Hocus Pocus

Plus pistolet à eau que Kalachnikov, le rap des Nantais d’Hocus Pocus n’en vise pas moins juste ce qui les dérange. 16 pièces est un album plein d’humour qui assume sa force de frappe au cœur-même de ses hésitations...

Orfèvres du hip hop, les Nantais d’Hocus Pocus cisèlent leur rap jazzy. Sur les beats d’une musique funky, ils cultivent leurs notes, sculptent leurs scratch, poussent à son paroxysme le goût du détail. Une machinerie acoustique rôdée par six musiciens, qui permet aux textes de 20Syl de s’épanouir en liberté.

Loin de coup de gueule abrupts, ou d’une "vénere attitude" qui bousculerait le monde de manière frontale, le poète attaque en douceur, manie les arabesques stylistiques pour fustiger la société... Qu’il s’interroge sur la priorité accordée à certaines informations (le 25/06, la disparition d’un certain MJ annihilait tout autre événement planétaire) ou dénonce l’abrutissement opéré par la musique commerciale (Putain de mélodie), qu’il ridiculise la société de consommation (Marc), ou attire l’attention sur les dangers d’une psychose généralisée (100 grammes de peur)..., 20Syl joue des mots comme des armes avec, pour ingrédient principal, l’humour.

Mais s’il s’en prend au Monde, il parle aussi de lui, de ce cap à passer, la trentaine ("Etre jeune pour les vieux et vieux pour les jeunes", explique-t-il dans A mi-chemin), de la difficulté à se projeter en père de famille (Papa), ou à assumer ses colères (Le majeur qui me démange)... Voici, alors, ce qui fait la force de cet opus : la tendresse et l’incertitude.

Loin de tout dogmatisme ou de vérités assénées, 20Syl soulève des questions justes, partagées à l’unanimité, idées qu’il confronte autour du mic’ au flow de ses guests (Akhenaton, Oxmo Puccino...). Autant d’hésitations qui façonnent, assurément, un album de la maturité ! 

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Hocus Pocus 16 pièces (Universal) 2010