UN DVD POUR NOËL ?
C’est une réalité : le DVD fait désormais partie intégrante de l’industrie musicale. Pas un concert qui ne fasse l’objet d’une captation vidéo, même avec des moyens modestes. Pas un album enregistré sans son making of assorti. Tout est prétexte à l'enregistrement d'un DVD. Le public n'a plus que l'embarras du choix. Tour d'horizon non exhaustif des dernières sorties à l'approche des fêtes de fin d'année.
Passage en revue des dernières sorties
C’est une réalité : le DVD fait désormais partie intégrante de l’industrie musicale. Pas un concert qui ne fasse l’objet d’une captation vidéo, même avec des moyens modestes. Pas un album enregistré sans son making of assorti. Tout est prétexte à l'enregistrement d'un DVD. Le public n'a plus que l'embarras du choix. Tour d'horizon non exhaustif des dernières sorties à l'approche des fêtes de fin d'année.
Un temps négligé par les maisons de disques, le support numérique est aujourd’hui plus qu’un prolongement naturel du CD, à qui il grille régulièrement la priorité. L’homogénéisation de la qualité (généralisation du son en Dolby 5.1, tournage en caméra numérique...) et la baisse relative des prix expliquent en partie l’engouement pour la déclinaison musicale du disque versatile. D’autant que certains ne voient pas dans le DVD uniquement sa dimension marketing, mais cherchent encore à en explorer les potentialités, à donner un sens à l’image ou à proposer des bonus dignes de ce nom. En pleine saison des best of, coffrets collector et autres albums en édition spéciale, les DVD musicaux s’offrent logiquement une place de choix en tête de gondole des disquaires.
La nouvelle scène française squatte le DVD
Les figures de proue de la supposée nouvelle chanson française occupent le devant de la scène numérique avec trois titres sortis quasi simultanément : des live classiques mais enlevés pour Bénabar (Live au Grand Rex) et Sanseverino (Live au Théâtre Sébastopol), séances de rattrapage plus qu’honnêtes pour qui aurait malencontreusement séché leurs dernières tournées, et un making of grand format de son dernier album pour Delerm. Ficelé avec un soin manifeste, visuellement séduisant avec son noir et blanc léché, inventif (le journal de bord du studio, filmé à la première personne), Les Pelouses de Kensington s’avère, contre toute attente, très digeste, bien qu’a priori réservé aux fans les plus fervents. Les soixante-dix minutes de programme se regardent en effet comme un film classique, rompant avec l’habituel propos "tout promo" qui pollue le genre.
Au rayon live, on notera également les concerts de Thomas Fersen, du déjà largement salué en ces pages, Cali (l’excellent Plein de vie, dont les bonus comptent une décoiffante leçon de stage diving* administrée par le chanteur de Dionysos), et Dominique A, qui signe là son premier enregistrement en concert, relevé d’une poignée de titres inédits – démos et autres – en guise de bonus (En solo aux Bouffes du nord).
La variété en vidéo
Les gros bonnets de la variété alimentent légitimement l’actualité DVD avec plus ou moins d’originalité, décochant à l’envie double disques et titres surchargés en suppléments. Avec dans certains cas un bonheur certain, comme pour Eddy Mitchell dont le récent Frenchy Tour fait l’objet d’un soin manifeste. Plus que le live qui fait le corps du DVD, honnête dans le bon sens du terme, c’est en effet la section bonus de Frenchy Tour qui mérite tous les égards : en l’occurrence un entretien pertinent et sans connivence excessive entre Monsieur Eddy et l’ancien patron de Canal Plus, Pierre Lescure, ponctué d’images d’archives piochées dans les tiroirs de l’INA (Institut National de l'Audiovisuel) avec des extraits de concerts, scopitones vintage...
Autre adepte de la valeur ajoutée, Axelle Red livre sur French Soul, en plus d’une intégrale de clips à l’intérêt limité, un deuxième disque contenant un concert en formation réduite. Avec en guise d’assurance groove la présence des soul brothers Lester Snell et Michael Toles, deux collègues d’Isaac Hayes. Saluons également le double disque Fan de Pascal Obispo, écho fidèle à son spectacle et exemplaire en tous points, contenant des bonus en cascade. Moins généreux malgré son titre à rallonge, le Gothique flamboyant pop dancing tour de Laurent Voulzy semblera un peu sec en comparaison, avec pour seul menu le live de l’Olympia. L’écueil est néanmoins relatif, puisque le film intègre de nombreux commentaires et scènes backstage entre les chansons. Une fantaisie qu’on ne trouve pas sur le très classique Bonsoir amis, où Henri Salvador croone avec le savoir faire de rigueur, mais dans un écrin numérique sage (mise en scène sobre du concert et bonus de consommation courante).
Nostalgie numérique
Terrain de jeu privilégié du DVD, la nostalgie est le carburant de nombre de sorties, qui exhument images d’archives et concerts réputés légendaires. Derniers exemples en date, Les Adieux à l’Olympia de Brel (une demi-réussite, puisque le concert n’est pas retranscrit en intégralité. À noter néanmoins une longue interview isolée sur une des piste audio, et qui permet de mesurer la justesse d’esprit du Grand Jacques) et, dans une moindre mesure, deux titres pour Jane Birkin : un concert au Bataclan et un autre au Casino de Paris, qui se clôt sur un symbolique Je suis venu te dire que je m’en vais. Spleen gainsbourien garanti pour ce live enregistré peu après la disparition de l’homme à la tête de chou.
Déjà rompu au genre, Indochine décoche pour sa part son quatrième DVD, mais se tourne pour la première fois vers le passé via une intégrale de clips (28 vidéos au total couvrant la carrière du groupe de Nicola Sirkis), tandis que feu Téléphone frappe fort avec un double disque fourni proposant un documentaire d’une heure, des extraits de concert et le film Téléphone public réalisé par Jean-Marie Perrier, disponible jadis au format VHS. Enfin, autre formation dissoute à profiter de l’embellie du DVD, Il était une fois se rappelle aux bons souvenirs de ses fans avec un documentaire assez complet et très largement musical.
Live, docu et bonus
Parmi la pléthore d’autres titres, on relèvera notamment Rokia Traoré Live, concert fiévreux de la chanteuse malienne dans lequel s’illustre accessoirement la guitare féline de Keziah Jones, invité sur scène pour l’occasion, de même qu'Un 24 juillet 2004 aux Vieilles Charrues, dans lequel le bluesman made in France Paul Personne joue les vedettes armoricaines à Carhaix, avec en sus riffs virtuoses et voix rocailleuse. Également Ma vie mon live, portrait sensible de la rappeuse Diam’s doublé d’un concert, et Taxi Europa Tour qui feuillette le dernier album de l’Helvète errant Stephan Eicher.
Mention spéciale enfin à M (Matthieu Chedid) qui, non content d’être l’initiale la plus en vue du paysage musical français, endosse le rôle de prof de guitare en habits numériques. Réalisées par sa soeur Émilie, ses Leçons de musiques interactives décortiquent les riffs chedidiens avec force ralentis et options multi-angles sans jamais se montrer austères ou rébarbatives. Du caviar pour les M-ophiles, qu’ils soient ou non piqués à la six cordes.
À noter, parmi les sorties non testées, les DVD de Yannick Noah (Quand vous êtes là), Iam (Live aux Docks des Suds), Maurane (L’Heureux Tour), Charles Aznavour (Bon anniversaire Charles).
*Plongée du chanteur dans le public