LA ROUTE DU ROCK
Pour la neuvième année, la Route du Rock de St Malo a pris d'assaut de la cité bretonne du 13 au 15 août derniers. Perdus dans une programmation très anglophile, quelques jeunes espoirs français et une vieille gloire belge en ont profité pour défendre leur idée du rock ou de la musique électronique, en français dans le texte.
Rock corsaire à St Malo
Pour la neuvième année, la Route du Rock de St Malo a pris d'assaut de la cité bretonne du 13 au 15 août derniers. Perdus dans une programmation très anglophile, quelques jeunes espoirs français et une vieille gloire belge en ont profité pour défendre leur idée du rock ou de la musique électronique, en français dans le texte.
La météo plutôt clémente et le cadre rustique du Fort de Saint-Père se prêtaient à tous les miracles. On a ainsi vu l'écrivain iconoclaste Michel Houellebecq se transformer en star de "l'easy-listening" ou l'ex-Oui Oui Etienne Charry livrer ses ravissantes miniatures pop en toute décontraction. Mais c'est la performance pleine de fraîcheur de mR neveux et de ses acolytes Big Ben et DJ Bertrand qui nous a le plus impressionné en ce début de festival. Leur cocktail bien dosé de trip hop langoureux et de savants breakfasts a prouvé une nouvelle fois que la France n'avait rien à envier à la perfide Albion dans le domaine électronique. Et les Anglais étaient partout pendant ces trois jours de festivités "électriques". Le foisonnement de la programmation (Tindersticks, Archive, Breakbeat Era, Les Rythmes Digitales…) rattrapait in extremis la faiblesse de certaines prestations pourtant fort attendues (Blur).
La Route du Rock, c'est d'abord l'effervescence de milliers de jeunes campeurs installés autour des scènes et dans les douves du fort. L'espace de trois jours, cet ancien fortin de corsaires vieux de trois siècles se transforme en refuge pour tous ceux que le mot rock fait vibrer. La copieuse galette-saucisse, véritable spécialité de la manifestation, permet de pallier les petits creux des festivaliers et la bière coule bien entendu à flots (voir un concert debout donne soif !). De déambulations nocturnes dans la forêt qui jouxte le fort en petites pauses sur les stands de fanzines ou de disquaires, on finit samedi soir par tomber nez à nez avec une des curiosités de ce festival, le concert d'Arno.
La performance du truculent rocker belge n'aura en tout cas laissé personne indifférent. Il n'était pas particulièrement attendu du public de la Route du Rock. Son concert chaotique a pourtant réussi à nous impressionner. Ce chanteur à cheval entre le rock punk et la chanson française déglinguée a vaillament défendu son dernier album, "A poil commercial". Arno a beau tituber et éructer, il retrouve toujours son aplomb de crooner invertébré. Le vieux rafiot a su habilement mener sa barque pendant une heure et demie, tout coincé qu'il était entre Archive et les Tindersticks.
Le lendemain, le jeune Erik Arnaud et ses musiciens ont quant à eux, donné une belle leçon de sobriété. Ses textes mélancoliques et sa belle voix grave ont merveilleusement inauguré la série de concerts du dimanche. Certes, les compositions du groupe n'échappent pas à une certaine linéarité. Mais ce n'est que leur premier album et gageons qu'ils sauront faire fructifier le vrai souffle qu'on a senti par instants. Rendez-vous l'année prochaine ?
Nicolas Mollé.