Le X Festival d'Indochine

Nicola Sirkis et Indochine sont cet été sur les routes mais pas seuls. Le groupe a créé son festival, le X festival, une caravane rock indépendante des grands circuits musicaux. Pari ambitieux mais l'affiche, changeante selon les dates, est assez attractive : Dolly, Mickey 3D, Aqma, MASS Hysteria, Wampas… A Namur, le 9 juillet, jour de la première, le leader d'Indochine nous racontait ce projet inédit en Europe.

Nicola Sirkis lance son festival itinérant.

Nicola Sirkis et Indochine sont cet été sur les routes mais pas seuls. Le groupe a créé son festival, le X festival, une caravane rock indépendante des grands circuits musicaux. Pari ambitieux mais l'affiche, changeante selon les dates, est assez attractive : Dolly, Mickey 3D, Aqma, MASS Hysteria, Wampas… A Namur, le 9 juillet, jour de la première, le leader d'Indochine nous racontait ce projet inédit en Europe.

RFI Musique : On sait que le festival américain itinérant Lollapalooza vous a inspiré mais qu'est-ce qui vous a fait franchir le pas ?
Nicola Sirkis :
Ça faisait deux, trois ans que l'idée me trottait dans la tête. Quand on lit la presse rock, spécialement française, on fait croire que le public rock a des ornières, n'est pas tolérant, que les gens du métal détestent le gothique, que les gens de la variété détestent la pop. Le but de notre festival c'est justement de faire connaître et faire apprécier. Je sais que notre public est très tolérant et réceptif. Un concert à Strasbourg, avec Tarmac, Dionysos, Mass Hystéria, l'an dernier m'a convaincu. C'était une très belle soirée.

X festival, d'où vient ce nom ?
C'est une sorte de challenge. Au départ, je voulais l'appeler le gang bang festival car il y a allait avoir plein de groupes, Mais le X est un hommage à la X génération qui a commencé avec Nirvana, En plus, c'est un peu sulfureux… On ne sait pas ce que c'est, c'est un peu un ovni.

Pourquoi n'avoir pas donné une tournée plus longue ?
On aurait pu en effet cette année faire le tour de tous les grands festivals, faire ce que les Anglais appellent une tournée "tiroir-caisse". Mais cela ne m'intéressait pas. A partir du moment où Bercy était complet à Paris, on a d'ailleurs été assailli de demandes de tous les gros festivals. Les mêmes qui trouvaient notre album mauvais l'an dernier, comme par hasard, le trouvent bon maintenant ! Cela m'a aussi poussé… Je préfère investir, présenter des groupes indépendants, sincères, tolérants, tout ça autour du rock.

C'est un peu fou de se mettre en danger comme ça ?
Oui et non. Si ce festival est une catastrophe financière, ce qui n'est pas prévu pour l'instant, ce n'est qu'une catastrophe financière. Ce n'est pas une catastrophe de sensibilité ou d'émotion. Si ça marche, on saura répondre à la pression comme il faudra. La routine est un peu dangereuse dans ce métier. C'est bien aussi de présenter des choses totalement différentes.

Vous sortez cependant des gros circuits commerciaux ?
C'est là où on se met en danger, effectivement. Il y a des gens qui ont assez mal réagi autour de cette idée parce qu'ils se sont sentis en concurrence. Alors que nous ne concurrençons rien. Il y a le gros circuit commercial des agents qui ont essayé de piquer des artistes, qui ont des exclusivités. Ça a été difficile à monter, certains artistes ont entendu : "Si vous allez sur le X, vous n'allez pas pouvoir jouer avec nous !". C'est du business. Moi, ce que je voulais faire c'était tout sauf du business.

Les festivals actuels vous semblent trop business ?
Les festivals deviennent tellement gros, tellement énormes. Il faut que le son soit bon pour 50.000 personnes, voire plus. Ce sont de très grosses machines. C'est presque inhumain. Les groupes sont dans leurs loges en préfabriqués, attendent leur heure de passage, leur agent vient récolter le cachet. Il faut donc vraiment avoir le coeur solide pour organiser des festivals, en général. Et on va ainsi malheureusement davantage vers des critères économiques que des critères artistiques. C'est tout à fait normal et je ne jette pas la pierre à ça. Parce que ça représente tellement d'argent d'investir un site, d'employer 300 à 500 personnes, à un moment il faut devenir comme une multinationale.

Comment avez-vous choisi les artistes ?
Je suis le programmateur, je n'ai choisi que des groupes que j'aime bien. Et surtout des groupes qui ont une sensibilité, qui ont soit eu des problèmes avec l'industrie, soit qui ont envie de se battre. Aqme, par exemple, n'est pas tout à fait le genre de musique que j'écoute. Mais j'aime beaucoup leur album.

Le X festival est prévu pour durer X années ?
C'est le début d'une aventure. Mais qui sera limitée dans le temps. Parce que je ne veux pas que ce festival dure toute la vie. Cinq ans pas plus ou moins. On verra. Peut-être tous les deux ans. C'est une expérience qu'on tente et on verra si elle est reconductible.

Vous avez un nouvel album en vue ?
On va entrer en composition pour le nouvel album. Mais on veut changer de pays, se mettre en risque et partir avec tout le groupe pour écrire. L'idée c'est d'aller habiter six mois à l'étranger dans deux capitales étrangères totalement différentes. Ce devrait normalement être Tokyo et Prague. Ça peut être une catastrophe ou quelque chose de très bien.

St Malo le 26 juillet (Fort St Père) avec Dolly, Mass Hysteria/, Scala, LTNO.
Vienne le 27 juillet (Théâtre Antique) avec Mickey 3 D, Dolly