Bon anniversaire Manu !
Dakar-Yaoundé-Douala. Manu Dibango est considéré comme une des références de la musique africaine moderne. Alors qu’une compilation, Africadelic, vient de sortir avec des titres rares, Manu a été fêté la semaine dernière à Dakar avant de l’être ce week-end dans son pays natal. L'occasion de rencontrer également quelques figures qui ont jalonné son parcours.
Dibango a 70 ans
Dakar-Yaoundé-Douala. Manu Dibango est considéré comme une des références de la musique africaine moderne. Alors qu’une compilation, Africadelic, vient de sortir avec des titres rares, Manu a été fêté la semaine dernière à Dakar avant de l’être ce week-end dans son pays natal. L'occasion de rencontrer également quelques figures qui ont jalonné son parcours.
Dakar
Dakar a fêté dignement Manu la semaine passée à l’occasion des vingt-cinq ans d’Africa Fête. "Non seulement il fête ses 70 ans dans la capitale sénégalaise, mais Manu et moi avons lancé ensemble Africa-Fête à Paris en 78. C’est un monument de la musique africaine que les jeunes doivent prendre pour référence", raconte Mamadou Konte. Dans la foulée de l'événement, une association internationale des musiciens verra le jour. "Elle sera officiellement mise en place courant décembre parce que nous voulons que sa naissance coïncide avec le 70e anniversaire de Manu", nous a confié Youssou N’Dour. Et d'ajouter que " cette Association internationale des musiciens africains est le cadeau que nous lui offrons". Pour Didier Awadi, récent lauréat du Prix RFI Musiques du monde, Manu est le père fondateur de la musique africaine. "On a tous été bercés par Soul Makossa, et c’est important de lui rendre hommage. Il nous a apporté une image d’espoir et nous a prouvé qu’un musicien pouvait être clean".
Le Cameroun attend le retour du fils prodigue
Il y a soixante-dix ans naissait à Douala Emmanuel Ndjoké Dibango, alias Manu Dibango. A l’occasion de cet anniversaire, deux concerts géants seront organisés : il jouera vendredi 12 décembre au Palais des Congrès de la capitale avant de se produire au stade Mbappé Leppé de sa ville natale le lendemain. Une soirée qui aura les allures d’un véritable "Soir au village" où l’on retrouvera Ray Lema, son complice de trente ans avec lequel il prépare un nouvel album, ainsi que le chanteur Douleur et le groupe Macase, qui viennent l’un et l’autre de remporter un Kora Award à Johannesburg, le week-end passé. Un absent de marque en la personne de Richard Bona, son fils spirituel "Manu, c’est notre Tyranausus Rex, le dernier ancien qui reste au pays. Alors que Francis Bebey et Eboa Lotin nous ont quittés, il demeure notre dernier repère."
"Bonjour Patouon"
Son premier patron lorsqu’il arrive en France au milieu des années 60 s’appelle Dick Rivers. La "Légende" se souvient : "C’est des copains qui m’avaient parlé de ce musicien noir. Il venait de Belgique où il jouait de la musique congolaise. Je l’ai embarqué comme pianiste dans mon groupe. On tournait beaucoup à l’époque, en pleine vague rock’n’roll. Manu avait des cheveux; ce n’était pas ce géant au crâne rasé que l’on connaît aujourd’hui. La musique qu’il jouait alors, c’était du rythm’n blues : le style Otis Reding, Wilson Pickett ou James Brown. Depuis lors il a fait un bon bout de chemin. Avec sa musique, qui est avant tout instrumentale, c’est devenu un artiste planétairement connu. Ce qui n’est pas le cas des artistes français car nous avons une barrière qui s’appelle la langue française. Lui, n’a pas ce soucis avec son instrument, et cela lui permet de porter sa musique afro-jazzy-pop aux quatre coins du monde. C’est un type extraordinaire, qui n’a pas d’âge."
Bokilo, le fidèle lieutenant
S’il est un fidèle parmi les fidèles de Dibango, c’est son guitariste congolais, Bokilo Jerry Malekani, présenté en 1965 par Kabasélé alors que celui-ci faisait partie du fameux Rico Jazz. Depuis trente-huit ans, Bokilo suit Manu dans toutes ses aventures, multipliant les rencontres avec les musiques de tous horizons. "C’est un véritable frère pour moi, on travaille en famille. Mais après quarante années sur les routes, Manu et moi éprouvons le besoin de souffler. Mais il faut sans arrêt répondre à toutes ces sollicitations. Nous faisons un métier de troubadours et comme Manu est un homme de rencontres, il faut toujours aller de l’avant."
Soul Makossa
Voilà trente ans, Soul Makossa était le premier tube africain à marcher aux Etats-Unis. Depuis lors, Michael Jackson, Cameo ou Jennifer Lopez n’ont pu résister au phrasé de Mamako, Mamasa, Mamakossa et en ont fait un usage plus ou moins clandestin. Jim Miller, rédacteur en chef du magazine américain Rolling Stone dans les années 70, présente Soul Makossa qu'il considère comme le morceau précurseur de la vague disco : "Durant l'été 1973, un instrumental envahit les ondes américaines. Appelé Soul Makossa, ce disque offrait une partie de sax dominant une rythmique de plomb et évoquait une torride orgie en pleine jungle, impression renforcée par des grognements et des murmures... Bien qu'à l'origine en import français et étant le genre de disque que l'on brûle en Caroline du Sud, Soul Makossa devint l'un des titres favoris des discothèques dès le printemps 73. Après qu'Atlantic Records en eut acquis les droits, le single devint un vrai hit dans tout le pays. "
Manu, l’afro-parisien
Remy Kolpa Kopoul, ancien journaliste au quotidien Libération, aujourd’hui à Radio Nova se souvient : "Dibango ? C’est le premier Africain à avoir fait un tube non communautaire, à une époque où pourtant cela ne passait que par là. Il est rentré dans la catégorie soul-jazz, mais en même temps il a décliné son tube Soul Makossa à toutes les sauces. Lorsque la sono mondiale est arrivée dans les années 80, Manu avait un avantage sur les autres. Lorsque les autres débutaient et avaient des locks, il n’avait déjà plus de cheveux sur le crâne. Cela lui donnait une stature ! Il est devenu politique en se tenant à l’écart de la politique, un peu juge de paix, mais avec des principes, comme celui de ne pas vouloir rentrer pendant des années dans son pays. Ici, dans cette nébuleuse de la musique africaine, il était l’aîné, celui qu’on respectait. C’était un sage à l’époque où les autres ne l’étaient pas. "
Pierre René-Worms
Soul Makossa
Voilà trente ans, Soul Makossa était le premier tube africain à marcher aux Etats-Unis. Depuis lors, Michael Jackson, Cameo ou Jennifer Lopez n’ont pu résister au phrasé de Mamako, Mamasa, Mamakossa et en ont fait un usage plus ou moins clandestin. Jim Miller, rédacteur en chef du magazine américain Rolling Stone dans les années 70, présente Soul Makossa qu'il considère comme le morceau précurseur de la vague disco : "Durant l'été 1973, un instrumental envahit les ondes américaines. Appelé Soul Makossa, ce disque offrait une partie de sax dominant une rythmique de plomb et évoquait une torride orgie en pleine jungle, impression renforcée par des grognements et des murmures... Bien qu'à l'origine en import français et étant le genre de disque que l'on brûle en Caroline du Sud, Soul Makossa devint l'un des titres favoris des discothèques dès le printemps 73. Après qu'Atlantic Records en eut acquis les droits, le single devint un vrai hit dans tout le pays. "
Manu, l’afro-parisien
Remy Kolpa Kopoul, ancien journaliste au quotidien Libération, aujourd’hui à Radio Nova se souvient : "Dibango ? C’est le premier Africain à avoir fait un tube non communautaire, à une époque où pourtant cela ne passait que par là. Il est rentré dans la catégorie soul-jazz, mais en même temps il a décliné son tube Soul Makossa à toutes les sauces. Lorsque la sono mondiale est arrivée dans les années 80, Manu avait un avantage sur les autres. Lorsque les autres débutaient et avaient des locks, il n’avait déjà plus de cheveux sur le crâne. Cela lui donnait une stature ! Il est devenu politique en se tenant à l’écart de la politique, un peu juge de paix, mais avec des principes, comme celui de ne pas vouloir rentrer pendant des années dans son pays. Ici, dans cette nébuleuse de la musique africaine, il était l’aîné, celui qu’on respectait. C’était un sage à l’époque où les autres ne l’étaient pas. "
Manu Dibango Africadélic (Mercury/Universal Music) 2003