ALABINA

Une jeune chanteuse globe-trotter croise à Paris la route d'un producteur français et signe son premier contrat discographique. Deux ans, quelques tubes ("Alabina", "Ole y ola", "Habibi de mis amores"...) et 500.000 disques vendus plus tard, Ishtar, avec son groupe Alabina, s'apprête à confirmer son succès grandissant, avec un second album, "Sahara", qui vient de sortir dans de nombreux pays.

Ishtar et les garçons

Une jeune chanteuse globe-trotter croise à Paris la route d'un producteur français et signe son premier contrat discographique. Deux ans, quelques tubes ("Alabina", "Ole y ola", "Habibi de mis amores"...) et 500.000 disques vendus plus tard, Ishtar, avec son groupe Alabina, s'apprête à confirmer son succès grandissant, avec un second album, "Sahara", qui vient de sortir dans de nombreux pays.

Dans le domaine de la culture aussi, la France est une terre d'asile. Côté musique, nombre d'artistes étrangers ont trouvé, via des maisons de disques françaises, un contrat d'enregistrement et par-là même un tremplin idéal pour une carrière internationale (Césaria Evora en est l'exemple le plus connu). Originaire d'autres soleils que la diva de la morna, Ishtar, née de mère égyptienne et de père marocain d'origine espagnole, baigne depuis l'enfance dans ce qu'on appelle aujourd'hui les "musiques du monde". Evoluant entre une grand-mère chanteuse et un père musicien, elle apprend le chant et s'initie au théâtre. A l'âge de 24 ans, Ishtar délaisse le cocon familial pour partir à la découverte du vaste monde. Après avoir traversé l'Asie et l'Australie, elle fait une halte à Paris où elle rencontre Charles Ibgui, producteur de son état. Son séjour, qui ne devait durer qu'une semaine, se prolonge depuis maintenant cinq ans.

La France découvre Alabina... et l'exporte, Ibgui la signe ensuite sur son label, Atoll Music, et lui propose une chanson, "Alabina", qu'elle avoue aujourd'hui avoir accepté par amour pour sa grand-mère, à qui elle la dédiera. Pour accompagner la belle arabo-andalouse, Charles Ibgui part à la recherche de musiciens gitans.

Après plusieurs mois d'audition, il retient le groupe Los Ninos de Sara (Les Enfants de Sara), dont les quatre membres vivent tous à Montpellier et animent fréquemment les fêtes gitanes de la région. Ensemble, ils formeront Alabina, un nom dont on ne sait jamais très bien s'il désigne le groupe ou bien son emblématique chanteuse (cf. Blondie). Sobrement intitulé "The Album", le premier opus d'Alabina sort en 1996. La chanson "Alabina" envahit progressivement les ondes et se vend comme des petits pains (plus de 150.000 ventes), comme le titre suivant, "Olé y ola", certifié single d'argent à l'instar de son prédécesseur. L'album emprunte doucement les rails du succès, et termine sa course disque d'or (près de 190.000 exemplaires vendus à ce jour). Pendant ce temps, le groupe, que certains considèrent comme un simple produit dance (à cause des arrangements des morceaux...), entame une tournée, qui sillonnera plusieurs pays, quelques scènes prestigieuses comme l'Olympia à Paris et s'offrira le luxe d'assurer la première partie de tous les concerts français de la tournée de Carlos Santana, en 1997. Ce travail de fond, qui les mènera de Los Angeles à New York en passant par Israël, l'Espagne et même l'Arménie, paie : dans la foulée, l'album commence à se vendre dans certains pays : 70 000 copies aux USA, 35 000 en Espagne, 25.000 en Italie, 20 000 en Israël...

Automne 98 : l'heure de vérité...

Le 13 octobre 1998 restera comme une date importante dans l'histoire d'Ishtar et de ses acolytes. Ce jour-là était commercialisé dans les pays francophones le nouveau disque du groupe : "Sahara". L'exercice tant redouté du deuxième album hypothèque bien des carrières... D'ici la fin de l'année, "Sahara" (rebaptisé "The Album II" dans certains territoires) sera disponible au Mexique, en Australie, au Canada, en Russie, à Hong Kong, en Israël, en Italie, au Japon, en Malaisie, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, en Espagne, en Suisse, à Taiwan, en Turquie, aux Emirats Arabes Unis, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. Les premiers indices sont encourageants : "Sahara", qui reprend la recette qui fit l'attrait de "The Album", s'est vendu à 35 000 exemplaires en France en seulement trois semaines et se classe déjà, aux USA, à la 8ème place du Top World Music du magazine "Billboard". Constamment sur scène, le groupe ne passera pas par la France avant le 6 mars, date à laquelle ils sont attendus au Palais des Congrès de Paris, dans le sillon d'une tournée nationale.

Gilles Rio

"Sahara" (Sony/Atoll)