Retour de Trans
Immersion de 3 jours dans le festival rennais
Sans tête d’affiche, la 29e édition des Transmusicales de Rennes a une nouvelle fois trouvé la clef du succès artistique. Une programmation faite d’heureuses surprises comme le duo franco-finlandais The Do, de prestations efficaces avec Etienne de Crécy et de moments décalés avec les inénarrables Vedettes. Sélection des meilleurs moments francophones…
Jeudi 6 décembre
21h15 – French Cowboy
Les 29e Transmusicales, très axées musique électronique, débute par le folk planant de French Cowboy. Avec sa voix traînante, Federico Pellegrini, chanteur des ex-Little Rabbits, propose des titres dépouillés dans la veine de Calexico. Accompagné de 3 de ses anciens acolytes, il nous offre une entrée en matière des plus paisibles. Le groupe s’appuie sur un bel échange entre le chanteur et les chœurs, une direction encore plus approfondie que sur l’album. Au détour d’une reprise d’Amy Winehouse, on comprend combien le Nantais a su créer un nouvel univers envoûtant.
22h45 – The Do
Dans la série du buzz qui fait wizz, voici The Do, un duo franco-finlandais attendu de pied ferme en Bretagne. La rumeur enflait, le groupe ne s’est pas dégonflé sur scène. Olivia, petit lutin carnassier, et Dan, ninja bondissant, s’épanouissent dans une pop foutraque hautement vitaminée. Dans la lignée de Blonde Redhead pour la musique et de Björk dans la folie prodiguée. Elle danse tel un pantin, lui se roule par terre en hurlant, ils utilisent tous deux une myriade d’instruments insolites. Pour ne pas être en reste, le batteur officie sous une structure d’acier. Comme un cadeau du Père Noël avant l’heure, le groupe offre un moment inattendu et féerique. Une de ces prestations qui font la raison d’être des Transmusicales.
Vendredi 7 décembre
20h00 – Subversive Boy
Le site est composé de trois scènes. Afin d’éviter les temps morts entre les changements d’artistes, un DJ officie sur chacun d’entre elle. Subversive Boy joue ce soir le passe plat dans le hall 4. Ses prestations se limitent à 30 minutes. Une restriction qui motive le fou furieux derrière les platines. Cagoulé, il harangue le public, grimpe sur les structures d’éclairage et propose des sets complètements éclatés musicalement. Un cours accéléré sur les variations de la musique électronique pour une salle, ce soir, très rock.
20h – Papier Tigre
Le problème avec les festivals qui finissent tard dans la nuit, c’est qu’en début de soirée, les salles se remplissent lentement. Papier Tigre, premier groupe à monter sur scène, se lance devant une assemblée clairsemée. Le trio deux guitares-une batterie offre un post-hardcore destructuré. Pas de couplet, pas de refrain, des montées, des cassures. Une prestation intense dans la lignée de Fugazi ou des regrettés Français de Portobello Bones. Un des guitaristes se tortille comme un jour de gastro-entérite, le batteur martèle ses fûts. Papier Tigre propose une musique violemment électrique beaucoup plus cérébrale que dansante. Le groupe ne chôme pas puisqu’il s’est lancé dans une tournée européenne de plus de 40 dates avec même un passage par la Chine.
21h05 – Les Vedettes
Huit majorettes belges interprètent des chansons spécialement écrites par Philippe Katerine. Le moment kitsch du festival. Sur des aires sixties, elles chantent leurs rêves érotiques avec Joey Starr ou leurs envies licencieuses. C’est drôle, léger et bien en place. Les meilleures blagues ne sont pas les plus courtes mais les mieux racontées. Les Vedettes, le groupe belge qui vous donne la frite !
02h00 – Etienne de Crécy
Connu pour ses succès dans la période French touch, Etienne de Crécy veut trancher avec son image disco-filtrée. Callé au centre d’une structure visuellement bluffante de neuf mètres de haut, il balance un set électronique très primal. La techno de papy, c’est pas du pipeau ! Le versaillais maîtrise son affaire, sa prestation est millimétrée. Il aligne rythmes lourds et basse qui tabasse avec une précision chirurgicale. Rudement efficace à défaut de se révéler particulièrement inventif.
Samedi 8 décembre
17h – Jardin Moderne
Avant de jouer aux Trans, avant de même se produire à l’Ubu, la salle de Rennes, il existe le Jardin Moderne. Une structure composée de 4 salles de répétition, d’un studio, d’une scène et d’une salle de documentation. Située dans l’ouest de Rennes, elle propose un accompagnement pour les musiciens en voie de professionnalisation. En marge des Transmusicales, le Jardin Moderne proposait deux jours d’échange et de réflexions sur les différents leviers pour épauler les artistes émergents.
03h 25 – Lady Jane
Au cœur de cette dernière soirée très très électronique, Lady Jane se savoure comme une respiration à guitare. Le groupe n’en mène pourtant pas large sur scène : "C’est la première fois qu’on joue sur un aussi grand festival, merci de nous accueillir."Le chanteur, pas très expansif, parait intimidé. Le groupe semble avoir du mal à occuper la scène. Qu’importe, son rock sous influence Pearl Jam rehaussé de quelques riffs bien appuyés tombent à point nommé.
4h15 – Jamika
Poétesse américaine installée à Angers, Jamika s’est fait connaître avec ses collaborations avec Zenzile. Le combo novo dub lui a concocté un premier album, Helium Balloon Illusions, qui passe très bien l’épreuve de la scène. Accompagnée d’un bassiste, d’une guitariste, d’un batteur et d’un préposé aux machines, elle débute dans des atmosphères trip hop pour terminer sur des déflagrations électriques. Sa voix chaude et profonde vous caresse l’oreille. Jamika propose un set habité ou spoken word rime très bien avec énergie.
5h30 – Yuksek
Et à cette heure-ci, on trouve encore une salle pleine, avide de boucles synthétiques. Le Français Yuksek clôt ces 29e Transmusicales. Artiste montant du moment, le Rémois succèdent à deux sets très martiaux. Sans artifice ni gros moyens, il propose une prestation dansante en faisant fi du marteau pilon. Son live s’appuie sur un travail particulier de la voix. Il la triture au point d’en faire une nappe mélodique supplémentaire. On attend avec impatience son premier disque, à paraître au premier semestre 2008.
Ludovic Basque
Les Transmusicales ont organisé une représentation dans la prison de femmes de Rennes.
Ecoutez le reportage de José Marino du service culture de la rédaction de RFI