5 août : rideau sur les Francos

Le festival avait commencé en douceur, il s’achève en fanfare. Retour sur une édition à la hauteur des précédentes.

Une créativité tout azimut

Le festival avait commencé en douceur, il s’achève en fanfare. Retour sur une édition à la hauteur des précédentes.

On ne connaîtra que d’ici quelques jours le bilan définitif des 19e Francofolies. Mais qu’elles aient ou non franchi la barre symbolique du million de spectateurs – ce qui n’est pas impossible au regard des foules considérables qui ont plusieurs fois noirci la vaste Place des Arts – elles garderont de toute façon leur statut de plus grand festival francophone au monde. A de très rares exceptions près (notamment pour les spectacles les plus tardifs, clairsemés), cette immense fête urbaine et populaire aura une fois de plus réussi à affoler les indicateurs de fréquentation.

D’un point de vue purement artistique, il restera de cette édition 2007 des noms emblématiques et une certitude : la musique francophone est bel et bien en train de se renouveler – mieux, de se réinventer -, des deux côtés de l’Atlantique. Pour les noms à retenir, il n’est qu’à choisir : ceux des Français Grand Corps Malade, Abd al Malik ou Calogero, qui donnaient ici leur tout premier concert sur le sol nord américain, et qui y ont fait un tabac. Ou encore ceux d’Emilie Simon et de Jeanne Cherhal ; des Québécois Ariane Moffatt, Pierre Lapointe (chargé du final avec l’orchestre du Grand Montréal), Karkwa, Avec pas d’casque ou Thomas Hellman, qui furent toujours portés par un public qui adorent les défricheurs. Et tous ceux-là le sont : parfois à peine trentenaires, ils osent dessiner avec une assurance déconcertante des univers très personnels, faisant exploser les vieux carcans qui séparaient jadis la chanson du rock, du rap, du blues, du folk ou de la musique électronique.

La nouvelle génération s’affranchit des étiquetages et fait de ses audaces sa marque de fabrique. Aux Francos de Montréal, c’est cette créativité débridée et festive qui aura le plus marqué. A lui seul, le concert en plein air de l’inventive Ariane Moffatt, devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs emballés, résume parfaitement la vigueur d’un festival qui réussit la gageure d’être à la fois pointu et populaire… Surtout quand quelques heures plus tard, dans une salle à deux pas, la grande Juliette Gréco se fait elle aussi acclamer en reprenant d’éternels classiques d’une chanson qui ne veut pas mourir.

Valérie Lehoux