Astropolis exorcise ses démons hardcore
La treizième édition du plus ancien festival electro français – qui se déroulait du 2 au 5 août dernier près de Brest - s’est ouverte aux sons de Justice et Nathan Fake et au turntablism de Kid Koala. Avec comme thème le vaudou, Astropolis n’a pas non plus failli à sa mission hardcore et drum’n’bass, avec Micropoint et DJ Fresh.
Une 13e édition vaudoue
La treizième édition du plus ancien festival electro français – qui se déroulait du 2 au 5 août dernier près de Brest - s’est ouverte aux sons de Justice et Nathan Fake et au turntablism de Kid Koala. Avec comme thème le vaudou, Astropolis n’a pas non plus failli à sa mission hardcore et drum’n’bass, avec Micropoint et DJ Fresh.
Rendez-vous estival incontournable des amateurs de musiques électroniques, le festival breton Astropolis était placé cette année sous le signe du vaudou. Sans doute pour conjurer la superstition de cette treizième édition. Le festival a démarré dans le cadre des Jeudis du Port de Brest, avec le Montréalais Champion et ses guitaristes, les rappeurs nantais d’Hocus Pocus et les Rennais X Makeena. La nuit a ensuite été confiée aux vainqueurs locaux du tremplin de DJs BZH System et à Miss Kittin.
Le lendemain, c’est la nouvelle salle de la Carène, toujours près du port, qui a été investie par le festival. Au dub de Zenzile a succédé l’abstract hip-hop mélodique de Wax Tailor, cerné d’écrans géants sur lesquels les samples d’images accompagnaient les samples musicaux. La suite est beaucoup plus énervée : les Belges de Goose embrasent le public grâce à leurs déflagrations techno rock, dignes de leurs amis Soulwax/2Many DJs et aussi efficaces que Fatboy Slim, sur le label duquel ils sont signés. En comparaison, le live du duo allemand Digitalism paraît presque sage, ponctué de samples de New Order, d'Alter Ego ou de Daft Punk. Pendant ce temps-là, sur le toit de la Carène, un public allongé sur des transats se délecte de la vue sur le port et de techno. On se croirait presque à Ibiza…
Jungle pour enfants
À quelques mètres d’ici, une discothèque est confiée pour la nuit à Chloé et Ivan Smagghe, présentés comme deux DJs "electro-chic". "À Biarritz, un DJ résident m’a demandé de ne pas jouer trop parisien. Mais il ne faut pas sous-estimer le public, il sait à quoi s’attendre", confie Chloé. Les deux DJs jouent de la techno minimale plutôt accessible pour commencer. Le lendemain, samedi, les amateurs de pétanque jouent au son d’un mix très éclectique sous le soleil, en centre-ville, dans le cadre du Mix n’Boules. Les parents technophiles ont amené leur progéniture au Cabaret Vauban pour un goûter masqué aux couleurs vaudoues, animé par un magicien et avec Elisa do Brasil derrière les platines. Qui sait, ces bambins seront peut-être les festivaliers de la 30e édition d’Astropolis...
La grosse soirée de clôture a lieu en périphérie de Brest, au manoir de Keroual. Quatre scènes accueillent quatre tribus différentes. Les amateurs de sons hypnotiques et cosmopolites sont rivés dans la cour devant le collectif Hilight Tribe. La tente Hip to Drum - comme son nom l’indique - fait la jonction entre le hip-hop et le turntablism (DJ Troubl’, Kid Koala) et la drum’n’bass musclée de DJ Zinc, DJ Fresh, TC et Elisa do Brasil. Amon Tobin assure la transition à base de breaks lents et telluriques.
Justice fédérateur
La tente Mekanik est l’antre de la techno hardcore, avec Manu le Malin et son projet The Driver, le duo Micropoint reformé pour l’occasion ou encore l’Electronic Body Music du Lillois Terence Fixmer, accompagné par le chanteur de Nitzer Ebb, Mc Carthy. La plus grande scène accueille les amateurs de techno. Les trois habitués de Sonic Crew cèdent la place au jeune britannique Nathan Fake, pour un live faussement hédoniste. Agoria séduit sans problème les danseurs avec une performance sans temps mort. C’est ensuite au tour du duo parisien Justice de prendre le contrôle des platines CD. Un peu avant, ils nous confiaient : "Jusqu’à présent, nous étions plutôt programmés dans des festivals rock. C’est le premier festival electro auquel nous participons, donc nous appréhendons un peu."
Leur mix bouscule allègrement les genres : TTC, Da Hool, Klaxons ou Rage Against The Machine… Les deux compères découpent et mettent en boucle les morceaux pour les rendre encore plus efficaces, enchaînés à leurs propres titres. Le public exulte. L’Allemand DJ Hell ayant décidé au dernier moment de ne pas faire le voyage jusqu’à Brest, c’est Agoria qui le remplace, cette fois-ci muni de ses vinyles. L’aube se lève sur le manoir, quelques festivaliers titubent ou dorment à même le sol. Les autres sont toujours en transe au milieu des décibels.
Trois questions à Elisa do Brasil
RFI Musique : Tu as été baptisée à Astropolis, festival qui t’a vu naître.
Elisa do Brasil : Oui, c’était en 1999. Auparavant, je mixais en free parties sans nom de scène. C’est Mathieu, le programmateur, qui a trouvé ce nom en rapport avec mes origines. J’ai mis un an à l’assumer vraiment car, à l’époque, je jouais des sons assez hardcore. Depuis, j’ai fait la plupart des éditions d’Astropolis. Mais c’est Manu le Malin le vétéran : il est là depuis la première.
Comment s’est passée l’Astroboum pour les enfants ?
C’était une première pour moi ! Lorsque l’on vit la nuit, on est un peu coupé du monde des enfants. J’ai un peu paniqué car je ne savais pas quels disques sélectionner. J’ai tenté de trouver des titres anciens, notamment ragga, qui n’agressent pas trop les oreilles, pour initier les enfants. Ils ne savaient pas trop comment danser et ont surtout été réceptifs à la manipulation des vinyles.
Ce n’est pas trop compliqué de jouer au manoir avec deux MCs ?
J’essaye toujours de jouer à Astropolis avec un MC. C’est une prise de risque c’est sûr, d’autant que j’ai joué avec Big Red (ex-Raggasonic, ndlr) pour la première fois hier ! Avec Youthstar, ils devront respecter la musique et se respecter pour ne pas se lancer dans une battle de MCs.