Diam's s'éclate au Paléo Festival

Située entre Genève et Lausanne, la ville de Nyon accueille chaque année le Paléo Festival. Une programmation internationale (Jamiroquai, Johnny Clegg, Iggy & The Stooges, etc.…) qui a drainé près de 200.000 spectateurs du 20 au 25 juillet 2010. L’événement fait aussi la part belle à la scène francophone avec pour cette édition la venue exceptionnelle de la rappeuse Diam’s. L’artiste au centre des polémiques.

Balade dans la 36e édition du festival suisse

Située entre Genève et Lausanne, la ville de Nyon accueille chaque année le Paléo Festival. Une programmation internationale (Jamiroquai, Johnny Clegg, Iggy & The Stooges, etc.…) qui a drainé près de 200.000 spectateurs du 20 au 25 juillet 2010. L’événement fait aussi la part belle à la scène francophone avec pour cette édition la venue exceptionnelle de la rappeuse Diam’s. L’artiste au centre des polémiques.

Ile Maurice, Malaisie, Pérou, Ethiopie, après un premier tour d’horizon du Paléo Festival, le spectateur néophyte peut légitimement penser qu’il s’est égaré dans un congrès international de restaurateurs ! Le site fourmille d’échoppes proposant des mets exotiques de qualité : on peut même y déguster des gâteaux à base de farine d’insecte…

A l’image de sa carte gastronomique, le Paléo propose une programmation éclectique et internationale allant des Jamaïcains d’Inna de Yard, aux Anglais de Motörhead en passant par le Français Laurent Garnier. Ce vendredi 23 juillet, la foule attend de pied ferme la prestation de la rappeuse Diam’s. Les fans répètent les paroles de l’artiste. Les parents des fans affichent un sourire crispé en écoutant les mauvais esprits se déchaîner. Des mots tels que "conversion", "Islam", "niqab" ou bien pire s’échappent des conversations.

La positive attitude

21h30. Diam’s apporte ses réponses. Dans une mise en scène un rien grandiloquente, deux silhouettes en survèts simulent l’artiste et sa conscience. Elles rappellent ses récentes mésaventures, se demandent si l’artiste pourra encore monter sur scène. La musique démarre : il n’y aura pas d’autres allusions.

Casquette vissée sur un foulard blanc qui dissimule sa chevelure, vêtements amples à la limite de l’informe, Diam’s déboule, visiblement émue par la fougue et le nombre des spectateurs. Poing en l’air, I am somebody démarre. Les titres très lacrymaux de son dernier album SOS prennent ici une tournure plus énergique. L’artiste parle beaucoup entre chaque morceau. Elle présente notamment un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : Big Up, une fondation qui aide au financement d’orphelinats en Afrique francophone.

Diam’s en fait beaucoup. Elle marrie la Guerre des Etoiles et les White Stripes, s’offre un clin d’œil aux Jackson 5 et à Cabrel. C’est certainement une des raisons de son succès. Loin des canons du rap de rue, l’artiste n’a jamais eu peur de fondre un peu de variété dans sa musique. Elle termine son concert déguisée en gros lapin blanc sur le titre Peter Pan. Aussi exubérante sur scène que sombre sur album, Diam’s est une personnalité entière, qui n’évite pas l’excès. Au-delà des polémiques, l’artiste reste immanquablement bon esprit. Qui pourrait le lui reprocher ?

Pluie de hip hop au Paléo

Cette soirée du vendredi met le rap à l’honneur. 16 pièces le dernier album des Français d’Hocus Pocus est un bijou de hip hop soul. Sur la scène, le groupe transcende son propre répertoire en livrant une réinterprétation furieusement funk. Malgré la fatigue (le groupe propose son sixième concert en sept jours, la veille encore ils se produisaient aux Sables d’Olonne au bord de l’Atlantique), la formation délivre un groove implacable.

Mr Nobody est chauffé aux cuivres avec changement de rythmes jubilatoires. 20syl, voix et tête pensante du projet s’est mué en véritable maître de cérémonie. La foule se serre et exulte. Le Club Tent peine à accueillir tant d’enthousiasme. Une scène décidément habituée aux bonnes surprises puisque le lendemain, pour sa première venue en Suisse, le duo Kap Bambino a littéralement retourné le public, à base de gros sons électro et chanteuse-hurleuse-performeuse bondissante. Une prestation de 40 minutes qui fera date.

Autre moment d’émotion, mais plus calme, le chant du cygne de Sens Unik. Fondé en 1987, le groupe a longtemps été le fer de lance du hip hop en Suisse. Formation reconnue (avec notamment une apparition sur la mythique compilation inspirée du film la Haine) mais qui n’a jamais réussi a dépassé le succès d’estime. Après une séparation en 2005, Carlos Leal et sa bande s’offrent un dernier tour de chant en guise d’adieu. Beats binaires, samples old-school, des tubes comme Laisse toi aller fonctionnent à merveille.  Des moments intenses qui resteront à n'en pas douter, dans les mémoires des festivaliers.