Pat Mercoyrol met de l'huile
Pat Mercoyrol, régisseur de Sinsémilia, s’occupe de la partie immergée de l’iceberg lors des concerts ou des festivals. Son but? Que ses artistes soient sur scène dans des conditions optimales, afin qu'ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Avec lui, l’organisation laisse très peu de place à l’imprévu.
Profession : régisseur
Pat Mercoyrol, régisseur de Sinsémilia, s’occupe de la partie immergée de l’iceberg lors des concerts ou des festivals. Son but? Que ses artistes soient sur scène dans des conditions optimales, afin qu'ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Avec lui, l’organisation laisse très peu de place à l’imprévu.
En tournée, il est le premier levé et le dernier couché. Toute la journée, il veille à ce qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer la belle mécanique qui doit permettre au concert de se dérouler dans les meilleures conditions. Savoir coordonner est l’une des principales qualités que doit posséder un régisseur. Qu’il s’occupe d’un événement, comme un festival, ou d’un artiste.
Pat Mercoyrol, 33 ans, exerce ces fonctions pour le compte de Sinsémilia. Lorsque la formation grenobloise est partie sur les routes en 2005 pour promouvoir l’album Debout, les yeux ouverts, cela représentait au total vingt-six personnes, deux cars et un semi-remorque. A lui, en amont, de mettre en place la logistique : transport, hébergement, matériel technique… Demander des devis à chaque partenaire, négocier, trouver l’équilibre afin de "faire une prestation de qualité pour le moins cher possible". Et aussi : permettre au plus grand nombre d’assister au show – c’est la politique du groupe, même si elle est risquée sur le plan financier.
Respecter le planning
Après les préparatifs vient le travail sur le terrain. Sitôt arrivé dans la salle où les musiciens doivent se produire, Pat déroule son road-book de régisseur, établi avec précision : d’abord installer les artistes dans leur loges pour qu’ils posent leurs affaires, puis leur indiquer où ils peuvent se restaurer. "Une fois qu’ils sont un peu autonomes, je fais le tour des lieux avec le régisseur de l’événement, mon interlocuteur privilégié, pour qu’il me montre le plateau. Je vais déjà aller voir si tout se passe bien, faire un point avec mon ingénieur du son et ensuite, je fais décharger le matériel par les backliners."
Dans un rôle proche de celui d’un contremaître, il vérifie que son équipe est à l’œuvre et que tout se monte dans les horaires prévus. Le respect scrupuleux du planning n’est pas un détail mais presque une règle de commerce. Quelques minutes de retard en début de journée peuvent facilement se transformer en quelques heures à la fin de la soirée. Occasionnant un surcoût important car il faudra payer les heures supplémentaires du personnel employé, de la location de la salle… Au final, cela peut faire perdre de l’argent au producteur du spectacle. Si le régisseur tient les délais, avec ses techniciens comme avec ses artistes, l’organisateur sera naturellement plus enclin à travailler à nouveau avec lui.
Avec Sinsémilia, Pat assume aussi des tâches en général dévolues au manager. "Je suis relativement proche de l’artiste et je connais bien ses besoins, ses petites habitudes. Je sais à quel moment il a envie de se reposer, de dormir, de manger, où il aime faire ses interviews et, en fonction de cela, je vais gérer les demandes de la presse et des fans, par exemple". Quand il est entré au service des Grenoblois en 1998, il était alors assistant backliner, "tout en bas de l’échelle". Passionné de musique mais pas musicien, proche du groupe depuis ses débuts et en particulier de Mike, l’un des deux chanteurs, il a abandonné son métier dans la restauration pour un autre, qu’il ne connaissait pas du tout. Avec "l’intime conviction" qu’il faisait le bon choix.
Gérer l'adrénaline
Entre ces deux univers professionnels, il existe toutefois quelques analogies : avoir le sens de l’organisation, être fin prêt pour le "coup de feu", avec la montée d’adrénaline que cela implique. "On retrouve la même urgence et tout doit se passer sans accroc pour les gens qui ont payé leur place. La machinerie qui est derrière doit rester le moins visible possible. Pour deux heures de show, c’est une journée entière de travail. Un rythme que j’avais déjà dans la restauration. Tu peux bosser quinze heures par jour pendant quelque temps et après, tu récupères quand tu rentres à la maison. Il m’est arrivé de dormir du lundi au mercredi non-stop, parce que je savais que je repartais le jeudi !"
Par expérience, Pat a appris à anticiper ce qui pourrait parfois devenir un problème. Si l’un des membres de l’équipe part faire la fête après le concert alors qu'il a du mal à se réveiller le matin, Pat sait qu’il devra se lever plus tôt le lendemain pour aller taper à la porte de sa chambre. Histoire d'éviter de mettre le convoi en retard. Mais l’imprévu s’invite aussi. Dans ce cas, le régisseur fait office de tampon. Quelle que soit la gravité de la situation, il s’efforce de ne rien laisser transparaître de son stress vis-à-vis des musiciens : "Ils sont là pour jouer de la musique, le reste ne les concerne pas". A quelques heures ou quelques minutes d’un concert, il a toujours la même phrase à la bouche : "Tout va bien, ne vous inquiétez pas."