Un drôle d'Oizo
Rappelez-vous, il y a six mois, une marionnette se dandinait sur votre écran télévisé pour une marque de jeans. Flat Eric (petit personnage ou gros gant de toilette, au choix) envahissait les esprits. En moins de six mois, Quentin Dupieux alias MR OIZO ébranlait l'univers de la publicité, l'industrie du disque (+ de 2 millions de simples vendus / N°1 en Europe) et surtout l'imaginaire avec une profusion de marionnettes. Depuis le réalisateur-compositeur-musicien s'est plongé dans l'enregistrement de son premier album "Analog Worms Attack". Retour sur une personnalité.
Un premier album pour faire oublier Flat Eric
Rappelez-vous, il y a six mois, une marionnette se dandinait sur votre écran télévisé pour une marque de jeans. Flat Eric (petit personnage ou gros gant de toilette, au choix) envahissait les esprits. En moins de six mois, Quentin Dupieux alias MR OIZO ébranlait l'univers de la publicité, l'industrie du disque (+ de 2 millions de simples vendus / N°1 en Europe) et surtout l'imaginaire avec une profusion de marionnettes. Depuis le réalisateur-compositeur-musicien s'est plongé dans l'enregistrement de son premier album "Analog Worms Attack". Retour sur une personnalité.
Souvenir, souvenir
"En mars voilà les bourgeons et en avril, ne te découvre pas d'un fil". Telle pourrait être désormais la nouvelle maxime de cette célèbre entreprise de confection de jeans. Et si possible n'oublie pas F Communications. C'est ainsi qu'en avril dernier Quentin Dupieux a décroché la timbale. Son troisième maxi "Flat Beat" est rentré directement numéro un des charts en Angleterre : 440.000 exemplaires vendus en quatre jours, 1,6 million en moins d'un mois. En quelques heures, tout un univers s'ouvrait. Un journaliste anglais y a vu la réconciliation de la culture pop et art ; un samedi soir une radio française a diffusé le morceau en boucle pendant une heure d'antenne sur son réseau national.
Après le carton phénoménal et mondial "Music Sounds Better with You" de Stardust, hymne house discoïde et enlevé, une nouvelle techno vibrante et low-tech, efficace, simple montrait son nez. Même Eric Morand, fondateur du label F Communications a eu du mal à cacher sa surprise. Une opportunité intéressante aussi bien pour une maison de disques que pour un artiste.
Un inconnu dans l'ombre
Quentin Dupieux avait déjà réalisé des vidéos pour Laurent Garnier. Mais on retiendra surtout le mythe du "fils du garagiste". Car c'est en 1996 que le garagiste de Laurent Garnier lui parle de son fils, réalisateur de courts-métrages. De la rencontre naîtront les clips "Crispy bacon" et "Flasback".
Et puis les étapes défilent : un court-métrage envoyé à une agence publicitaire à Londres, puis une musique, un beat techno classique. Cette volonté d'accompagner ses propres courts-métrages "barges" le pousse à être plus qu'un simple réalisateur. Musicien dilettante, il tâte de différentes machines. Lorsque le simple "Flat Beat" s'envole dans les charts, un album commence à s'annoncer pour le mois de juin. Repoussé pour être mieux achevé, l'album ne sort qu'en septembre. Une nouvelle curiosité.
Un album de vignettes
Est-ce à dire que cet album était attendu ? Qui d'ailleurs croyait que MR OIZO était aussi un compositeur, un artiste-musicien à part entière et pas seulement un vidéaste ? Un touche-à-tout bricolant sur des machines qui d'après lui, ont plus d'une dizaine d'années, qui travaille comme "un goret", doucement, en dilettante. Surprise. Flat Eric n'est pas sur la pochette. Impossible de faire le raccord spontané. Il n'y a même pas de jaune. Aucun lavabo, ni serviette de toilette. Simple, très simple, trois petites bêtes dessinées rapidement avec un crayon sur un fond forestier. Elles vous regardent et vous demandent intimement si vous voulez vraiment être du voyage. Alors la galette se transporte doucement sur la platine…
Et c'est la stupéfaction. Impossible. C'est du hip hop. Le son est brut, lourd, pesant, rien ne vous encourage à sautiller. Au contraire, vous êtes agrippé au sol, la tête se balance gauchement et hop ! le morceau suivant démarre et hop ! de trois minutes en trois-quatre minutes, les morceaux défilent comme un nombre incalculable d'impressions. Jusqu'au quinzième morceau où Flat Eric réapparaît mais sous une forme rugueuse, non polie, directement au cerveau.
Alors il faut revenir en arrière. Le réécouter une seconde fois. Encore une fois. Revenir. Et là, qu'imaginer de mieux que des grandes vignettes qui vous sont présentées sans fioriture ? Basiquement. Dans leur splendeur brute de décoffrage. Un vocabulaire à la limite du vulgaire tellement la pauvreté est mise à nu. Bas-fonds, crade, minimale minimaliste, dissolution totale.
Emmanuel Dumesnil
MR OIZO Analog Worms Attack F Communiations