Chroniques d'albums
COUTURE : mon prénom est CharlElie
Pour son dernier album Soudé-Soudés, CharlElie est revenu aux sources. Nouveau label, formation rapprochée et deux thèmes centraux : l'amour et le sexe. Loin de ses pérégrinations en terres étrangères, voilà un chanteur dont on avait oublié la proximité.
Depuis ses deux albums réalisés en Australie, CharlElie Couture se cherchait. Un retour à la simplicité quotidienne des petites gens avec Les Naïves, des rencontres live (Dawn Town Project) et un album concept autour de Chicago (Casque Nu). La quintessence du personnage : l'aventure comme sens de l'existence, des défis permanents et créatifs.
Avec Soudé-Soudés, CharlElie s'est laissé aller. Petite formation de musiciens (les mêmes qui le suivent depuis sa tournée au Vietnam en 1997, en Afrique, en Europe de l'Est : à la batterie Arnaud Dieterlein, à la basse Sarah Murcia et à la guitare un fidèle de toujours Alice Botté), la voix mixée en avant et des petites histoires comme il sait si bien les raconter uniquement sur des personnages et les émotions qu'ils éprouvent. Des exigences de l'adolescence ("être adulte pourquoi ?", "l'adolescence est une résistance qui prend la défense des idées contraires" au fil des morceaux) aux manques physiques amoureux (Encore, Soudés, soudés ou Entre rêve et réalité), CharlElie encore plus qu'à l'accoutumée veut partager tous les bonheurs avec nous. Le dernier morceau est éloquent : "quelquefois je voudrais rendre tout ce bonheur que j'ai en moi, partager cet amour avec toi, partager cet état d'être, qui me transporte au-delà du paraître".
E.Dumesnil
CharlElie, Soudé - Soudés (V2) 1999
SYLVAIN VANOT : (en attendant) tout brille
Plus qu'un nouvel album, cette collection de treize chansons est d'abord un tournant dans la carrière de Sylvain Vanot, celui de l'apaisement.
Constitué de versions alternatives d'anciens titres, de trois nouvelles compositions et de deux reprises insolites, "Tout brille" est pourtant loin d'être un fatras hétéroclite. Parce qu'il y a au contraire ici une belle unité, à peine troublée en bout de course par "Yannis", relecture enjouée tirée du folklore grec.
Le chant ténu de Vanot, ses mélopées plaintives et graciles s'accommodent parfaitement de la belle retenue qui caractérisent les arrangements : des guitares de soie, quelques arpèges floconneux de piano sur "Vipère", une batterie discrète et caressante, des arrangements de cordes idéals sur "Mary, ville morte".
Vanot, inlassablement, piste son rêve américain, un mirage qui n'appartient qu'à lui. Cette fois, les signes immédiats en seront d'abord cette tonalité boisée et légèrement western. La country mélancolique de Hank Williams est d'ailleurs discrètement convoquée sur la pochette. Vanot est même parti à Chicago pour louer les services du producteur ensorceleur Jim O'Rourke sur deux titres ("La vie qu'on aime" et "Trop tôt" ). Pas très loin du dernier album de Jean-Louis Murat, ces chansons évoluent dans un clair-obscur qui peut à tout instant basculer dans le tragique.
C'est un disque parfois cru sous son minimalisme de façade. Un disque de petits matins livides mais qui s'achève pourtant dans une douce et tiède sérénité. Un album parenthèse, mais épanoui, qui a rempli son office de transition. Vers des lendemains radieux ?
N.Mollé
Sylvain Vanot Tout brille (Labels) 1999
DIONYSOS : une histoire de jeunesse qui tourne à la folie extatique
Dionysos s'est formé en septembre 1993. Sevrés à l'énergie brute rock de groupes américains comme les Pixies ou Nirvana, avec un regard sur les Bordelais de Noir Désir, leurs goûts les amènent aussi à écouter les frasques bordéliques de Beck ou encore de Tom Waits. Anglo-saxons dans l'âme, leur premier album en 1996 sur le label Nova Express est un condensé intelligent de ce qui se fait de mieux. De tournée en tournée, d'espoir en révélation, 1998 s'avère être l'année de la présence incontournable. C'est à ce moment, que les portes d'un studio de San Francisco leur tendent les bras.
Et c'est ainsi que Dionysos peut devenir grand. Tout au long de quatorze titres (le dernier comporte trois morceaux différents) la folie prend forme et s'épanche dans toutes les rigoles de notre âme romantico-rock. Quelques textes français (un tiers de la production) nous emmènent dans un univers merveilleux où " la petite princesse aux seins écrasés " peut se " transformer très vite en trognon pathétique " alors que le chanteur réaffirme sans conteste qu'il " n'a jamais mangé de pyjama aussi doux ". Acoustique ou pétillant comme " la nuit est un coca cola ", le plus difficile est sans aucun doute de tenter d'oublier " la fée qui chante dans ma tête et me répète que je t'aime, que je t'aime… " car à " nager nu dans le soleil " où toutes les influences sont permises, le courant est attirant et sans espoir de retour. Un dernier morceau instrumental aura le tort d'apaiser et de remplir les rigoles de notre âme retrouvée de rocker.
E.Dumesnil
Dionysos, Haiku (Trema) 1999
Couture, Vanot et Dionysos
COUTURE : mon prénom est CharlElie
Pour son dernier album Soudé-Soudés, CharlElie est revenu aux sources. Nouveau label, formation rapprochée et deux thèmes centraux : l'amour et le sexe. Loin de ses pérégrinations en terres étrangères, voilà un chanteur dont on avait oublié la proximité.
Depuis ses deux albums réalisés en Australie, CharlElie Couture se cherchait. Un retour à la simplicité quotidienne des petites gens avec Les Naïves, des rencontres live (Dawn Town Project) et un album concept autour de Chicago (Casque Nu). La quintessence du personnage : l'aventure comme sens de l'existence, des défis permanents et créatifs.
Avec Soudé-Soudés, CharlElie s'est laissé aller. Petite formation de musiciens (les mêmes qui le suivent depuis sa tournée au Vietnam en 1997, en Afrique, en Europe de l'Est : à la batterie Arnaud Dieterlein, à la basse Sarah Murcia et à la guitare un fidèle de toujours Alice Botté), la voix mixée en avant et des petites histoires comme il sait si bien les raconter uniquement sur des personnages et les émotions qu'ils éprouvent. Des exigences de l'adolescence ("être adulte pourquoi ?", "l'adolescence est une résistance qui prend la défense des idées contraires" au fil des morceaux) aux manques physiques amoureux (Encore, Soudés, soudés ou Entre rêve et réalité), CharlElie encore plus qu'à l'accoutumée veut partager tous les bonheurs avec nous. Le dernier morceau est éloquent : "quelquefois je voudrais rendre tout ce bonheur que j'ai en moi, partager cet amour avec toi, partager cet état d'être, qui me transporte au-delà du paraître".
E.Dumesnil
CharlElie, Soudé - Soudés (V2) 1999
SYLVAIN VANOT : (en attendant) tout brille
Plus qu'un nouvel album, cette collection de treize chansons est d'abord un tournant dans la carrière de Sylvain Vanot, celui de l'apaisement.
Constitué de versions alternatives d'anciens titres, de trois nouvelles compositions et de deux reprises insolites, "Tout brille" est pourtant loin d'être un fatras hétéroclite. Parce qu'il y a au contraire ici une belle unité, à peine troublée en bout de course par "Yannis", relecture enjouée tirée du folklore grec.
Le chant ténu de Vanot, ses mélopées plaintives et graciles s'accommodent parfaitement de la belle retenue qui caractérisent les arrangements : des guitares de soie, quelques arpèges floconneux de piano sur "Vipère", une batterie discrète et caressante, des arrangements de cordes idéals sur "Mary, ville morte".
Vanot, inlassablement, piste son rêve américain, un mirage qui n'appartient qu'à lui. Cette fois, les signes immédiats en seront d'abord cette tonalité boisée et légèrement western. La country mélancolique de Hank Williams est d'ailleurs discrètement convoquée sur la pochette. Vanot est même parti à Chicago pour louer les services du producteur ensorceleur Jim O'Rourke sur deux titres ("La vie qu'on aime" et "Trop tôt" ). Pas très loin du dernier album de Jean-Louis Murat, ces chansons évoluent dans un clair-obscur qui peut à tout instant basculer dans le tragique.
C'est un disque parfois cru sous son minimalisme de façade. Un disque de petits matins livides mais qui s'achève pourtant dans une douce et tiède sérénité. Un album parenthèse, mais épanoui, qui a rempli son office de transition. Vers des lendemains radieux ?
N.Mollé
Sylvain Vanot Tout brille (Labels) 1999
DIONYSOS : une histoire de jeunesse qui tourne à la folie extatique
Dionysos s'est formé en septembre 1993. Sevrés à l'énergie brute rock de groupes américains comme les Pixies ou Nirvana, avec un regard sur les Bordelais de Noir Désir, leurs goûts les amènent aussi à écouter les frasques bordéliques de Beck ou encore de Tom Waits. Anglo-saxons dans l'âme, leur premier album en 1996 sur le label Nova Express est un condensé intelligent de ce qui se fait de mieux. De tournée en tournée, d'espoir en révélation, 1998 s'avère être l'année de la présence incontournable. C'est à ce moment, que les portes d'un studio de San Francisco leur tendent les bras.
Et c'est ainsi que Dionysos peut devenir grand. Tout au long de quatorze titres (le dernier comporte trois morceaux différents) la folie prend forme et s'épanche dans toutes les rigoles de notre âme romantico-rock. Quelques textes français (un tiers de la production) nous emmènent dans un univers merveilleux où " la petite princesse aux seins écrasés " peut se " transformer très vite en trognon pathétique " alors que le chanteur réaffirme sans conteste qu'il " n'a jamais mangé de pyjama aussi doux ". Acoustique ou pétillant comme " la nuit est un coca cola ", le plus difficile est sans aucun doute de tenter d'oublier " la fée qui chante dans ma tête et me répète que je t'aime, que je t'aime… " car à " nager nu dans le soleil " où toutes les influences sont permises, le courant est attirant et sans espoir de retour. Un dernier morceau instrumental aura le tort d'apaiser et de remplir les rigoles de notre âme retrouvée de rocker.
E.Dumesnil
Dionysos, Haiku (Trema) 1999