Collectif Bassam contre le terrorisme
Un collectif composé d'une dizaine d'artistes ivoiriens a tenu à donner de la voix pour marquer leur colère face aux attaques terroristes qui ont touché la Côte d'Ivoire le 13 mars dernier. Même pas peur est une chanson pour dire non aux jihadistes en se moquant du terrorisme et en clamant haut et fort, la liberté d’expression. Collectif Bassam relève un défi majeur qui a pour but de redonner la joie de vivre à un peuple fortement marqué par ces attaques.
Une riposte à coups de zouglou, de coupé décalé et de rap. A la suite des attentats survenus à Grand Bassam le dimanche 13 mars, les artistes ivoiriens se sont rassemblés pour dire ce qu'ils pensent aux jihadistes qui ont endeuillé leur pays. Soit un rassemblement de 11 artistes baptisé Collectif Bassam avec parmi eux, des têtes d’affiche de la scène musicale ivoirienne, le chanteur de coupé-décalé Abou Nidal, L’Enfant Siro, Paul Madys ou encore Betika.
À travers le titre Même pas peur, le collectif a voulu dire non aux jihadistes en se moquant du terrorisme et en clamant haut et fort la liberté d’expression. "En Côte d’Ivoire, on est debout, jihadistes on n'a même pas peur !" Un refrain qui sonne donc comme un message fort à l'endroit des jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ayant revendiqué l’attaque terroriste du 13 mars.
Les paroles de la chanson abordent la question de la radicalisation et de la religion. Les artistes prônent un islam de paix. "Tu ne veux pas voir des femmes nues, mais tu fais quoi sur les plages ? À cause de 70 vierges, tu tues des innocents", affirme L’Enfant Siro, avant de prophétiser : "Tu n’iras pas au paradis". Abou Nidal, lui, cite un verset du Coran : "Ne tuez pas la personne humaine, car Dieu l’a déclarée sacrée" et rappelle que le prophète Mohamed "n’était pas un terroriste".
C'est sur la plage de Grand Bassam, là où ont eu lieu les massacres que les artistes se sont retrouvés pour le tournage du clip, entourés par le public. Arborant des t-shirts marqués de l'inscription "Même pas peur" aux couleurs de la Côte d'Ivoire, ils dansent, se serrent la main, enchaînent les accolades, entre coupé-décalé, zouglou et rap. Une démonstration d’unité qui vise à refuser la peur, la terreur et la division.
L'idée du collectif Bassam a été inspirée par Chico Lacoste. "Dès les premières heures qui ont suivi les attaques terroristes, nous avons souhaité rassembler les artistes pour redonner cette joie de vivre aux Ivoiriens que les jihadistes ont voulu atteindre. Les artistes étaient nombreux à manifester l'intérêt de participer au projet, mais tous n'étaient pas disponibles immédiatement", explique-t-il.
"La musique est notre seule arme et elle est universelle. Nous sommes sûrs que les terroristes entendront le message, raison pour laquelle nous avons tenu à leur parler via ce canal. Aussi par cette chanson, nous voulons que les Ivoiriens se serrent les coudes face à ce phénomène nouveau pour nous, mais qui menace désormais nos sociétés", conclut-il.
Le 13 mars dernier, trois assaillants avaient remonté la plage dans la cité balnéaire de Bassam, puis attaqué plusieurs restaurants en tirant au hasard. Une vingtaine de personnes y ont trouvé la mort et des dizaines d'autres ont été blessées. Même pas peur se veut comme un appel à la résistance et à la solidarité.