Queen Etémé au Cameroun

Au centre culturel "Terre Battue" de Yaoundé, Queen Etémé fêtait son retour au Cameroun près de 20 ans après le début de sa carrière ce dimanche 6 février 2011. En tournée de promotion, pour son 3e et dernier album Amazing Encounter sorti fin 2010, la chanteuse qui vit désormais à Cotonou au Bénin a pu communier avec son public camerounais.

Retour aux sources pour la chanteuse

Au centre culturel "Terre Battue" de Yaoundé, Queen Etémé fêtait son retour au Cameroun près de 20 ans après le début de sa carrière ce dimanche 6 février 2011. En tournée de promotion, pour son 3e et dernier album Amazing Encounter sorti fin 2010, la chanteuse qui vit désormais à Cotonou au Bénin a pu communier avec son public camerounais.

Les murs de terre battue caractéristiques des habitats traditionnels du Centre du Cameroun. L’éclairage tamisé. Et même cet arbre qui traverse la scène et le toit de paille de la salle de concert. Le cadre africain et intimiste de la "Terre battue" est sans conteste de circonstance pour le retour aux sources de Queen Etémé.

Pour la première fois en vingt ans de carrière, la diva du gospel se produit sur ses terres natales. Après un premier concert au Centre culturel français le 3 février, la chanteuse a voulu des retrouvailles toute en intimité, presque en famille avec son public dans un lieu de la culture à Yaoundé, accessible à tous.

Après une première partie tout en douceur assurée par Enig, trio de jeunes artistes qui mêlent guitare acoustique, percussions et chants, Queen Etémé entre en scène. La puissante voix gospel entame une complainte très blues, Alosalo, titre extrait de son deuxième album Lafi. Elle enchaîne pêle-mêle les titres de ces trois opus confondus, passe du chant gospel dans sa forme la plus classique au jazz, à la soul en passant par des rythmes teintés de bikutsi, qu’elle accompagne volontiers de pas de danse. La chanteuse joue avec l’éclectisme de sa musique, entamant même un rap accompagné avec amusement par le public.

Le plein d'émotion

Entre deux compositions, la chanteuse très détendue retrouve l’accent du pays et fait part de son émotion de chanter ici, chez elle. "La petite fille de Nkoleton" du nom d’un quartier de Yaoundé, la capitale, annonce la célébration en 2012 de ses dix ans de carrière ici, au Cameroun. "Dix ans de haut et de bas mais 10 ans quand même !" précise-t-elle sous les applaudissements du public visiblement conquis. Que de chemin parcouru par celle qui partie en France pour des études de médecine est tombée dans le gospel par hasard, attirée par le chant d’une église un soir de déprime parisien !

Après un duo avec son complice, le chanteur camerounais Henri Okala, place à un jeune talent... Queen Etémé introduit avec fierté sa filleule Sanzy Viany. La voix rocailleuse et l’énergie communicative de la jeune femme opèrent. La salle est sous le charme. Après un duo avec sa protégée en langue Eton, culture d’origine de la chanteuse, cette dernière rejoint ensuite les chœurs pour laisser la place à sa protégée, dans un bel élan d’humilité. Sans doute son passé de choriste dix années durant auprès des plus grands, de Manu Dibango à Richard Bona, en passant par Meiway, n’y est pas étranger. Un groupe de jeunes spectatrices qui se présentent elles aussi comme chanteuses de gospel sont unanimes : Queen Etémé est une maman, un modèle, pour elles. 

Pendant deux heures, la chanteuse jongle avec les rythmes et les dialectes pour chanter la parole de Dieu. Le plaisir d’être parmi les siens est palpable : Queen Etémé interpelle quelques spectateurs de sa connaissance, lance des interjections en Eton sa langue natale et fait danser la salle. Le concert se terminera d’ailleurs avec les prestations chorégraphiques de quelques apprentis danseurs venus l’accompagner sur son dernier morceau, comme il est de coutume au Cameroun. Ces retrouvailles sont une réussite. Quelques spectateurs espèrent cette fois que la séparation durera moins longtemps. Mais Queen Etémé promet déjà de revenir dès 2012 avec un nouvel album, actuellement en préparation.

Quelques minutes avant le début de sa représentation, Queen Etémé répond à quelques questions sur son aventure africaine…

RFI Musique : En 20 ans de carrière qui vous ont conduit sur les scènes du monde entier, c’est la première fois que vous vous produisez chez vous, au Cameroun, en votre nom propre. Quel sentiment vous anime à quelques minutes de votre spectacle ?
Queen Etémé
: D’abord un sentiment de fierté parce qu’on a beau être connue ailleurs, jouer dans son pays c’est quand même bon. Pendant des années, j’ai refusé de le faire parce que vous savez que le Cameroun souffre énormément du manque de salles de spectacles. Heureusement qu’il y a des espaces culturels privés comme celui où je me produis ce soir… Mais on est obligé de faire avec…. Et peut-être que cela va déclencher quelque chose chez des partenaires, des sponsors qui voudront faire émerger d’autres artistes.

Votre 3e album Amazing Encounter sorti fin 2010 est 100% gospel, après vos deux précédents opus plus éclectiques. Marque-t-il un tournant dans votre carrière ?
Oui. C’est le premier de ma carrière que je réalise sur le sol africain (depuis le Bénin où elle vit, ndlr) avec des musiciens tous africains…. C’est une manière de prouver qu’en Afrique, il suffit de se serrer les coudes pour réaliser des choses. Pour les jeunes générations, on s’est rendu compte qu’en faisant les albums sur place, on réduisait aussi les frais de production… ça laisse plus de chance de voir émerger des artistes. C’est pour cela que je suis rentrée en Afrique pour apporter mon petit savoir-faire, ma petite expertise…

Vous allez fêter en 2012 vos dix ans de carrière solo. Quel regard portez-vous sur cette décennie écoulée ?
Il reste beaucoup à faire. Mais je me rends compte du petit parcours que j’ai fait et ça m’encourage, ça me conforte dans l’idée que j’ai bien fait de choisir l’autoproduction, la liberté. Ça me laisse une certaine souplesse notamment pour mon travail auprès des jeunes artistes. C’est très important ! Le but de tout cela, c’est que nous soyons autonomes, que nous puissions nous assumer totalement… (rires)

Sarah Sakho