À l'école des Francofolies avec le Chantier

En cette fin du mois de mai, La Rochelle affiche le calme presque parfait des villes touristiques hors saison. Au pied des tours et des remparts, les voitures parquées ne laissent guère imaginer que chaque année autour du 14 juillet, une autre fête se tient à ce même endroit. C'est sur l'Esplanade Saint-Jean d'Acre que se pose la grande scène des Francofolies avec ses 16.000 places les grands soirs. Pour l'instant cependant, rien qui ne vienne troubler le bruit des voiles qui s'enroulent autour des mâts des bateaux.

 

Dans un ancien chantier naval en bois posté sur l'avancée du port, cette tranquillité relève pourtant de l'apparence trompeuse. Le Chantier des Francos accueille pour sa dernière session de l'année trois artistes, la chanteuse Bessa, le duo Jo Weddin & Jean Felzine et Pharaon de Winter. Autour d'eux, tout le monde est au travail : ingénieur du son, ingénieur lumières et bien sûr, les professeurs qui les conseillent, les "coachs"… Le "Chantier" n'est pas l'égal de The Voice ou d'un télé-crochet, mais ce qu'on appelle désormais un dispositif d'accompagnement.

 

Chaque année, dix ou douze artistes en début de carrière sont sélectionnés, "selon les coups de cœur", précise Émilie Yakich, la directrice. Encadrés par ces coachs qui leur apportent "un regard extérieur", ils suivent un programme de deux fois une semaine afin de se perfectionner. Durant les deux jours où l'on aura pu le suivre, il y aura eu une session d'apprentissage des médias ("media training"), du chant, des exercices pour le corps ou des mises en situation. Ce qui fait la réputation des Chantiers ? Le sérieux des coachs puisqu'on retrouve notamment Christophe Mali de Tryo, l'ancien VRP Néry ou l'ex-Wriggles, Christophe Gendreau.

 

Quant aux artistes eux-mêmes ? Christine & the Queens, Zaz, les rappeurs Big Flo & Oli et quelques autres sont déjà passés par là et ce n'est certainement pas un hasard. "On a créé un rapport à la scène, observait l'an dernier Dimoné, un ancien élève qui affichait déjà vingt ans de musique lorsqu'il est passé par là. Quand nous sommes arrivés, avec mon acolyte Jean-Christophe Sirven, on s'est dit : 'Qu'est-ce qu'ils vont nous faire à nous, les vieux crabes ?' mais on a fini par se déplier. On est placé dans une atmosphère bienveillante." Certains parleraient presque d'une ambiance de "colonies de vacances". 

 

La crainte d'être formé au point d'être formaté était pourtant bien là chez Maxime Chamoux, alias Pharaon de Winter. Cet auteur-compositeur qui s'est tourné vers une chanson française sophistiquée, devant autant à Daniel Balavoine qu'au groupe britannique Prefab Sprout a pris ce qui l'intéressait. Avec Julia Pelaez, la prof de chant, il a appris que sa voix est plus assise si "l'on pense au sens de ce qu'on dit". "C'est rare d'avoir du temps pour travailler des choses relativement en profondeur et des gens qui s'investissent autant. C'est donc une parenthèse luxueuse par les temps qui courent, où il y a de moins en moins d'argent de place pour les jeunes artistes", conclut-il.

 

Comme tous les artistes des Chantiers, le Pharaon se produira dans le cadre des 32e Francofolies de La Rochelle. Pour lui, ce sera le 15 juillet dans le cadre du théâtre Verdière. 

 

Page Facebook de Pharaon de Winter