Requiem pour Gainsbourg
Pas de rétrospective au 30e Printemps, mais des coups d’œil vers les grands aînés venus à Bourges. His Initials SG, ainsi, rendait hommage à Serge Gainsbourg, personnage majeur de la geste du Printemps (ses concerts sous grand chapiteau en 1986 et 1988, son film réalisé sur place en 1987) mais surtout influence majeure des jeunes générations de la chanson en France.
Rodolphe Burger en maître de cérémonie
Pas de rétrospective au 30e Printemps, mais des coups d’œil vers les grands aînés venus à Bourges. His Initials SG, ainsi, rendait hommage à Serge Gainsbourg, personnage majeur de la geste du Printemps (ses concerts sous grand chapiteau en 1986 et 1988, son film réalisé sur place en 1987) mais surtout influence majeure des jeunes générations de la chanson en France.
Déplacé de la Hune (900 places) où il était prévu à l’origine, au Palais d’Auron (2400 places), le spectacle a gagné en confort et en lisibilité, mais revêt peut-être des apparences d’ambition sans commune mesure avec ses intentions réelles. Disons-le tout net : il s’agit d’une création de Rodolphe Burger sur les chansons de Gainsbourg, à laquelle s’agrègent quelques personnalités dont la position par rapport au maître est variable : une égérie historique (Anna Karina), un "client" des années 80 (Alain Chamfort), un grand admirateur anglo-saxon (Mick Harvey), une admiratrice revendiquée (Keren Ann), une icône majeure de l’underground français (Daniel Darc)… Evidemment, on regrette l’absence de Miossec, excusé pour "raisons médicales".
En jouant notamment la quasi-intégralité de l’album L’Homme à la tête de chou, Burger avoue ses préférences : un Gainsbourg fasciné par l’accord du verbe érotique et d’une musique aux textures neuves. La voix plus impérieuse, plus veloutée, plus mâle que l’original, il donne au destin dramatique de la shampouineuse Marilou et de son amoureux des couleurs plus cinéphiliques, plus tranchées. Avec son groupe (basse, batterie, clavier, deux DJs), le chanteur et guitariste ne chamboule pas profondément les chansons de Gainsbourg mais les hérisse d’interventions pertinentes : les chœurs originaux de Ma Lou Marilou samplés et réinstallés à contretemps, le crescendo de guitare dans Variations sur Marilou…
Les performances des invités sont d’intérêt variable, évidemment. On se souviendra de la touchante légèreté éternelle d’Anna Karina malgré sa voix marquée par le temps dans La Noyée et Sous le soleil exactement, comme de la performance hors norme de Daniel Darc sur Juif et Dieu (en quelque sorte déreggaeïsé) et La Chanson du forçat. Les humeurs papillonnantes d’Helena Noguerra ont pu tout aussi bien séduire qu’agacer dans L’Anamour et Ce mortel ennui (avec Federico Pellegrini) ou la Décadanse (avec Alain Chamfort)…
In fine, le plus séduisant, le plus efficace et le plus audacieux des intervenants reste Rodolphe Burger, malgré un réglage un peu bancal de Requiem pour un con ou une obsession pour L’Homme à la tête de chou qui tient à l’écart de trop vastes pans de l’œuvre de Gainsbourg. On peut même espérer revoir sa création décapée de l’intention commémoratrice et de l’obligation d’accueillir des invités.
