Daft Punk branche Abidjan

Le mercredi 19 avril 2000 restera une date importante dans l’histoire de la house music et des musiques électroniques en général. C’est en effet ce jour-là vers 22h00, heure d’Abidjan que Guy-Manuel de Homem-Christo a posé le premier disque de house music sur le sol africain. Guy-Man, pour les intimes, n’est rien de moins que la moitié des Daft Punk, le groupe de techno français que le monde entier s’arrache. Pourquoi les Daft se retrouvent à se produire en Afrique ? Logique commerciale ? Opportunisme ? Besoin de vacances ?

L'électro au pays du Zoblazo

Le mercredi 19 avril 2000 restera une date importante dans l’histoire de la house music et des musiques électroniques en général. C’est en effet ce jour-là vers 22h00, heure d’Abidjan que Guy-Manuel de Homem-Christo a posé le premier disque de house music sur le sol africain. Guy-Man, pour les intimes, n’est rien de moins que la moitié des Daft Punk, le groupe de techno français que le monde entier s’arrache. Pourquoi les Daft se retrouvent à se produire en Afrique ? Logique commerciale ? Opportunisme ? Besoin de vacances ?

Flash back! 1996: sortie de l’album des Daft Punk, Homework, le premier album de musique électronique qui touche le grand public. Suivront une tournée triomphale, des disques d’or qu’aucun artiste français n’égalera, même Patricia Kaas, des tubes comme s’il en pleuvait : Around the world, Da Funk, Burnin’, Révolution 909. Mais aussi des remixes qui renversent les dancefloors du monde entier : Scott grooves et son Mothership Reconnections. Mais surtout les Daft, comme on les appelle dans le milieu, entretiennent le mystère !!!

Qui sont les Daft Punk ? Ils refusent les télés, toutes les photos de face, pratiquement toutes les interviews, à moins de les avoir soutenus dès le départ, et pourtant rien de plus facile que de croiser Thomas Bangalter et Guy-man, si vous traînez au Rex club ou au Queen’s, deux célèbres boites de la capitale française. Dans cette dernière, légendaire discothèque gay, les Daft se produisent gratuitement. Pour y accéder chaque personne doit amener un jouet neuf qui sera remis aux gamins des banlieues dites difficiles. Le public s’y rue ! Ce sera la première action humaniste des Daft mais certainement pas la dernière.

"Robin des Bois" vous connaissez ? Et "Robin des Bains" ? Des Bains Douches naturellement ! C’est dans la boite la plus sélect de Paris que le duo techno a récidivé cette année sur le principe: un jouet = une entrée ! Triomphe encore ! Même les rappeurs stars, Doc Gynéco, Stomy Bugsy ou Cut Killer étaient de la fiesta. Ok, ok ! Mais quel rapport avec la première Rave en Afrique ????

En 1997, une partie de la famille d’une des deux stars s’installe à Abidjan. C’est au cours d’une visite familiale que pour la première fois les Daft Punk rencontrent l’Afrique. Abidjan, pas si éloigné de New York où les Daft ont leurs habitudes avec ses Buildings, ses centres d’affaires, et surtout une énergie débordante. Les Daft, accompagnés de leur tribu, dont Ryko, co-fondateur du label Crydamoure avec Guy-Man, se jurent d’y revenir pour transposer là-bas ce qu’ils ont pu offrir aux gamins de chez nous: la fête et une aide matérielle.

Après quelques mois de réflexion, l’aventure est lancée: organiser la première rave en Afrique avec Paul Johnson, Buffalo Bunch et bien sur les Daft Punk. Le compositeur de Get down n’y sera pas, Thomas Bangalter non plus pour des raisons diverses. La famille d’Abidjan sert de relais. Toutes les bonnes (trop bonnes ?) volontés se réunissent ! Le Lions club Harmony d’Abidjan motive ses troupes, dégote un lieu luxueux (trop ?), l’hôtel Ivoire. Les prestataires de services, lumières et sons, divisent leurs prix, Air Afrique offre des billets gratuits et vogue la galère humanitaire au profit de l’association des petites sœurs de Koumassi qui viennent en aide aux familles touchées par le Sida, le fléau africain avec les dictateurs et la sécheresse.

Guy- Man joue donc son premier vinyle en Afrique devant un public constitué à 80% de blancs . La techno sur ce continent est confinée dans les boites réservées aux gens friqués, et la promotion tardive de la soirée ne ramènera que 5 à 600 personnes au lieu des 2000 attendues. Pour les privilégiés présents cette fête fut mémorable ; la qualité des sets dj’s ayant remplacé le manque de techno locale. Et personne ne dira qu’il n’a pas usé ses pompes sous les beats house distillés par la Daft team. L’after a mené les gens jusqu’à 4h00 du matin, au Jungle, haut lieux des nuits abidjanaises, ou les dj’s ont remis le couvert.

Au final de cette première rave africaine restent deux problématiques. Comment la musique électronique peut-elle se développer en Afrique si les supports médias ne jouent pas leurs rôles de propositions culturelles comme ils le font dans le reste du monde ? Mais surtout, quand cette musique, ou une autre, pourra t-elle enfin ramener de l’argent aux associations qui luttent contre le sida, petite goutte d’eau dans ce désert, même si les jeunes présents à cette fête ont pu discuter avec un grand nombre d’associations de lutte contre le VIH présents sur le terrain ? Ah, j’oubliai ! L'équipe du label Crydamoure parle d'organiser un énorme concert l'an prochain, toujours sur le sol africain. Et cette fois, en ramenant de l'argent aux associations.