Fraicheurs d’été

Domingo et sa pop bucolique simplement immédiate, les Belges de Soy un caballo avec leur folk éthérée et Mr Lab ! au rock glacial. Trois albums pour vous protéger des ardents rayons du soleil ou pour accorder les longues journées pluvieuses. Trois artistes à retrouver au rayon frais.

Domingo, Soy un caballo & Mr Lab!

Domingo et sa pop bucolique simplement immédiate, les Belges de Soy un caballo avec leur folk éthérée et Mr Lab ! au rock glacial. Trois albums pour vous protéger des ardents rayons du soleil ou pour accorder les longues journées pluvieuses. Trois artistes à retrouver au rayon frais.

Domingo résume une grande partie de son histoire dans son nom, "dimanche" en espagnol.  Un jour, Anna demande à Samy, son compagnon, de lui apprendre à jouer de la guitare. Une semaine plus tard, elle écrit un premier titre, bientôt suivi par une poignée d’autres. Anna compose d’instinct, sans même connaître les accords. Samy, musicien de son état, réarrange au besoin certaines mélodies et se charge des chœurs. Deux guitares, deux voix et un salon, Domingo né dans l’intimité. Dans un premier temps, le couple ne voit pas beaucoup plus loin que ce plaisir amateur, heureux de ce statut de groupe du dimanche, d’où le nom de la formation. La magie Internet va bien vite pousser le duo hors de chez lui. Après quelques titres mis en ligne sur leur page Myspace, le bouche-à-oreille commence à faire son oeuvre. Plusieurs labels approchent le couple parisien et c’est finalement le label pop tête chercheuse 3rd Side qui leur permet d’enregistrer leur tout premier album.

La simplicité reste de mise. Pas de nom pour ce disque rempli de neufs titres dépouillés. La formule guitare-voix n’apparaît ni éculée ni essoufflée mais tout simplement intemporelle. Avec The Naked bunch, la deuxième chanson, Anna nous convie à une ballade aérienne, dans une ambiance similaire au Asleep from day des Chemical Brothers. Voix légèrement traînante et refrain lumineux, The Grace offre une ode bucolique joliment apaisante. Le redoutable duo touche dans le mille avec Hold your horses, chanson d’une beauté renversante. Entre The Moldy Peaches et Bonnie Prince Billy, une perle folk française vient de naître, Domingo et son premier album exhalant une douce langueur dominicale. Un disque qui a tout pour faire fureur autour des feux de camps.

La poésie lascive de Soy un caballo

Plus inégal, le duo belge Soy un Caballo propose également son premier disque avec Les heures de raison. Le premier titre fait son petit effet. Voix innocente, arrangements discrets et aériens, Volet séduit d’emblée. Le duo façonne un son ouaté et cristallin d’où la rêverie peut s’épanouir en toute quiétude. Mais Aurélie Muller et Thomas Van Cottom (ancien batteur de Vénus) peinent pourtant à convaincre sur la durée. Si un sentiment d’heureuse plénitude traverse le disque, certains chants, à la justesse plus qu’approximative, hérissent parfois le poil.

Le duo se rattrape sur quelques titres comme Les lumières sur la pelouse ou l’électro La Chambre. Surtout, il sait comme personne faire sonner la langue française, l’habillant d’une dimension mélodique rarement atteinte dans l’Hexagone. Même si ce premier album de Soy un caballo affiche quelques faiblesses, les adeptes de pop évanescente se retrouveront autour de ces Heures de raison.

Mr Lab ! et ses explosions glaciales

Avec Mr. Lab !, on change d’univers. Fini la pop qui fond dans l’oreille. Post Industrial Ceremony partage une particularité avec l’album Homogenic de Björk, vous ne pouvez les écouter, même en pleine canicule, sans vous empêcher de frissonner. Yves Labbé a passé sept ans en Angleterre à officier dans plusieurs groupes. Ce Rouennais s’est frotté au légendaire sens de la concision mélodique des Anglo-saxons. De retour en France, il officie comme musicien de studio et arrangeur. Aux belles heures du mouvement trip hop, il fait un malheur en parsemant de petites touches d’électro sur ses productions. Yves renoue alors avec ses premiers amours, le rock, désormais mâtiné de nouvelles technologies. Il fonde Mr. Lab !, recrute quatre musiciens et sort un premier album, And now it’s time to go en 2004. Bien qu’autoproduit, l’album réjouit tout de même 7 000 acquéreurs.

Yves Labbé a imaginé ce deuxième disque alors qu’il était bloqué dans les embouteillages parisiens. Des milliers d’hommes et de femmes englués dans les affres de la modernité, formant comme une lente procession funèbre. Avec un tel point de départ, Post Industrial Ceremony ne pouvait respirer la joie de vivre. D’entame, Lost et Why are you talking about me, donnent le ton : voix blanche, guitares tout en explosions saturées et arrangements électroniques à vous glacer le sang. Toujours grave, Mr Lab ! partage ses ambiances entre le très Pink Floyd From me ou un Gravy machine tout en tension, digne de Nine Inch Nails. Il propose également quelques pauses mélodiques comme Anyway, titre pop immédiat, un peu comme si les Beatles avaient séjourné au pôle Nord. A l’image de Garbage, Mr Lab ! sait rendre la froideur diablement attirante. On grelotte de plaisir à l’écoute de ce Post Industrial Ceremony.

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Domingo Eponyme (3rd side record/Discograph) 2008

Soy un caballo Les heures de raison (Matamore/Abeille Musique) 2008

Mr. Lab ! Post Industrial Ceremony (Jay Jay Production / Codaex France) 2008