Des Trans sans strass
C’est le seul festival en France à drainer des dizaines de milliers de spectateurs en axant sa programmation principalement sur des découvertes. Les vingt-septième Transmusicales de Rennes se tiennent les 8, 9 et 10 décembre avec tout de même quelques gros noms comme les Fugees. Revue des troupes en attendant le reportage de notre équipe sur place vendredi 9 décembre.
Beaucoup de pointus, peu de connus
C’est le seul festival en France à drainer des dizaines de milliers de spectateurs en axant sa programmation principalement sur des découvertes. Les vingt-septième Transmusicales de Rennes se tiennent les 8, 9 et 10 décembre avec tout de même quelques gros noms comme les Fugees. Revue des troupes en attendant le reportage de notre équipe sur place vendredi 9 décembre.
Chaque année, les Transmusicales mettent un artiste français à l’honneur. Des grands noms comme Yann Tiersen ou des talents au public plus confidentiel tels Françoiz Breut. Cette fois, c’est au tour de Philippe Katerine d’investir le théâtre de l’Aire libre pendant quatre soirs. Habitué aux atmosphères surréalistes, il sera accompagné d’une partie des ex-Little Rabbits pour présenter son nouvel album Robots après tout. Un clin d’oeil au Human after all des Daft Punk pour un disque orienté électronique aux paroles toujours aussi délirantes. L’homme affectionne les sous pulls ringards et les prestations imprévisibles. Chaque concert débute à 21h30. Pour la fin, comme dans son titre Louxor j’adore, il faudra certainement attendre qu’il coupe le son !
Chaque soir un artiste différent ouvrira pour lui. Notamment French Cowboy & German Dudes, le projet de l’ancien chanteur des Little Rabbits mais aussi David Walters. Ce DJ travaille régulièrement avec Lhasa ou Cibelle. Le vendredi 9 décembre, il se produira seul sur scène avec sa guitare et ses pédales d’effets pour un set aux influences afro-caribéennes.
De la découverte !
Heureux ceux qui ont vu Nirvana aux Transmusicales de Rennes en 1991, juste avant leur succès interplanétaire. Peut être de futurs cadors se cachent-ils dans la programmation de cette année ? On attend beaucoup par exemple de jeunes talents français comme les Birdy Nam Nam. Ils sont quatre, Crazy B, Dj Pone, Dj Need et Little Mike. L’un a collaboré avec Alliance Ethnik, l’autre avec la Fonky Family ou les Svinkels mais tous ensembles, ils ont surtout remporté les championnats du monde DMC des DJs. Une référence aussi bien technique qu’artistique. Le principe est simple : huit mains, huit platines et des milliards de possibilités. Ils peuvent insuffler n’importe quel groove rien qu’en utilisant des vinyles. Avec un parti pris très large de l’acid jazz à l’électro, ils jouent parfois accompagnés du batteur Tony Allen ou de n’importe quel musicien motivé dans les parages.
Jackson & his computer band (ci-contre) fait frissonner le monde de la techno. Il serait celui qui ferait enfin mordre la poussière à la French Touch. Emule de Mr Oizo et d’Aphex Twin, seul français signé sur le mythique label Warp, il se produit le samedi soir en début de soirée. Les Trans ont toujours accordé une large place à la musique électronique. Cette année, la tradition est respectée notamment avec Missil, jeune Dj adepte d’une drum’n’bass remuante et également "designeuse" de l’affiche de cette année. On n’oubliera pas non plus les Montréalais Tiga et Champion, aussi bien fans de musique à guitare que d’électro.
Festival militant
La musique ne se résume pas à un support pour danser, elle sert aussi de moyen d’expression. De protestation même, pour le chanteur nigérien Abdallah Oumbadougou. Interdit pendant 10 ans dans son propre pays, il s’est entouré d’une belle palette de musiciens français pour porter son message par delà le monde. A ses côtés Amazigh Kateb de Gnawa Diffusion, Guizmo de Tryo ou encore Imhotep le Dj d’Iam. Le projet Desert Rebel sert entre autre à financer l’éducation musicale au Niger.
Dans la série engagée on retiendra aussi Boogie Balagan (ci-contre). Ils sont deux, Franco-israélien et Palestinien, pratiquent un blues rock rudimentaire mais envoûtant tout en chantant en cinq langues. Une découverte comme seule en offrent les Trans. Mais les programmateurs savent aussi attirer les grands noms. Le gros coup de cette année : la venue des Fugees. Huit ans que Lauryn Hill, Pras et Wycleef Jean n’avaient pas tourné ensemble. Autre tour de force, l’invitation faite aux Gang of Four. Ce groupe new-yorkais s’était dissous en 1983. Aujourd’hui encore, Franz Ferdinand ou Bloc Party s’inspirent de leur rock funk new wave. Un groupe mythique, toujours en forme, à (re)découvrir pour crâner ensuite devant ses amis !
Les Bars
C’est certainement le point noir du festival. Depuis deux ans, le "in" se déroule au Parc Expo, trop loin à pied du centre ville. Trop loin pour savourer en début de soirée le "off". Malgré cette séparation physique, les Bars en Trans ne baissent pas les bras. Ils fêtent même cette année leurs 20 ans. Deux décennies à programmer des découvertes, le plus souvent déjà très rôdées. Des chanceux y ont même croisé Mickey 3D, Miossec ou encore Louise Attaque. Plus qu’un simple concert au fond d’un bouge, c’est l’occasion d’apprécier de jeunes groupes dans de très bonnes conditions sonores. De la pop très calme de Tue Loup au rock féminin de Mademoiselle K en passant par les saveurs guyanaises de Prince Kolony et Energy Crew, vous trouverez très certainement une ambiance à votre goût.