Dionysos à Solidays
Cinquième édition de l’événement musical de Solidarité Sida : 40 concerts, 100 associations, 600 bénévoles sont réunis les 5 et 6 juillet à l’hippodrome de Longchamp, à Paris. L’an dernier, le rock déjanté de Dionysos s’y était taillé un beau succès. Après une année de concerts, ils reviennent, couronnés d’un disque d’or pour leur album Western sous la neige. Rencontre avec Mathias Malzieu, chanteur bondissant du groupe.
Alléchante affiche contre le sida.
Cinquième édition de l’événement musical de Solidarité Sida : 40 concerts, 100 associations, 600 bénévoles sont réunis les 5 et 6 juillet à l’hippodrome de Longchamp, à Paris. L’an dernier, le rock déjanté de Dionysos s’y était taillé un beau succès. Après une année de concerts, ils reviennent, couronnés d’un disque d’or pour leur album Western sous la neige. Rencontre avec Mathias Malzieu, chanteur bondissant du groupe.
Etes-vous heureux de revenir à Solidays ?
Ça a vraiment été un moment excellent l’an dernier. Quand l’équipe nous a proposés de revenir, nous n’avons pas hésité. C’est pour une bonne cause mais aussi une belle expérience à vivre artistiquement. Il y a des grosses scènes, beaucoup de gens, tu partages l’affiche avec des groupes haut placés. On sait que l’on va encore apprendre plein de choses.
Qu’avez-vous fait pendant cette année ?
A la sortie des festivals d’été, nous avons fait toute une tournée en formation électrique jusqu’à Noël. Nous nous sommes ensuite enfermés pendant trois semaine pour monter la tournée acoustique. On a remodelé tous les morceaux et on n’a joué que dans des lieux de 500 places. On a fait dix dates en vingt jours. Après on a enregistré Thank you satan, la reprise de Léo Ferré (pour l’album hommage Avec Léo, ndlr). Ensuite on est reparti en électrique pour une tournée qui devrait se terminer en octobre.
Pourquoi vous êtes-vous lancés dans cette tournée acoustique ?
On a voulu prendre le risque de l’écoute complète. Mais acoustique, ça ne voulait surtout pas dire plus doux mais plus brut. Nous débrouiller avec l’interprétation comme les folk singers américains des années 1930. Finalement, être aussi punk que s’il y avait toute une armada mais avec des guitares sèches, un violon, un piano, une contrebasse et un mélodica.
Avez-vous immortalisé ces moments ?
On est en train de réécouter les bandes de nos dernières tournées pour sortir deux albums live, l’un électrique, l’autre acoustique. On a enregistré 5 à 6 concerts de chaque et on choisit les meilleures versions. En même temps, vers la fin de l’année, on sortira un DVD avec un concert électrique filmé et pleins de bonus : des courts métrages, des clips "fait maison". C’est Joann Sfar [Dessinateur de BD ndlr] qui s’occupera des visuels. On va prendre des photos en noir et blanc et lui va faire des dessins dessus. Ce sera un peu des collages à la Mary Poppins.
2003, c’est l’année du succès pour vous !
Tout s’est fait petit à petit et on continue à apprendre. Ce qui est marrant et plutôt salubre. C’est comme si tu escaladais une montagne, arrivé au sommet tu te dis "Génial ! Je suis en haut". Puis tu regardes en face et il y en a une autre, deux fois plus grande ! Je pense que c’est bien de se faire peur artistiquement parlant. On a un privilège extraordinaire de pouvoir s’exprimer complètement en liberté, de faire précisément ce qu’on veut. Il faut l’honorer en se mettant souvent des coups de pieds au cul !
Comment réagiriez-vous si un de vos concerts était perturbé par les intermittents du spectacle ?
Je soutiens le mouvement parce que je suis intermittent mais surtout parce qu’avec ce projet(1), seuls ceux qui font énormément de contrats vont subsister. Ça va être plus difficile d’avoir des groupes en développement, des choses créatives et vivantes aussi nombreuses. C’est évident que le public ne se rend pas compte que sur un concert, il y a des gens qui travaille depuis six heures du matin, qui poussent des caisses, montent des enceintes à plusieurs mètres de haut. S’ils manifestent et que ça tombe sur nous et bien, c’est le jeu. Je n’aurais pas le droit d’être en colère. Sans avoir de prétention politique, je ne sais pas comment ça se passe du point de vue comptable, mais au lieu de taper en bas, on pourrait aller voir en haut. Il faudrait mettre un plafond en disant : "on ne peut pas toucher plus que tant".
Vous avez fait un projet avec le lycée Franco-Allemand de Freiburg ?
Ludovic Gourvennec, un prof de français a fait travailler une classe pendant trois mois. Les élèves ont peint des tableaux inspirés de nos chansons, ils ont analysé mes textes et au bout de tout ça, nous sommes venus faire un concert. En première partie, ils ont fait quatre reprises de nos morceaux avec des flûtes traversières. C’était hyper touchant. Des élèves sont venus nous voir au concert de Strasbourg. D’habitude, quand le public chante, il est un peu à côté. Mais là, on a sur certains morceaux des chœurs de public parfait. Vous pourrez l’entendre sur le DVD, c’est impressionnant !
Dionysos Western sous la neige (Tréma 2002)
Mathias Malzieu 38 westerns avec les fantômes (recueil de nouvelles, éditions Pimientos 2003)
(1) Projet de réforme du régime particulier des intermittents du spectacle.