Neïmo, la conquête de l’Ouest !
Après un premier album autoproduit et d’innombrables concerts en France et à l’étranger, le plus anglophile des groupes rock parisiens vient de signer son nouveau disque, Moderne Incidental, chez un prestigieux label américain, Shangri-La Music. La récompense d’un volontarisme à toute épreuve, et un défi pour ces quatre garçons ambitieux, bien décidés à imposer leur rock énergique et racé, tendance Strokes et Bowie, des deux côtés de l’Atlantique. Rencontre.
Les débuts américains du groupe
Après un premier album autoproduit et d’innombrables concerts en France et à l’étranger, le plus anglophile des groupes rock parisiens vient de signer son nouveau disque, Moderne Incidental, chez un prestigieux label américain, Shangri-La Music. La récompense d’un volontarisme à toute épreuve, et un défi pour ces quatre garçons ambitieux, bien décidés à imposer leur rock énergique et racé, tendance Strokes et Bowie, des deux côtés de l’Atlantique. Rencontre.
Les magazines féminins nous le rappellent incessamment ces temps-ci : le rock est aussi affaire de mode. Pantalon slim, cheveux mi-longs et petit foulard au cou, Bruno, le chanteur de Neïmo, connaît visiblement ses classiques. Mais il aura fallu plus que des fripes vintage pour séduire Jeff Ayeroff. Avant de signer le groupe parisien sur son nouveau label, Shangri-La Music, cet homme fort de l’industrie du disque, fondateur de Virgin aux Etats-Unis, a tout de même lancé la carrière de Madonna et de Supertramp. De quoi rendre modeste. "Avant que l’on joue pour Jeff, j’avais en tête son tableau de chasse, des artistes que j’écoutais étant enfant, se rappelle Camille, guitariste du groupe. La pression est montée d’un coup."
De Paris à New York
L’engouement n’a pourtant rien de miraculeux. Ces anciens camarades de lycée, aujourd’hui trentenaires, ont su forcer le destin avec un esprit de conquête peu commun. Après une poignée de concerts dans des petits clubs parisiens (le Pulp, où ils sont repérés par DJ Zebra), Neïmo sort en 2005 un premier disque entièrement autoproduit, From Scratch. Leur réputation grandit, ils écument les salles parisiennes et commence à se produire en Angleterre, mais toujours pas de label preneur ici (Village Vert se manifestera plus tard). "On s’est très vite rendu compte qu’il faudrait aller voir ailleurs. La France a toujours un train de retard en matière de rock, et aucun label n’aurait pris le risque d’accompagner un groupe aux influences 100% anglo-saxonnes comme nous, déplore Camille. Les Etats-Unis nous paraissaient plus ouverts, plus accessibles."
Loin de se décourager, le groupe s’envole alors pour New York, à ses propres frais, pour entamer une mini tournée. "On est resté près d’un mois là-bas, en jouant dans les salles du Lower East Side, où tournent pas mal de groupes indés, raconte Matthieu, claviériste. Un petit buzz s’est créé autour du groupe, ce qui nous a permis d’enchaîner une quarantaine de dates à New York, puis de jouer à Los Angeles et enfin au Texas, dans un festival énorme." Pour eux, l’expérience du ‘Do it yourself’ est une révélation. "Cela nous a montré qu’avec un simple billet d’avion, ses instruments et un sac, partir jouer pendant plusieurs semaines aux Etats-Unis, quand on est un groupe français encore inconnu, c’est faisable !". A la condition, toutefois, "de ne pas imaginer gagner un centime et surtout de perdre beaucoup d’argent !". Fort des échos positifs autour des Parisiens en exil, de nouvelles tournées s’enchaînent, les emmenant à New York, Londres et Berlin. Partout, l’énergie du groupe fait recette, mais aussi "cette touche française dont nous n’avons pas conscience, qui plaît aux Anglo-saxons" selon Bruno, anglophone sans le moindre accent.
Un rock sophistiqué
Impressionné par tant de détermination, Jeff Ayeroff leur offre une production enfin à la hauteur de leurs ambitions. Ce sera Moderne Incidental, mixé avec l’aide du génial Alan Moulder (responsable, entre autres, du dernier album des Arctic Monkeys). Un disque fidèle à la "recette" Neïmo, à l’image du single Johnny Five : un rock nerveux et ultra efficace, au tempo dansant, servi par la voix agile et sensuelle de Bruno. Avec, en prime, un sens aigu de la sophistication (nappes de synthés planants et soli de guitare flamboyants), hérité des Strokes dernière génération et du Bowie le plus inventif, "période Low et surtout Scary Monsters, notre album préféré".
Pour toutes ces raisons, et pour sa maîtrise parfaite de la langue de Shakespeare, Neïmo relègue loin, très loin, ses frères d’armes de la scène rock parisienne. Bon camarade, Bruno se refuse au jeu de la comparaison et pronostique plutôt un avenir radieux au ‘Tout Paris’ rock : "Il y a une vraie solidarité entre tous les groupes de cette scène, on se sent tous appartenir à une même mouvance. Cela fait plaisir de croiser les Dodoz, les Tatianas ou Stuck in the Sound à Londres ou à New York, et de voir l’intérêt grandissant qu’ont les médias et le public pour nous, Français, là-bas". Neïmo, parrain d’une nouvelle "French Touch" rock ?
Ecoutez un extrait de
Neïmo Moderne Incidental (Shangri-La/Village Vert) 2008
En tournée en Europe et aux Etats-Unis, le 12 décembre à Paris (La Boule Noire)…