SONAR ATTITUDES
Les 17, 18, 19 juin, Barcelone a été le centre des musiques électroniques. Le festival (sixième édition du genre) bien nommé Sónar a ouvert ses portes et nos oreilles à toutes les 'advanced music'. Du centre de Culture Contemporaine au Pavillon de La Mar Bella, plus de 35.000 personnes se sont retrouvées pour danser, bouger leur corps et subir toutes les expériences sonores.
Les sens en alerte
Les 17, 18, 19 juin, Barcelone a été le centre des musiques électroniques. Le festival (sixième édition du genre) bien nommé Sónar a ouvert ses portes et nos oreilles à toutes les 'advanced music'. Du centre de Culture Contemporaine au Pavillon de La Mar Bella, plus de 35.000 personnes se sont retrouvées pour danser, bouger leur corps et subir toutes les expériences sonores.
Au centre de Barcelone, autour du Centre de Culture Contemporaine, la musique rebondit déjà sur les murs alentours. Des vibrations vous font déjà trépider.
A l'intérieur, la balade est indispensable : humer les différentes odeurs, prendre une bière et tourner un peu pour voir. Un chapiteau regroupe différents labels et distributeurs. Déjà vous vous sentez rassuré si jamais vous ratez un artiste ou si vous l'avez adoré, courez au marché du temple vous rassasiez. D'ailleurs sur quelques stands trône la compilation (4 Cds) du festival. Une occasion de se souvenir. Ensuite d'autres lieux peuvent attirer votre attention : SónarMàtica (vidéos, Cd-Rom, Net-Art, Web Design, Capsules Interactives), SónarCinema, expositions, SónarCorner ou le MACBA qui regroupent les dernières machines, celles-ci semblent si accessibles (il y a des touches partout, il suffit de tapoter, non ?). Les expériences sonores sont aussi des expériences visuelles.
La dernière bande
Pour vous mettre en jambe, une écoute distraite (et discrète) au Village d'un groupe allemand de Düsseldorf : Kreidler. Ce Kraftwerk acoustique vous emmène doucement vers une expérience plus trépidante dans le grand hall. Un Japonais Ryoji Ikeda seul derrière une console vous fait vibrer au gré des différents sons, une expérience où chaque partie de votre corps aura ressenti toute sa vitalité. De retour au Village, la techno-dub de l'Allemand Pole vous envoûte et vous rassure sur la bonté humaine : vous n'êtes pas seul(e).
Le soir, au pavillon de la Mar Bella, à un jet de bus, Orbital, groupe anglais, fait son grand show au SónarClub, difficile de savoir ce qui se passe derrière. Il y a quand même deux scènes à proximité (le Pub et le Park) : la plus proche est allègrement bouffée par le son Orbital, vous ne pouvez décidément pas les rater. Et pourtant les Néerlandais d'I-f asticotent les jambes. Mais leur joie reste toujours un peu assourdie. Kruder & Dorfmeister, les Allemands, vont faire monter la sauce en injectant quelques lignes de basse disco et une ambiance plus funky et trip hop. Ce petit moment de joie vous aura déjà préparé à la révolution permanente des Allemands Atari Teenage Riot. 'Punk's not dead', il n'est jamais trop tard pour changer le monde, 'fuck the...' ils sont si nombreux.
Après l'apocalypse, il ne vous reste plus qu'à groover inlassablement sur The End Soundsystem. Il y a peut-être une échappatoire, demain on aura forcément la gueule de bois : il faut encore changer le monde.
Les dépeupleurs
La deuxième journée est plus hispanisante au Village. Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien ou alors la vie est ailleurs. Le SónarLab est le lieu le plus expérimental (7 labels à l'honneur en session DJ). Cette journée se sera passée plus vite que la veille. L'Auditorium vous replonge dans l'atmosphère trépidante et exaltante d'un concert pour douze imprimantes à aiguille. L'angoisse des Canadiens The User est perceptible. Qui ne s'est jamais dit que son imprimante vous susurrait constamment à l'oreille une douce mélodie de la vie ??
La soirée est sur le même ton que la journée. Plus cool avec Tikiman malgré les volontés survoltées des Espagnols. C'est dans cet esprit très "vendredi soir" (quel monde) que Laurent Garnier a choisi de s'insérer. C'est ainsi que son premier set se veut dub. Très dub. Nouvelle expérience pour le DJ international français. Mais quelques sifflets (acclamation ou révolte ??) le feront enchaîner en cut rapide sur de la jungle. Trépidations assez rares perturbées par les Franco-Cubains de P18. La chaleur n'est cependant pas au rendez-vous : les boucles sont présentes mais les cuivres ont du mal à nous enivrer. Prolonger la nuit n'est plus une évidence.
Oh les beaux jours
La dernière journée ne peut-être que survoltée. Les Barcelonais Züell chauffent l'ambiance, les acid breaks et speed-up tempos vous font groover quelque soit votre état. Pour plus d'expérience, il vous reste toujours le SónarLab : Daniel Miller nous fait ainsi redécouvrir son label Mute en "djitant" différentes lignes sonores des groupes et artistes qu'il a su mettre en orbite (Nick Cave, Plastikman, Wire, Depeche Mode...) ; F Communications (le label monté par Laurent Garnier) ne cesse de surfer sur la vague 'french touch' après son grand succès avec Mr Oizo, et les labels espagnol (Elefant) et allemand (Bungalow) nous montrent que le Brésil a une rythmique incontournable et une parenté possible avec les boucles électroniques.
Allez c'est le dernier soir et tout repart. Doucement avec l'impressionnant aréopage de DJs et groupes barcelonais (DJ Deckard, César de Melero, Dj Tito, Chop-Suey, J. Grau). Madrid reste discrète en soirée (Groof, Smol Tosi) mais il est vrai que cela avait été encore sa journée (Zeta+Kosmaker, Sergio Aguillar, Supercinexcene, Dee Jay Kul). Il ne manquait plus que la scène d'Ibiza mais sans doute cette scène n'existe-t-elle qu'à Ibiza.
Fin de partie
Le reste de la soirée se divise plus en genre. Au SónarPark, le ton est à la drum'n bass et à la jungle : les Britanniques Optical et Grooverider nous en font encore une fois la démonstration. Au Club, la techno reste américaine avec les prestations de Richie Hawtin (aka Plastikman) le Canadien, et l'incontournable Américain Jeff Mills qui vous relèverait n'importe quel gaspacho. Au Pub, la house est dignement représentée par Kojak. Les trois Parisiens auréolés d'une réussite indéniable en concert continue inlassablement à dérouler leur vitalité. Ils sont là, ça bouge, ça danse, ça pétille...
Le festival touche à sa fin pour certains, la fatigue se fait sentir... heureusement la compilation Sónar est à l'abri, il sera toujours temps d'y revenir... avant l'an prochain.
Emmanuel DUMESNIL
CD Sónar99, Universal Music
Site officiel de Sónar