LA BELLE HIP-HOPÉE
Paris, le 22 mai 2000 - "Des sons nouveaux pour des paroles éternelles". Tel est le slogan avancé par la pochette d'un disque qui arbore un splendide pitbull dans la position du gentil toutou de La Voix de son maître. Emi-Pathé Marconi publie un album revigorant de reprises rap et fluides des standards de la chanson française réadaptée par la jeune garde des rappeurs.
Reprise rap des classiques de la chanson française
Paris, le 22 mai 2000 - "Des sons nouveaux pour des paroles éternelles". Tel est le slogan avancé par la pochette d'un disque qui arbore un splendide pitbull dans la position du gentil toutou de La Voix de son maître. Emi-Pathé Marconi publie un album revigorant de reprises rap et fluides des standards de la chanson française réadaptée par la jeune garde des rappeurs.
De prime abord et écouté de loin, voici une épopée musicale qui pourrait fort ressembler à une opération commerciale. Ce ne serait pas la première fois qu'une belle et bonne idée serait dénaturée par des options mercantilistes. Mais finalement à bien y écouter cette "Hip-Hopée" réunissant le ban et l'arrière-ban du rap français et de la R'n'B constitue un des plus intéressants hommages à la chanson française dite classique. Une petite trentaine de tubes variéteux et pour certains variqueux tant on leur a pompé la moelle, retrouve une certaine fluidité et une seconde jeunesse avec cette belle escouade de rappeurs sans reproche.
Au firmament des artistes les plus repris Brel et Cabrel… "Ne me quitte pas" par Hamed Daye et "Ces gens-là" par Oxmo Puccino qui prouve qu'avec son répertoire ou celui du grand Jacques, il sait en toute circonstance tirer son épingle du jeu. Sa voix en écho et le lamento des violons font merveille sur ce "chat qui sentait pas bon". Cabrel lui, a les honneurs des rappeurs par trois fois : "Petite Marie" par K-Mel, "l'Encre de tes yeux" par la chanteuse Assia et "Saïd et Mohamed" qui dans la bouche de Diam's avec son accent de cité, récite avec talent ce poème sur la vie blême des cités H.L.M.
Parfois certaines paroles sont adaptées au goût du jour. C'est ainsi que G Kill dans "J'me voyais déjà" retaille le complet bleu d'Aznavour en un bon vieux jean plus de circonstances pour espérer un jour se voir en haut de l'affiche. Bien placé et remarquablement servi également dans le cœur des rappeurs : Gainsbourg… Le papa posthume de ces poètes urbains leur livre du cousu main, du sur-mesure… Stomy Bugsy ne fait qu'une bouchée de "No Comment" tandis que Doudou Masta un peu plus loin joue de sa voix sépulcrale pour exhumer une fois de plus "Requiem pour un con". Piaf, "Hymnes à l'amour" par J. Mi Sissoko, Brassens, "Mourir pour des idées" par Boogotop ou encore Renaud, "Manu" par Daddy Lord C… Tous le répertoire classique y passe avec bonheur.
Au détour d'une reprise on (re)découvre un nouveau talent et un air un peu oublié. C'est le cas de Nemesis qui fait une révérence à Moustaki et sa "Chanson cri" ou encore de Karl the Voice chanteur funky dont "Elegance" de Bashung fait une cure de jouvence et donne envie de se replonger dans le répertoire de tous ces aînés. Ce n'est pas là la moindre vertu de ce double album.
Frédéric Garat
Compilation "l'Hip-Hopée" 2CD EMI Music