Daft live

Paris, le 30 octobre 2001 - Le duo français Daft Punk revient discrètement avec Alive 1997, histoire de nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, nos deux acolytes étaient encore les rois de la techno.

Un album live pour retrouver ses racines

Paris, le 30 octobre 2001 - Le duo français Daft Punk revient discrètement avec Alive 1997, histoire de nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, nos deux acolytes étaient encore les rois de la techno.

Nous sommes en 1995, à quelques kilomètres de Rennes, lors des Transmusicales, la nuit est tombée. En plein brouillard des milliers de personnes se dirigent vers la dernière édition de ces Raves O’trans. Au programme, Dimitri From Paris et un jeune duo français qui vient de répéter sa prestation au Queen sur les Champs-Elysées quelques jours auparavant, les Daft Punk.
Leur premier maxi, Da Funk sorti sur le label écossais Soma est depuis plusieurs semaines joué par les plus grands Dj’s aux 4 coins de la planète. Le tout Paris électronique est là pour assister au premier véritable live du groupe. Guy-Manuel de Homem Christo et Thomas Bangalter, moins de 40 ans à eux deux, ont la prétention de se présenter en live. Il faut savoir que les groupes électroniques ayant réussi leur passage sur scène à cette époque, se comptent sur les doigts d’une seule patte de canard : Orbital, Chemical Brother et de temps en temps Underworld, quand ils sont à jeun. Les rumeurs sur le duo sont pourtant assez bonnes.

En arrivant à la soirée, une armée de gorilles nous obligent à déposer au vestiaire tout ce qui ressemble de près ou de loin à un appareil photo ou à un magnéto, les stylos sont acceptés. Que se passe-il ? Madonna va t’elle jouer ce soir ? U2 va t’il se produire en secret ? Pas du tout, les quasi inconnus Daft Punk ont réussi le tour de force de persuader les organisateurs, d’interdire aux journalistes de faire des interviews, de prendre des photos, bref de travailler jusqu’à la fin de leur prestation scénique.
Léger énervement ! En backstage, c’est quasiment l’émeute chez les professionnels. Impossible de faire quoi que ce soit avant 4 heures du matin.
Pedro Winter, leur manager nous lance effrontément : « attendez de voir leur live, on en reparlera après ! » Tout l’art de faire monter la pression, le fameux buzz ! Et bien on a vu. Pour être honnête, aucun journaliste présent n’avait jamais entendu un live techno d’une telle puissance, d’une telle énergie. Rarement, on avait vu une telle maîtrise du public. Un jeu de lumière aveuglant accompagnant une série de titres qui, on le devine alors, enflammeront le monde entier. 55 minutes d’hystérie !

Au beau milieu du concert les deux français samplent sans vergogne, le Raspberry Beret de Prince. On comprend mieux pourquoi les futures stars de la French Touch ont interdit tout enregistrement. A quelques semaines de la sortie mondiale de leur premier album Homework, un procès avec l’auteur de Sign of the times n’aurait pas été du meilleur effet. Ce soir là, le public s’est rendu compte que la France tenait enfin sa revanche notamment sur les Anglais, qu’enfin nous avions fini de singer les Anglo-Saxons. La French touch est, je crois, née ce soir là. La suite vous la connaissez !

Le CD Alive 1997 qui sort ces jours-ci, a été enregistré à Birmingham, 2 ans plus tard. La puissance des Daft Punk n’a pas faibli. Leur maîtrise de la technique est toujours aussi impression- nante. Leurs classiques comme Around the world et Da funk sont à peine évoqués, qu’ils sont mixés avec des rythmes jusqu’alors inédits en CD.
La sortie de ce live coïncide bien entendu avec le triomphe de leur second album Discovery qui a quelque peu déçu les puristes de la techno. Les Daft punk se rachèteraient-ils une crédibilité underground ? Leur maison de disque nous apprend que c’est en fouillant dans leurs archives que les deux troublions électro sont tombés sur ce live, qu’ils l'ont trouvé suffisamment bien pour le sortir sur le marché, à un prix qui ne devrait pas dépasser les 80 francs.
Par dessus, les réactions du public sont mixées assez forts pour rendre compte que les Daft Punk mettaient bien le feu aux dancefloor du monde entier.
L’achat de ce disque est bien sûr conseillé, histoire de se rappeler qu'il n’y a pas si longtemps les deux Parisiens étaient les rois de la techno et qu’ils sont aujourd’hui les rois de la pop.
J’oubliais, vous ne trouverez pas le sample de Prince sur cet Alive 1997. Pourtant, ils auraient les moyens aujourd’hui de le payer, ce fameux extrait…

Willy Richert

Alive 1997, Virgin