Hushpuppies sur le grill

C’est l’exemple même du groupe qui s’est forgé à la force du poignet. Les Hushpuppies ont enquillé une centaine de dates pour faire connaître leur premier album. Toujours sous influences sixties, ils reviennent avec Silence is golden, deuxième disque beaucoup plus mélodique mais tout aussi vitaminé. Le groupe s’est plié de bonne grâce à un examen en aveugle (blind test) : six artistes à découvrir. L’occasion de parler de leurs nouvelles compositions, de la pub et de Kate Moss.

Silence is golden, deuxième album

C’est l’exemple même du groupe qui s’est forgé à la force du poignet. Les Hushpuppies ont enquillé une centaine de dates pour faire connaître leur premier album. Toujours sous influences sixties, ils reviennent avec Silence is golden, deuxième disque beaucoup plus mélodique mais tout aussi vitaminé. Le groupe s’est plié de bonne grâce à un examen en aveugle (blind test) : six artistes à découvrir. L’occasion de parler de leurs nouvelles compositions, de la pub et de Kate Moss.

Doors - 20th Century Fox

(Réponse collective et immédiate) Les doors

RFIMusique : Le clavier a beaucoup d’importance chez les Hushpuppies ?
Franck (batterie) : Ça vient de nos influences sixties. Quand on a commencé la musique, nos modèles étaient des groupes qui utilisaient beaucoup l’orgue. On adorait ça, on ne se voyait pas faire autrement. Aujourd’hui, l’influence reste mais Silence is golden n’est pas juste un revival sixties.

Wilfried (clavier) : Un clavier, ça fait la différence. En France, peu de groupes rock en ont. Moi mon boulot, c’est d’arrondir les angles, donner une ouverture harmonique. Je déteste le clavier quand il devient solo. Dans Hushpuppies, je fais un boulot de doublage, comme s’il y avait une deuxième guitare. Un des plus beaux compliments qu’on me fasse en sortant de scène, c’est de me dire : "Sur tel titre je ne t’ai pas entendu, par contre à la guitare, il avait un son énorme ! Comment il fait ?"

Pink Floyd - Shine on you crazy diamond

Guillaume (instantanément) : Pink Floyd

Cyrille
 : Ça fait partie de nos influences mais plus la période psychédélique avec Syd Barret.

Vous avez des influences françaises ?
Guillaume : Gainsbourg, mais ça tout le monde le dit, donc ça ne sert à rien. Il n’est presque plus français puisque quasiment tous les groupes anglo-saxons le citent ! Quand on a commencé, AS Dragon nous motivait énormément. On trouvait ça incroyable, c’était un vrai moteur de les voir sur scène.

Franck : Musicalement, c’était le seul groupe français à qui on avait envie de ressembler.

Dionysos - Berceuse hip hop du docteur Madeleine

(Ils sèchent, l’album est sorti deux jours plus tôt ! Ils reconnaissent le groupe à l’accent du chanteur !)

Cyrille : On est tous d’accord pour dire que Dionysos est le meilleur groupe de rock qui chante en français.

C’est aussi comme vous, un groupe de scène. D’avoir autant tourné, ça a changé votre manière de composer ?
Franck : On compose tous les 5, on a besoin d’être ensemble en studio et c’est très difficile quand tu es en tournée. Quand tu as trois jours de pause : tu arrives, tu installes le matériel et tu dois déjà repartir en laissant tes ébauches en plan.

Cyrille : C’est aussi notre richesse, le fait de passer de grandes périodes sans écrire. On s’est retrouvé au moment de composer l’album avec plein d’idées. La tournée, nous a appris à nous écouter et à jouer ensemble. S’il y a une différence dans ce deuxième album, c’est le plus grand équilibre entre nous. Mais il y a des morceaux qui trouvent leur raison d’être très longtemps après qu’on ait commencé à travailler dessus. Avec le titre Hot Shot, ça a vraiment été catastrophique. On se l’est traîné 4 ou 5 mois en disant : "On n’en veut pas, mais il y a quelque chose de bien, oui mais quoi ?" On n’a trouvé les parties qui nous plaisaient qu’au tout dernier moment.

Wilfried : Contrairement au premier album, on a essayé de composer des chansons qu’on puisse écouter et réécouter à la maison, on a cherché à faire dans la subtilité.

Bertrand Burgalat – Gris métal

Guillaume : Burgalat !

Franck : Tricatel, c’est un des premiers labels dans lequel on s’est reconnu.

Cyrille : Avec lui, nous sommes les deux pendants de la scène sixties. Nous, on est plus garage bête et méchant, lui est plus proche de l’univers de Burt Bacharach, des musiques de film. Il tend vers bien d’autres choses que notre univers à nous.

Delivery – Babyshambles

(un peu tous ensemble) Les Eagles? Scorpions ? Les Kinks ?

Cyrille : Les Babyshambles, le groupe de Pete Doherty.

(Un grand débat s’installe sur la qualité du morceau)

Cyrille : Ce qu’on essaie de dénoncer dans le single Bad taste and gold on the doors [avec comme refrain I want my Kate Moss, ex-petite amie de du rockeur anglais, ndlr], c’est tout ce qui prend le pas sur l’artistique. Pete Doherty est devenu une icône parce qu’il se droguait et sortait avec Kate Moss. Pas parce que c’était un musicien. Les tabloïds prennent le pas sur le disque, ce mec-là s’est fait bouffé.

Ce titre est annoncé comme "single digital", il n’y aura pas de sortie dans les bacs ?
Olivier (Chant) : Si un maxi est prévu avec des remixes. Ça tarde un peu, on ne les a pas tous encore. On a déjà celui de Cucumber, un copain d’Avignon, qui a fait une version plus jerk, orgue hammond à fond, c’est vraiment pas mal.  On a aussi contacté des artistes électro, ça peut nous ouvrir sur un public qui ne nous écouterait pas habituellement. C’est aussi une carte de visite pour le marché anglais, si t’arrives à avoir un remix intéressant.

The Film - Can you touch me

Guillaume (encore !) : The film.

Ce titre a servi d’illustration à une publicité comme deux morceaux de votre précédent album…

Olivier : Aujourd’hui, il y a une demande. Les publicitaires viennent vers les petits groupes de rock non connus parce que les Rolling Stones sont trop chers. Ça devient un nouveau média. La radio pour un groupe comme nous chantant en anglais, c’est inaccessible. Quand toute la France écoute notre morceau dans une pub pour un déodorant avant la Coupe du monde, même s’il n’y a pas écrit Hushpuppies dessus, les gens connaissent le morceau et c’est important.

Cyrille : C’est une des rares voies avec laquelle on peut gagner de l’argent. Je ne sais pas si le groupe existerait encore sous cette forme-là sans ça. Avec les concerts, c’est le seul moyen pour continuer.

Guillaume : ça ne veut pas dire qu’on compose pour ça. Sur le nouvel album, je me demande bien ce qui pourrait passer dans une pub…

Hushpuppies Silence is golden (Diamontraxx/Discograph) 2007