La belle échappée de Christian Olivier

La belle échappée de Christian Olivier
Christian Olivier © DR

Le chanteur des Têtes Raides s'offre une première escapade en solo très réussie. Si on reconnaît la patte du bonhomme dans cette chanson-rock introspective, On/Off allume des contre-feux. Il y a de l'amour, des désillusions démocratiques, et, à la fin, c'est toujours la poésie qui gagne.

Il y a d'abord cette évidence d'avoir affaire à l'âme des Têtes Raides. En écoutant les chansons de Christian Olivier, on réalise donc ce que le groupe doit à son chanteur mais aussi ce que cette bande de garnements apporte depuis plus de vingt-cinq ans à cet ogre créatif. Le côté bastringue, la poésie à même le zinc, la fièvre des cuivres, c'est la magie des Têtes Raides. 

Christian Olivier en solo, c'est pareil mais pas tout à fait, comme avec un ami qu'on retrouverait changé après une trop longue absence. L'essence de ce qu'on aime reste inébranlable, mais au fond on sait que les choses ont bougé. On/off  est donc un beau disque de chanson/rock, avec des mots plus secs et des atmosphères qui iraient voir en douce du côté de l'électronique.
 
Afin de prendre l'air, le bonhomme a travaillé avec la productrice Édith Fambuena qu'il ne connaissait pas. La fille des Valentins, qui a œuvré dans l'ombre pour tout ce que la pop et le rock français comptent de chanteurs (Daho, Bashung, Miossec...) a apporté des ambiances brumeuses. Moins bricolo qu'en groupe, Olivier laisse plus de place à des ballades introspectives.
 
Quant aux textes, leur substance est à chercher dans l'amour et ces appels à la révolte poétique qui caractérisent le personnage. Rappelant Boris Vian, Je vais bien évoque la finitude et les ruptures : "Quand on aura fini de laver notre linge / j'espère qu'il restera des chevaux et des singes / Quand on aura fini de se croire tout permis / j'espère qu'il restera ce pourquoi on se l'est dit / Ces paroles, je les prends, jusqu’à coûte que croûte / On va foncer dedans jusqu'à sortie de route."
Foncer dedans en évitant les ornières, c'est justement la sensation que procure On/Off , dont les interludes rigolos ( On… , / , / Off…) disent qu'en ce bas monde, il est assez salubre de ne pas se prendre trop au sérieux.
                                                                                                                                
 
Christian Olivier On/Off (Fontana/Universal) 2016
Page Facebook de Christian Olivier
En concert le 6 avril à la Cigale à Paris