LES NÉGRESSES VERTES À LONDRES

Londres, le 6 avril 2000 - Le printemps n'était décidément pas au rendez-vous à Camden Lock(la célèbre écluse de Camden) où hier, par des températures glaciales, des centaines de fans des Négresses Vertes se pressaient pour assister à un des rares concerts du groupe à Londres.

Le groupe français réchauffe l'hiver britannique

Londres, le 6 avril 2000 - Le printemps n'était décidément pas au rendez-vous à Camden Lock(la célèbre écluse de Camden) où hier, par des températures glaciales, des centaines de fans des Négresses Vertes se pressaient pour assister à un des rares concerts du groupe à Londres.

Cependant à l'intérieur de Dingwall's - une salle très basse de plafond qui ressemble étrangement à un sous-sol - les Négresses vont chauffer l'ambiance avec un spectacle bref mais explosif de sons éclectiques. Dans cet endroit étriqué et très intime, entouré par une foule plutôt jeune et majoritairement française, le groupe a tour à tour valsé, "pogoté" et dansé le flamenco, tout en jouant un cocktail genre 'sono mondiale'.

Pour une oreille anglaise, le mélange anarchique de styles méditerranéens des Négresses sonne extrêmement exotique et peut être même un peu déroutant au début. Ce qui explique pourquoi pendant la première partie du concert les Anglo-saxons du public restent plutôt en arrière, préférant écouter attentivement la musique et démêler les fils du raï, des guitares espagnoles, des influences gitanes et du folk français. Mais, au fur et à mesure que le son monte en crescendo, les fans anglais se prennent au jeu et à la fin du concert ils s'immergent totalement dans le "Négresses Vertes groove".

En fait, l'enthousiasme du groupe est contagieux. L'assaut maniaque du tromboniste Braham - qui effectue plusieurs incursions impromptues dans la foule ! - pousse même les Londoniens les plus endurcis vers la frénésie. Les rythmes andalous envoûtants du guitariste Stephane Mellino deviennent de plus en plus intenses à mesure que la soirée avance. Enfin, l'extraordinaire jeu d'accordéon de Mathieu Caravese ajoute encore une dimension au paysage musical très riche des Négresses.

Avec les premiers rangs serrés contre la scène, Les Négresses Vertes parcourent le peu d'espace dont ils disposent, intégrant tous les styles de danse possibles. A un moment, Stephane Mellino descend même de la scène pour valser avec quelques fans et plus tard une volée de battement de mains façon flamenco éclate soudainement, se répandant dans la foule comme une traînée de poudre. La frénésie atteint un tel point que juste avant la fin du concert la foule surexcitée commence à "pogoter", transformant la salle en une mer de têtes agitées.

Tout au long de la soirée Les Négresses badinent avec le public en français, rajoutant une petite traduction en anglais par-ci par-là, quand c'est indispensable. Mais, il n'y a absolument aucun problème de communication en ce qui concernait la musique. Les salves finales des chansons effrénées et survoltées incitent la foule excitée (les Français et les autres) à reprendre les refrains à haute voix. A la fin du concert, la voûte souterraine de Dingwall’s se trouvait transformée en une géante trasnpirante où le public dansait frénétiquement.

Il était difficile - voire impossible - de rester à l'écart et ne pas se laisser envoûter par la riche sensualité des sons traditionnels méditerranéens fusionnés avec un rock plus moderne au tranchant affilé. Les mélanges assez étranges d'instruments - les cuivres planants et l'accordéon cadencé, la basse martelante et la guitare espagnole toute fine et délicate - joints à la passion acharnée des Négresses, finissent par créer une ambiance à la fois séductrice et énergisante.

Malheureusement, faisant preuve d'une ponctualité à l'anglaise (mais inattendue de la part de Français…), les Négresses finissent leur concert à l'heure et restent obstinément sourds aux cris désespérés de "Encore! Encore!" émanant en vain du public. Pendant que les "roadies" démontent l'équipement technique du groupe, la clientèle très diverse de Dingwall’s finit de s'incliner devant les faits et commence à quitter la salle. Il ne leur reste qu'à dissiper leur énergie collective dans l'air dégrisant de Camden.

Dernier album : Trabendo (Virgin)

Patrick Wilcken