Maya Barsony, femme d’extérieur

L’été sera chaud, chez les disquaires, sur les radios ! Sept ans après un premier album bigarré, Maya Barsony revient avec Femme d’extérieur, un disque à la pop assagie et aux paroles polissonnes. Adoubée par M et Brigitte Fontaine, la belle n’hésite pas à payer de sa personne. Toujours chic jamais vulgaire.

Une chanteuse très nature

L’été sera chaud, chez les disquaires, sur les radios ! Sept ans après un premier album bigarré, Maya Barsony revient avec Femme d’extérieur, un disque à la pop assagie et aux paroles polissonnes. Adoubée par M et Brigitte Fontaine, la belle n’hésite pas à payer de sa personne. Toujours chic jamais vulgaire.

"Ma bouche meurt d’envie/Mes cuisses t’applaudissent." Maya Barsony a le sens de la formule, et de la mise en scène. Sur la pochette du disque, son corps nu sur fond bleu attire immanquablement les regards. Un – heureux – accident selon la chanteuse : "Au départ, il y a avait tout un concept. Je devais être une espèce de statue en rénovation avec un échafaudage qui me cachait beaucoup plus. L’élan et l’envol de la photo étaient pour moi extrêmement important. Ensuite, le concepteur de la pochette m’a appelée pour me dire : 'Quoique je fasse comme montage, ça casse l’envol, est-ce que ça te dérange si on la laisse comme ça ?' Moi, mon père est peintre, il peint des femmes nues depuis que je suis née. Je n’ai pas de problème avec la nudité, j’aime le corps, le rapport au corps. Ça fait aussi partie de plein d’histoires artistiques en musique ou en peinture. Ça ne m’a pas gênée une seconde, je trouvais que la photo était belle." Un visuel qui, à lui seul, mériterait le pressage de l’album en 33 tours ! Dans ses textes, Maya assume ce même ton assurément polisson. Avec La pompe à Diesel et son "jus d’amour" mais surtout sur Laisse couler : "Laisse-moi lécher tes lychees/Aussi douces qu’une friandise/réchauffer ton Mister Freeze" La chanteuse n’y voit pourtant aucune malice : "J’avais écrit ce texte pour mon fiancé de l’époque, il travaillait chez les primeurs. A part Kil E Bo, qui est une histoire inventée, une BD, pour le reste, tous les textes sortent de mes impulsions, de mes émotions et de mon vécu." Maya Barsony ne cherche pas à jouer les pin-up ou les aguicheuses. On la sent au contraire très nature, très légère, bien loin des clichés pesants de la chanson française.

Les bonnes fées de Maya

La chanteuse s’est trouvée une marraine en or en la matière : Brigitte Fontaine. "C’est une femme qui me suit depuis toujours, confie Maya. Elle a vu mon univers artistique évolué. Elle m’a vu progresser. Je crois qu’à un moment, elle a dit : 'Tu me plais'. Et elle m’a offert un texte. C’est sa manière de me soutenir. J’ai été extrêmement honorée. La Beuglante raconte l’entrée en scène d’une chanteuse, elle peut parler à toutes les chanteuses. Après s’il y a une double lecture, je ne dirais rien, c’est à l’auditeur de comprendre", conclut-elle d’un ton mutin.

Du côté des bonnes fées, Maya a été servie à satiété. M est venu poser quelques guitares sur l’album et a mis en musique le texte de Brigitte Fontaine. Une amitié avec Matthieu Chedid qui remonte à de nombreuses années : "Nous nous sommes croisés plusieurs fois, il venait jammer avec mes musiciens." Pas de raison, donc, d’être impressionnée en studio : "Quand il est là, c’est fluide. On s’éclate comme des djeun’s qui font de la musique. On entre souvent dans une intensité insouciante"

Mais malgré cet entourage prestigieux, Maya Barsony, demi-sœur d’Arthur H (par sa mère), a souffert plus qu’un marathon pour sortir ce deuxième disque. Son premier label en faillite, elle décide de s’autoproduire : "J’ai fait huit titres que j’ai mixés mais je n’étais pas contente du résultat. J’avais enregistré l’album, couchée à cause d’une blessure au pied. Lorsque j’ai remarché, l’album était finalement trop calme pour moi."

Energique

Maya part alors en Angleterre à la recherche d’un son plus énergique. "Je suis revenue en France pour démarcher les maisons de disques mais je n’étais pas trop dans le courant des choses. On était en plein période "Vincent Delerm" et "Jeanne Cherhal". Nous avons beaucoup travaillé avec mes musiciens. On a peut être composé trente titres avant que je ne signe. En tout, j’ai fait plusieurs albums. Ils ne sont pas sortis, certes, mais je n’ai fait que bosser. Ça prend du temps de créer son univers musical. J’étais vraiment concentrée sur ça. Je n’avais pas envie de faire de la chanson, du folk ou du rap. Je voulais créer ma patte, faire une pop qui m’appartienne."

Du lascif Laisse Couler au très groovy Dis moi, Maya Barsony propose une pop plutôt sage mais non dénuée d’énergie. Les claviers funky-psychédéliques s’en donnent à cœur joie sur La pompe à diesel ou L’indien à la tête carrée. La chanteuse insuffle une joyeuse fraîcheur au long de ses onze titres. Mais comme le titre l’indique, nous avons affaire à une femme d’extérieur. Il serait dommage de se contenter de la seule version studio. Les compositions et surtout la fougue de Maya Barsony prennent toute leur dimension sur scène.

 Ecoutez un extrait de

Maya Barsony Femme d’extérieur (RCA/Sony) 2008
En tournée en France