Nathalie Natiembé, les fleurs du maloya

Révélée en 2005, la Réunionnaise Nathalie Natiembé s’efforce de faire bouger les lignes au pays du maloya avec l’album Karma, son nouveau projet en compagnie du duo Bumcello, formé par le batteur Cyril Atef et le violoncelliste Vincent Segal.

La chanteuse réunionnaise associée à Bumcello

Révélée en 2005, la Réunionnaise Nathalie Natiembé s’efforce de faire bouger les lignes au pays du maloya avec l’album Karma, son nouveau projet en compagnie du duo Bumcello, formé par le batteur Cyril Atef et le violoncelliste Vincent Segal.

RFI Musique : Que vous apporte cette collaboration avec Bumcello qui dure depuis 2007, et qui avait pourtant commencé dans une ambiance tendue ?
Nathalie Natiembé : Au départ, il y a eu un clash, mais maintenant on rigole de cette histoire-là car la musique a tout réglé. Quand Vincent et Cyril m’ont dit de chanter, j’ai commencé par Mové lèspri. Je me disais que ça se prêtait bien à la situation ! J’ai pris ma calebasse, et au fur et à mesure, ils ont amené leurs sons. Avec Bumcello, il faut s’attendre à tout, à partir dans des voyages qui m’ont moi-même surprise. Je ne savais pas si j’en étais capable. Pour moi qui suis encore toute jeune dans ce milieu, c’est bien de faire des rencontres avec de grands musiciens. J’avais des appréhensions, des craintes, mais la confiance s’est installée progressivement.

Avec ce nouvel album,  ne vous éloignez-vous pas de la l’identité culturelle réunionnaise ?
Je suis sûre que les puristes vont me tomber dessus quand je dis que c’est un album maloya. Pour moi, le maloya enfante le jazz, le blues, le hard rock… C’est dans ces musiques-là que j’ai l’impression de me retrouver. J’espère pouvoir continuer avec des instruments harmoniques qui vont me donner un son avec lequel je vais pouvoir planer. Je suis très seventies. J’aime Pink Floyd et toutes les autres musiques turbulentes comme Franck Zappa, Led Zep... Au violoncelle, Vincent Segal amène tout ça. Je me suis sentie vivante dans cet album-là. Le prochain, il va être soul. J’ai envie de chanter la soul comme Marvin Gaye, Curtis Mayfield. En créole, bien sûr !

Comment naissent les chansons pour vous ?
Souvent, c’est juste une conversation, un mot, une situation qui les déclenche. Texte et musique arrivent en même temps. C'est donc très compliqué parce que, tant que la chanson n’est pas finie dans la tête, elle n’est pas sur papier. Je ne peux pas. Ça peut durer un mois. Je ne parle pas, je deviens pas très commode ni très fréquentable. Toute la journée, je la chante et il y a des moments où je lui dis de sortir de mon esprit parce que j’en ai marre. Il arrive que ça se termine très tard dans les bars.

Est-ce une forme de souffrance nécessaire pour créer ?
La création fait souffrir. Si je suis dans une situation confortable, je risque de chanter l’exotisme : le ciel est bleu, le soleil est chaud, viens chez nous… Ah non, ce n’est pas mon truc ! Je crois que j’aime ces douleurs-là. J’ai toujours eu un côté très sombre, même quand je ne chantais pas. Parfois, je m’invente une histoire très noire, je rentre dedans, et ça me fait peur moi-même !

Quel regard portez-vous sur Sankèr, votre précédent album qui vous a permis de vous faire un nom au-delà de votre île ?
Je n’ai pas pu le faire vivre et c’est dommage. J’ai fait l’album en studio avec Régis Gizavo et Lelou Menwar mais, pour les tournées, ça m’a beaucoup desservi de ne pas être avec eux et de ne pas avoir d’accordéon ni de ravanne sur scène, parce que le public sait ce qu’il veut entendre. Pour le nouvel album, Vincent et Cyril vont faire leur possible pour être avec moi, mais par la suite je vais travailler les concerts avec Boris et Germain de Meï Teï Sho.

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 Nathalie Natiembé
 Karma

Nathalie Natiembé Karma (Sakifo/Wagram) 2009

En concert à la Réunion jusqu'au 19 décembre et le 22 janvier 2010 au New Morning à Paris