Christophe Willem, nouvelle star

Sous la carapace

Un an après sa sortie de l'émission de télévision Nouvelle Star, Christophe Willem, surnommé "la Tortue", livre son Inventaire. Sur une bande-son disco-électro-pop, son histoire se déroule, dessinée par Philippe Katerine, Zazie ou encore Bertrand Burgalat.

Ce mercredi soir devant les locaux de RTL, une poignée de fans, armés de leur seule patience, attendent leur idole. L’énorme caméra de TF1, qui filme sa journée marathonienne, indique une sortie imminente. Il arrive soudain. Une paire de lunette se pointe ; une silhouette dégingandée, un museau de "tortue" avec un sourire ensoleillé, au diapason du ciel. Dans cette course aux interviews, Chistophe Willem, "élu produit de l’année" et sacré récemment numéro un du Top Albums, serre quelque mains, distribue de généreux bonjours, avant de traverser la rue, avec flegme et bonne humeur. La journée a épuisé son staff. Lui aussi, un peu, mais l’enthousiasme règne : "J’adore communiquer", s’exclame-t-il de sa voix haut perchée, presque chantante, relayée par des mains mouvantes, papillons expressifs. "La promotion ne me dérange pas du tout. Même si  les questions se révèlent parfois routinières, j’éprouve un réel plaisir à parler de ce que je fais, à tenter de mieux expliquer ma démarche".

Un an pile après sa victoire à la Nouvelle Star, l’énorme télé crochet de M6, Christophe Willem offre au public son premier album, presque six mois après celui de Miss Dominique, l’autre finaliste. Les admirateurs de la Tortue, les médias et ses producteurs trépignaient d’impatience. "Dans un processus de télé réalité, la gestation parut longue, mais dans  un parcours classique, une seule année relève du strict minimum. Pour ce style de disque, travaillé à la loupe, faire plus court était injouable ! Et puis, je ne raisonne pas en terme de premier album. Je n’ai pas envisagé les suivants. Je me suis impliqué à 100%. Il n’y a rien d’établi. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, alors je ne veux rien regretter".

Produit de grande distribution

Un an après, donc, en clin d’œil, le chanteur livre cet Inventaire de la "boutique Christophe Willem". "Le titre le plus approprié était 'éventaire', pour symboliser l’éventail des styles musicaux qui tissent l’album. Mais ça faisait un peu 'éventé' ! Inventaire renvoie à la grande distribution dont je suis, malgré moi, devenu un produit".  Pour le réaliser, la  Tortue  s’entoure d’un époustouflant casting : Bertrand Burgalat, Philippe Katerine, Zazie, Valérie Lemercier. Loin des tractations de maisons de disques, les rencontres se sont déroulées au naturel, par l’intermédiaire de relations communes et du désir avoué de travailler ensemble. "Ce sont des personnalités que j’admire, proches de ma sensibilité" note-t-il.

L’album s’écoute donc comme une histoire qui brise la carapace, dissèque la Tortue. "L’ordre des chansons, difficile à construire, accompagne l’auditeur dans son écoute, lui indique le chemin". Chaque équipe de compositeurs s’est attachée à une facette de l’animal : celle de Bertrand Burgalat, au contraste entre le côté star et le côté posé ("Il hallucinait !" rigole Christophe), celle de Zazie, à l’aspect privé de l’artiste. Tous lui concoctent un album sur mesure, un opus qui lui colle à la peau, "complètement assumé", nourri de concertations et d’émotions. En témoigne le tube Double je qui dévoile un Christophe polymorphe, à la fois "extraverti et introverti, noir ou blanc jamais gris, presque schizophrène!".

La musique s’est, quant à elle, "élaborée en canevas autour des textes" : un univers disco-électro-pop kitsch, unifié et rendu cohérent par la voix de soprano, qui avait si bien su s’illustrer sur de la soul. "En Français, la soul n’existe pas. Je suis satisfait de cet album variété, haut en couleur. Je peux utiliser les titres de façon épurée, les orienter différemment, à contre emploi". Pour retrouver ses priorités, Christophe Willem s’est d’ailleurs sevré de musiques pendant deux mois après l’expérience Nouvelle Star : "Je suis reparti de rien".

Autodérision et lucidité

Comme carte de visite, il envoie aux médias le titre Elu produit de l’année : une façon pleine d’autodérision, "de ne pas choper la grosse tête et de conserver une lucidité sur l’aventure. Nouvelle Star reste une émission de télé réalité fabriquée de toute pièce. Je devais faire mes preuves tout autant, voire plus". Malgré l’aspect mercantile de son art, Christophe apprécie la marge de manœuvre laissée par sa maison de disques : "Je n’ai reçu aucune pressions. Elles n’auraient d’ailleurs  pas été tolérées. Si je n’aime pas, je ne fais pas. C’est une question de personnalité, mais aussi de rencontre et de chance. Avec Zazie, Bertrand Burgalat et Philippe Katerine, la marge d’erreur se réduisait ! ".

De la Nouvelle Star, la Tortue ne garde que les bons souvenirs. "Je suis comme ça. De toutes les expériences, je conserve ce qu’il y a de positif. Et puis honnêtement, il n’y avait rien de mauvais. Il suffit de tenter l’aventure avec recul. Ce n’était pas pour moi une question de vie ou de mort. Si je n’avais pas gagné, je serais retourné à la fac ! ". Lentement, mais sûrement, la Tortue continue de faire la fierté de ses profs - Marianne, Manu, Dove et André -, heureux de distinguer qu’il fait ce qu’il aime, et qu'il est parvenu à échapper au "rouleau compresseur".

Quant à la célébrité : "Tu étais anonyme, et tu deviens soudain célèbre, c’est brutal, un peu violent. Mais là encore, tout dépend de la façon dont tu le vis. Je suis entré et ressorti le même. Je vais toujours faire mes courses en tong au Carrefour du coin." Sous la carapace médiatique, se dévoile alors un garçon simple et sain, sympa, drôle et pas prise de tête, star adulée qui parle –presque- avec autant d’engouement de son barbecue entre potes, que de sa future tournée. Sans aucun doute, la Tortue a su garder les pieds sur terre.

Christophe Willem Inventaire (Vogue/Sony BMG) 2007
En tournée à partir de novembre 2007