La Fouine, le repenti
Connu pour ses clashs avec Booba, ses frasques et son omniprésence sur les réseaux sociaux, le rappeur La Fouine revient avec un septième disque, Nouveau monde : un objet qu’il déclare plus "musical" et "assagi". L’artiste se veut désormais pacifié, désireux d’apporter des messages positifs. Rencontre.
La Fouine : ce nom draine dans son sillage, une réputation sulfureuse, des épisodes de violence, une aura bling bling, un parfum hip hop-breloque. Tristement célèbres pour ses clashs incessants et fracassants avec Booba, relayés à l’envi par les médias, Laouni Mouhid dans le civil, a aussi écopé, entre ses 15 et 20 ans, de nombreuses peines de prison, effectué des séjours en foyers pour jeunes délinquants, comme il le raconte dans son autobiographie Drôle de Parcours parue en 2013*.
Dans le même temps, le jeune homme de 35 ans a su s’imposer, dès le début de sa carrière, à l’orée des années 2000, parmi les noms incontournables du rap hexagonal. Elu meilleur artiste français au MTV Europe Music Awards en 2011, et meilleur artiste masculin au Trace Urban Music Awards (2013), La Fouine, aujourd’hui papa d’une petite fille, a créé son label Banlieue Sale, sa marque de vêtement ; il connaît un succès phénoménal sur sa chaîne Youtube (clips, et Web-séries, à 600 millions de vues), et trône au rang des rappeurs les plus suivis sur les réseaux sociaux… La Fouine sur tous les fronts !
Dans l’un des titres-phares de l’album, La Fouine vs Laouni, sorte de Docteur Jekyll et Mr. Hyde, le rappeur confronte d’ailleurs ses deux personnalités : "La Fouine, c’est mon versant hardcore, fan d’énergie-coups de poing, d’IAM et NTM ; Laouni, c’est l’enfant adepte des mots, des belles mélodies, amoureux de Brel, Brassens… J’avais les deux dans mon walkman ! Une belle schizophrénie !" Et dans la vie, qui est-il ? : "Ni l’un, ni l’autre : juste un mec qui attend la sixième saison de Game of Thrones !", rigole-t-il.
Messages d’espoir
Dans cette adolescence mouvementée, il trouve un exutoire, une catharsis : le rap. Et voici ce qu’il aimerait transmettre : le goût du combat par les mots. A titre d’exemple, il convoque ce souvenir : "Je me rappelle ce concert au Mali où un gosse essayait d’assister à mon concert par tous les moyens ! Je le laisse entrer. Le gamin, 15 ans, environ, en pleurs, me serre dans ses bras, et me dit : 'Laouni, tes chansons m’ont aidé à franchir un cap !' Alors voilà : tu te prends la tête à écrire des chansons et là, enfin, tu te dis que ce n’est pas inutile…"