'agit pas d'un clin d’œil à la French Touch, cette vague française qui a déferlé sur la musique électronique à la fin des années 90 mais bien d'une "touche française". Pour la deuxième année consécutive, le théâtre du Rond-Point, situé au bas des Champs-Elysées, à Paris, organise son festival et amène jusqu'à samedi soir un peu de chanson dans ses murs.

CongopunQ pour une "fête aux Rita Mitsouko"qui a réuni hier soir pléthore d'invités (lire ci-dessous), Miossec et Thomas Fersen sont les têtes d'affiches d'une programmation qui balaye le spectre de la chanson au sens large. Salut c'est cool, décommandé, devait jouer son électro "qui-fait-bouger-les-jeunes" tandis que Ben Mazué sera de la partie avec un parlé-chanté disons plus classique. Le grand écart sera aussi dans les découvertes, avec entre autres Séverin ou Fishbach, dont la new-wave devrait faire son chemin.
 
Le jazz et la chanson
 
Amoureux de jazz, "embarqué" très jeune par "les concerts organisés par Norman Granz à l'Olympia, où il y avait Dave Brubeck, Ray Charles et Charlie Parker", Jean-Michel Ribes, le maître des lieux depuis 2002, avoue aussi un faible pour Alex Beaupain ou Katerine. "Le projet que j'avais en tête en prenant la direction de cet endroit était de donner la parole aux auteurs vivants, d'arrêter 'Shakespeare, notre contemporain !' ou 'Quoi de neuf, Molière ?', rappelle-t-il. De redonner voix aux gens qui disent, chantent et écrivent aujourd'hui."
 
Évoquant sa méfiance de la musique au théâtre "parce qu'elle est quelque chose de très fort, qui emporte le morceau", le metteur en scène estime : "Ce qui est touchant avec la chanson, c'est qu'on pense que c'est léger, que c'est fait pour que les gens la fredonne dans la rue, mais elle dit souvent des choses sur le cœur, sur les idées, sur des choses populaires. C'est un art qui avance masqué dans la légèreté mais qui est envoûtant et parfois, profond."
 
Quant à tracer des ponts - aériens ?- entre la musique populaire, le théâtre et d'autres formes d'art contemporain ? Le chanteur Nosfell, invité sur la soirée clin d’œil aux Rita Mitsouko, n'a cessé de le faire depuis une quinzaine d'années. Il observe : "Aujourd'hui, tout se croise, le son, l'image, la danse. Il y a d'excellents chorégraphes/performers comme François Chaignaud, capables d'écrire des pièces pour l'Opéra de Lyon comme de faire des performances de danse chantée d'une demi-heure. Ce désir de transversalité est une voie de salut artistique pour beaucoup d'entre nous."
 
                                                                                                                              
"Rita !" : une histoire d'A...bsurde
 
Quelques jours avant le spectacle, le batteur Cyril Atef, homme-orchestre de CongopunQ et de cette fête aux Rita Mitsouko, nous confiait en souriant : "Ça n'a pas été facile de trouver des artistes dans l'esprit Rita. Je ne pouvais faire appel, ni à Michel Sardou, ni à Patrick Bruel, ni à Garou." Ce concert/performance déjanté, qui a ouvert jeudi soir la deuxième édition de Touche française nous aura appris qu'il faut aussi un sacré talent pour se glisser dans ces pas-là.
 
Loin du contraste entre la "Castafiore punk", Catherine Ringer, et le flegmatique Fred Chichin, l'idée était de mêler les chansons des Rita aux musiques congolaises avec une pléiade d'invités : -M-, Olivia Ruiz, Pablo Padovani de Moodoïd, Luce... Globalement, la mayonnaise aura plus que bien pris. Quand ce n'était pas les tubes des Rita qui faisaient lever le public, c'est l'Afrique qui a invité à danser une salle aux trois quarts pleine. Quant aux invités ? Après quelques morceaux corsetés, c'est Izia qui a été l'étincelle de la soirée grâce à une version très rock de Singing in the shower, le duo Rita Mitsouko/Sparks. La meilleure recette à suivre après ? Celle de Nosfell pour Les histoires d'A… ou d'une Adrienne Pauly au poil.
 
Pas trop de respect, ni de convenances et on y va franchement pour une moitié de tubes, une moitié de chansons moins connues comme Fatigué d'être fatigué ou Don't forget the nite. Mais s'il y en avait bien un dans cet esprit baroque, c'était Dr. Kong. Qu'il remonte une horloge, distribue des crêpes faites sur scène au public, se trimballe dans un sac ou avec une tête de statue à la main, le colosse barbu, autre moitié de CongopunQ, aura donné tout son sens au mot absurde avec ses performances… Oui, chez les Rita, comme au théâtre, il y avait de l'absurde messieurs, dames. 
 
Festival Touche française au théâtre du Rond-Point, Paris 8, jusqu'au 7 février 2016
 
Site officiel du théâtre du Rond-Point