Snooze sort de l'ombre

The Man in the Shadow, ébauchait en 97 les traits de caractères de Snooze. Personnage sans prénom de la galaxie électronique, autre visage du chanteur et compositeur Dominique Dalcan, Snooze est de retour avec Goingmobile, un deuxième opus électronique d'un homme en mouvement.

Ou l'homme double

The Man in the Shadow, ébauchait en 97 les traits de caractères de Snooze. Personnage sans prénom de la galaxie électronique, autre visage du chanteur et compositeur Dominique Dalcan, Snooze est de retour avec Goingmobile, un deuxième opus électronique d'un homme en mouvement.

L'heure de l'apéro vient de sonner à Marseille, quand Snooze baigné par le soleil encore brûlant s'avance sur la terrasse de bord de mer d'un bar de la corniche phocéenne. Quelques années auparavant, lors d'une autre virée promotionnelle dans le sud de la France, le même long garçon avait déjà répondu à une série de questions dans un bistrot du centre ville. A l'époque, il s'appelait Dominique Dalcan. "Avec Dominique Dalcan, je suis devant, visible, reconnaissable, identifiable. Je chante. Avec Snooze, je ne chante pas, j'invite des gens, des amis à le faire. Pas une note sort de ma gorge, je crois qu'il est fairplay de prévenir le public." précise-t-il en expliquant cette double identité, avant de claironner en regardant le bleu infini de la mer au loin : "Snooze, c'est comme des vacances !".

Crammed discs : un label en constante mutation

C'est naturellement sous son propre nom qu'il a démarré sa discographie avec Entre l'Etoile et le Carré paru peu avant l'été 91 sur Crammed Discs, le label belge de Marc Hollander. Dominique Dalcan est licencié par BMG. "J'ai été le premier artiste de Crammed à être travaillé par une major. Depuis, mes amis belges ont pris le pli. Snooze est licencié par Island, Bebel Gilberto par Warner. Mais je reste attaché à Crammed. C'est un label en constante mutation ; un véritable indépendant. Tu peux appeler le boss et lui parler directement. Le directeur artistique n'est autre que Samy Birnbach (l'ex-Minimal Compact, plus connu aujourd'hui sous le nom de DJ Morpheus pour ses multiples compilations et ses sets éclectiques, qui parlent autant à l'âme des danseurs qu'à leurs pieds, ndlr ). C'est quelqu'un avec qui tu parles de musique et pas économie de la musique !". A la sortie de son premier album, l'hebdomadaire Télérama attribue 4 clés à ce "projet artistique ambitieux". Le magazine les Inrocks parlent, eux d'"album d'équilibriste, jonglant entre mélodie sur l'os et production raffinée.". Quant au magazine de rock Best, il évoque la qualité "des textes mélancoliques (mais pas suicidaires, Dieu merci)" et "son style en demi-teintes", avant de conclure son papier par : "son écriture nous promet de grandes choses."

Sans penser réellement à la scène, il se retrouve programmé en ouverture des TransMusicales de Rennes, la même année. En 94, il livre Cannibale, un deuxième opus toujours sous son propre nom. "J'ai besoin de temps pour travailler, de temps et de concentration." concède-t-il, tout en expliquant que son studio ne peut pas être situé dans un environnement luxuriant : "Je serai trop tenté de faire autre chose, de perdre mon temps, de me disperser."

Eclectique

En 97, Dominique Dalcan enfile les habits de Snooze. "J'avais envie d'autre chose. Ce n'est pas de la schizophrénie, juste de l'éclectisme. Pour Snooze, je travaille différemment, j'invite des gens à intervenir à partir de propositions que je leur fais. Je suis plus passeur qu'acteur. Qu'Herbert ou Norman Cook mènent des projets différents sous de multiples pseudos ne posent de problèmes à personne. La presse et le public en seraient même plutôt friands. Pourquoi n'aurais-je pas la même liberté de création ? Tout part du même endroit. Il y a même une continuité entre ces deux histoires, une même curiosité, une même façon de travailler en mêlant sons acoustiques et breakbeats des machines."

Les invités de Snooze

Cet autre univers que revendique Dominique-Snooze, cette pluralité et cette mobilité, notre Parisien la développe en invitant de nombreux musiciens comme Marcello Giuliani, le bassiste d'Erik Truffaz sur Quiet Alone et Smile with a Knife, Leona Cataldo à la flûte sur Minnesota Mantalo ou Brazilian Hat Tric. Pour les voix, Snooze n'a convié que des femmes (Nancy Danino, Deborah Brown, Nicole Graham, Juliet Elis et Charlotte Godard). "Deborah Brown est une chanteuse de jazz de 58 ans qui vit à Atlanta. Je recherchais une voix à travers laquelle on pouvait transpirer le poids d'une vie. Au départ, j'avais pensé celle androgyne de Jimmy Scott, mais il n'était pas disponible." raconte-t-il. "J'aime cet esprit collectif, cet esprit de la famille. Parmi eux, il y a des personnes avec qui je me sens très proche, que l'on retrouve sur le live comme Nancy Danino qui était déjà présente sur The Man in the Shadow."

Snooze Goingmobile (Island /Universal)