Céline renaît à Las Vegas
"Couronnement réussi", "Flamboyant début", "Diva Las Vegas"… Le lancement en grandes pompes du show Céline Dion à Las Vegas, A New Day, a déchaîné l’enthousiasme de la presse nord-américaine.
Ce qu'en dit la presse internationale…
"Couronnement réussi", "Flamboyant début", "Diva Las Vegas"… Le lancement en grandes pompes du show Céline Dion à Las Vegas, A New Day, a déchaîné l’enthousiasme de la presse nord-américaine.
Ils sont venus, ils sont tous là. Paul Anka, Jane Seymour, Barry Manilow, Garou, Lance Bass (du groupe N ‘Sync), Luc Plamondon, David Foster, notables et stars de Vegas et bien d’autres n’auraient raté pour rien au monde la première du spectacle de Céline Dion à Las Vegas. Papa et maman Dion ont même fait le voyage depuis le Québec. Et des fans, beaucoup de fans. Annoncé depuis des mois, A New Day est un événement sans précédent dans l’histoire du show-biz américain. Pendant trois ans, "Dion se produira cinq soirs par semaine, 40 fois par an" au Colosseum de Las Vegas (4.125 places), "un Coliseum romain miniature construit juste pour elle" par la société propriétaire du Caesar’s Palace mitoyen, s’émerveille le Salt Lake Tribune.
A New Day marque le retour à la scène de Céline Dion, après trois ans d’absence. Mère de famille et épouse comblée (ah, René !), la star rechigne à présent à sillonner le monde, ses fans sont donc conviés à visiter, à leur frais, la reine en son palais. Pour le transport des fidèles, voyez un tour opérateur. Mais, entre spectacle et attraction touristique, "ça ressemble à quoi, A New Day?" s’interroge l’envoyé spécial de La Presse (Québec). "A un amalgame de danse contemporaine, de cirque, de théâtre musical, de cabaret". "Les chorégraphies de Mia Michaels, entre le Cirque du Soleil et La La La Human Steps, sont juste assez modernes pour épater les plus jeunes et pas trop pour ne pas effaroucher le public le plus âgé – nombreux, il faut bien le dire, à Las Vegas, surtout avec des billets de 87 à 200 US $", note perfidement Le Devoir.
Sur scène, 48 danseurs s’activent sous l’oeil attentif de Franco Dragone, le directeur du Cirque du Soleil, décrit par l’hebdo américain Time comme "un Belge à l’âme française"! "Le show s’ouvre sur Céline Dion sur le grand écran, seule, en smoking noir, qui chante Nature Boy de Nat King Cole. Les danseurs entrent lentement, en marchant autour d’elle. Puis, elle change de costume à la vitesse de l’éclair" ce qu’elle fera plusieurs fois d’ailleurs. C’est parti pour un "show Titanic", selon l’expression du Salt Lake Tribune, et "une vingtaine de titres en une centaine de minutes", mis en musique par le fidèle chef d’orchestre Claude Lemay. Au final, "le public n’en peut plus", rapporte le correspondant de l’Associated Press. D’ailleurs, "il n’y a pas eu de rappels".
Quelques bémols
Recordwoman des ventes de disques (155 millions d’albums), Céline Dion a épaté la galerie. "Son arsenal unique de notes constitue autant d’armes de séduction massive pouvant conquérir n’importe quel public", se hasarde le Star de Toronto. Mais "quand elle est seule sur cette vaste scène (la plus grande d’Amérique, ndlr), avec toute cette panoplie multimédia derrière elle, elle semble perdue". "Il y a tellement de choses qui se déroulent simultanément pendant le spectacle, dans les airs, sur l’écran géant et sur la grande scène inclinée, qu’il est difficile de tout attraper du premier regard", appuie La Presse. Chaque chanson a son tableau, rendant A New Day plus proche des canons de la comédie musicale typique de Las Vegas (le Cirque du Soleil y a d’ailleurs longtemps triomphé avec O) que des concerts pop.
En définitive, ironise The Star, "au moins les numéros sont maniérés, au plus ils sont efficaces". "Si le premier bloc du spectacle est sans faille, le deuxième est beaucoup plus lent". Pour sa part, La Presse conteste le choix des chansons. "Il fallait maintenir l’équilibre entre un show très Vegas (bourré de classiques de la chanson américaine) et un autre destiné aux fans inconditionnels. Le juste niveau a-t-il été atteint? Pas certain. On aurait aimé entendre plus de Céline Dion et moins de reprises", meublant la moitié du spectacle, au nombre desquelles Fever (Peggy Lee), I Wish (Stevie Wonder) ou I Drove All Night (Roy Orbison), premier single de son nouvel album, One Heart (Columbia), opportunément mis en vente le jour de la première. "Une pièce a été tirée de son album anglophone éponyme. De l’album The Colour Of My Love, paru en 1993, elle fait un morceau. Elle puise deux titres dans Falling Into You et autant de Let’s Talk About Love. Le gros du répertoire provient du disque A New Day Has Come (cinq pièces), mais la chanson titre, qui est aussi le titre du spectacle, n’a pas été retenue". Surtout, le répertoire francophone a été complètement mis de côté, une "hémiplégie culturelle" pour une chanteuse qui a toujours mis en avant sa double identité. Se désaltérant à l’ombre du cocktail géant organisé après le show, Luc Plamondon, conquis par sa compatriote pour qui il a écrit quelques succès en français (L’Amour existe encore, Des mots qui sonnent), s’est aussi montré le plus mordant sur le talon d’Achille de A New Day: "Bien sûr, on aimerait qu’elle chante une ou deux chansons en français. Mais je respecte sa décision. C’est un show pour les Américains."
A noter, à titre d’anecdote, que "après son numéro de voltige, Dion réapparaît sur scène sans ses souliers, ce qui n’était pas planifié" – une incongruité pour une diva qui possède plus de paires de chaussures qu’il n’y a de jours dans l’année.
Une affaire de gros sous
Pour les habitués de Las Vegas comme pour les professionnels de l’industrie du spectacle, ce show-marathon est un pari fou qui repose autant sur Céline Dion que sur les talents de manager et d’homme d’affaires de son René Angelil de mari. "D’abord, il y a le cachet [de Céline], un deal de 100 millions de dollars – le plus élevé de toute l’histoire du spectacle – plus la moitié des profits", analyse le quotidien britannique The Observer. "La société Park Place Entertainment, qui possède le célèbre casino Caesar’s Palace, a investi 95 millions de dollars pour construire le théâtre, le reste des investissements (150 millions) étant apporté par le groupe Concerts West/AEG", précise le journaliste de l’AFP.
Pharaonique, le théâtre comprend la plus grande loge (750m²) jamais construite pour une artiste à Las Vegas, qui pourtant en a vu d’autres. La production du spectacle a pour sa part absorbé un budget de 30 millions de dollars. "Concurrencé par les nouveaux casinos sur le Strip, (le Caesar’s Palace) espère que les fans de Céline viennent s’y vider les poches dans ses machines à sous". Une boutique centralise les produits dérivés où se distingue entre les disques, les livres et divers merchandising de pacotille à l’effigie de la star, le tout nouveau parfum Céline Dion! Selon David Anders, analyste financier chez Merrill Lynch consulté par The Observer, "en incluant un prix moyen du billet de 125 US $, le couple de fans type devra dépenser 456 US $ par soir au Caesar’s Palace pour que Park Place atteigne sa cible, en des temps où la guerre et le terrorisme troublent l’industrie du tourisme".
D’ores et déjà, 250.000 tickets ont été vendus, aux dires des organisateurs, et le show est complet jusqu’en mai. "Céline nous amènera plus d’un million de visiteurs par an", espère Mark Juliano, président du Caesar’s Palace. Conclusion du Las Vegas Sun après le premier round : "Veni, vidi, vici".